En Chine, des drones pigeons pour surveiller la population
Des drones grimés en oiseaux munis de caméras et de GPS volent dans le ciel de cinq provinces chinoises dans le cadre de l'opération "Colombe".
Benjamin Hue Journaliste RTL
publié le 28/06/2018 à 12:04
Dans le ciel de certaines provinces chinoises, les drones espions ne se distinguent pas des oiseaux. Des oiseaux bioniques impossibles à repérer à l’œil nu se fondent au milieu des nuées de volatiles afin de surveiller les citoyens et citoyennes. C'est l'opération "Colombe". Dans un article publié le 24 juin, le South China Morning Post affirme qu'une trentaine d'agences gouvernementales et militaires utilisent ces drones d'un genre nouveau pour étendre le réseau de surveillance du pays.
Cinq provinces de l'Empire du milieu seraient ainsi placées sous haute surveillance. Les drones pigeons ont été déployés en Asie centrale, aux frontières avec la Mongolie, la Russie, le Kazakhstan, le Kyrgystan, le Tajikistan, l'Afghanistan, le Pakistan et l'Inde. Déjà soumis à une étroite surveillance policière, les dix millions d'habitants musulmans de la région autonome du Xinjiang seraient particulièrement ciblés en raison de leurs velléités séparatistes.
Ils n'effraient pas les vrais oiseaux
Ces pigeons mécaniques sont plus vrais que nature. Ils peuvent rester en l'air une demi-heure et voler à une vitesse de 40 km/h. Ils pèsent moins de 200 grammes et ont une envergure de 50 cm. Ils sont suffisamment silencieux pour ne pas se faire repérer par une oreille humaine au sol et les mouvements de leurs ailes sont si réalistes qu'ils sont souvent rejoints par de vrais oiseaux en vol. Bardés de capteurs, ils embarquent des caméras HD, des antennes GPS, un système de pilotage à distance et une liaison satellite pour communiquer.
La Chine expérimente des drones pigeons plus vrais que nature Crédit : South China Morning Post
Les oiseaux de fer ont été conçus à l'université politique du Nord-Ouest à Xi'an. Le programme est dirigé par des scientifiques dont les états de service renvoient vers un projet d'avions furtifs de combats développés pour l'aviation civile chinoise. Les autorités chinoises ont reconnu l'existence du programme mais minimisé son étendue. Les drones oiseaux ne sont pas encore capables de résister aux vents forts, de parcourir de longues distances et ne pèsent pas lourd en cas de collision.
"Le développement de la technologie n'en est qu'à ses débuts. Son champ d'action est limité mais la technologie a le potentiel pour être utilisé à grande échelle. Elle offre des avantages uniques pour répondre aux besoins en drones des secteurs militaires et civils", a fait savoir une scientifique travaillant sur le projet "Colombe" au South China Morning Post.
Un vaste programme de surveillance
Ce nouvel outil vient s'ajouter à l'arsenal de surveillance déployé par l'État chinois pour surveiller son milliard et demi d'habitants. La Chine a mis en place le plus grand réseau de caméras de surveillance au monde. Plus de 600 millions d'unités doivent être installées d'ici 2020. Certaines sont reliées à des dispositifs de reconnaissance faciale pour identifier rapidement les contrevenants aux normes édictées par le Parti communiste chinois.
Ces solutions viennent alimenter le système de crédit social, un programme national visant à évaluer la population selon des critères sociaux et économiques afin de pénaliser les mauvais comportements, comme fumer dans un train, ne pas payer une amende ou répandre de fausses informations sur le terrorisme. Ce dispositif aurait empêché des millions de citoyens placés sur liste noire en raison d'une note trop basse de prendre le train et l'avion. Développé depuis 2014, le crédit social doit être généralisé en 2020.