Rome aux petits soins pour une basilique souterraine païenne du 1er siècle
AFP, publié le mardi 10 décembre 2019
Une mystérieuse basilique païenne souterraine du milieu du Ier siècle, découverte en 1917 sous le principal chemin de fer de Rome, a bénéficié d'une nouvelle tranche de restauration dévoilée mardi à la presse.
La basilique souterraine de la Porte Majeure, monument unique en son genre selon les archéologues, ressemble à une chapelle d'une dizaine de mètres de hauteur enfouie sous terre.
A l'époque de sa construction, elle se situait au milieu de champs longés par des aqueducs romains.
Elle fut oubliée pendant près de 2000 ans avant d'être redécouverte en 1917, lorsque le sol céda sous le viaduc d'une ligne ferroviaire, mettant au jour la voûte du bâtiment, rempli de terre et ainsi bien conservé.
A neuf mètres de profondeur, d'élégants stucs blancs, aujourd'hui nettoyés au laser, révèlent des personnages féminins, des tables avec des offrandes, des animaux, des enfants qui jouent ou encore des scènes mythologiques.
Les experts y distinguent notamment une représentation de la poétesse grecque Sappho.
L'endroit bénéficie d'un plan de basilique, composé de trois nefs et d'un petit vestibule avec une ouverture au plafond, unique source de lumière des lieux. Sa fonction reste très énigmatique.
"C'était sans doute un lieu de culte ésotérique", décrit Bertrand du Vignaud, l'un des dirigeants de la Fondation suisse privée de mécénat Evergète, qui a financé la restauration d'une paroi de l'édifice.
D'autres travaux sont déjà programmés pour 2020 par l'administration des monuments historiques de Rome.
Pour Giovanna Banadini, conservatrice et restauratrice, "il y a diverses hypothèses, les experts n'étant pas d'accord".
Il pourrait s'agir d'un lieu de culte s'inspirant du courant philosophique de Pythagore ou encore un endroit où une famille vénérait des urnes funéraires.
Un historien a attribué la propriété des lieux à Tito Statilio Tauro, qui se suicida en 53 après avoir été accusé de pratiquer la magie par Agrippine, la mère de l'empereur Néron. Une hypothèse réfutée par d'autres.
102 ans après sa découverte, le lieu est accessible une fois par semaine à un groupe restreint à douze personnes, pendant vingt minutes.
Car l'endroit reste fragile, avec une température à maintenir entre 15 et 17 degrés, explique Giovanna Banadini. "L'air doit y rester ni trop sec, ni trop humide".
Après une longue visite de presse inédite mardi, des micro-organismes liés à la vapeur vont proliférer d'ici à quelques jours, prédit cette experte, qui travaille à la restauration du lieu depuis quinze ans.