"Voyage, voyage"

Où l’on découvre une artiste qui n’est pas déçue du voyage


Paul Leroy, Les Blanchisseuses arabes dans la seguia
de Biskra, 1885, huile sur toile, 55 x 38 cm, Musée
du quai Branly - Jacques Chirac, Paris, photo :
Musée du quai Branly - Jacques Chirac
Claude Germain
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1899. La peintre Marie Caire et son époux,  également artiste, débarquent en Algérie. Le couple compte passer  l’hiver à Biskra, un lieu particulièrement apprécié par les Européens.  L’artiste ignore encore que ce séjour va bouleverser sa carrière...
Ce  n’est pas pour prendre du repos que Marie Caire a choisi Biskra. La  ville, une oasis située aux portes du Sahara, fascine de nombreux  peintres. Y aller, c’est marcher dans leurs pas.


Marie Caire, Salomé, 1896, huile sur toile, 116 x 89 cm,
Musée Gassendi, Digne-les-Bains, photo : DR

En effet, la mode est alors aux tableaux "orientalistes", où les artistes occidentaux mettent en scène leur vision fantasmée du Maghreb. Marie Caire n’échappe pas à cette tendance.
Elle a par exemple peint Salomé, une héroïne biblique collant parfaitement au cliché de la femme orientale mystérieuse et provocante.


Marie Caire, Fileuses algériennes, huile sur toile, 1900, Musée de la Vallée de l'Ubaye, Barcelonnette
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Pour Marie Caire, ce voyage à Biskra  doit lui permettre de continuer à peindre des thèmes orientaux, tout en  renouvelant ses couleurs et ses sujets. Car cette fois, elle sort un  peu des sentiers battus.
Laissant derrière elle les Salomé, l’artiste part à la rencontre des véritables habitantes de la ville…


Marie Caire, Tête de femme de Biskra,  1899, huile sur toile, 52 x 57 cm, Musée du quai Branly
- Jacques  Chirac, Paris, photo : Musée du quai Branly - Jacques Chirac Claude  Germain
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L’une d’elles en particulier attire son attention et accepte de devenir son modèle. Caire s’applique à faire son portrait fidèle, loin de la femme fatale !
Tous  les détails de la coiffure et des tatouages sont finement représentés.  Sous le pinceau de l’artiste, cette femme de Biskra regarde le  spectateur avec beaucoup de dignité et de majesté


Marie Caire, Tête de femme de Biskra, 1899,
huile sur toile, 52 x 57 cm, Musée du quai Branly -
Jacques Chirac, Paris, photo : Musée du quai
Branly - Jacques Chirac Claude Germain.
Détail de l'œuvre

Pour Marie Caire, c’est un tournant : fini le fantasme de l’Orient, place à la réalité ! Et ce changement plaît.
Le  tableau, acheté par l’État français, est considéré comme le  chef-d’œuvre de l’artiste. Voilà un voyage qui aura porté ses fruits...

Pour en savoir plus :

Cette  femme orientale, peinte avec réalisme par Marie Caire, est-elle  toujours d’actualité ? Pour le savoir, rendez-vous le 15 mars au Musée  du quai Branly - Jacques Chirac !
Une soirée entière sera consacrée à "L'Orient au féminin" avec au programme : des expositions, rencontres, concerts, performances...
Et pour les plus impatients, pas besoin d’attendre, les collections d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont accessibles toute l’année !