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| | Les acteurs de la Révolution | |
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mimi1260 Moderateur
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| Sujet: Les acteurs de la Révolution Dim 22 Mai 2022 - 15:09 | |
| Olympe de Gouges (1748 - 1793)La cause des femmesPersonnage secondaire de la Révolution française, Olympe de Gouges a été redécouverte à la fin du XXe siècle par les mouvements féministes qui se l'ont appropriée, à juste titre d'ailleurs. Nul doute qu'elle aurait soutenu leurs combats pour l'égalité des droits entre les sexes.Représentante du Siècle des Lumières, Olympe de Gouges n'est toutefois pas isolée. D'autres femmes, en ce même XVIIIe siècle, d'Émilie du Châtelet à Élisabeth Vigée-Lebrun et Madame de Staël, ont contribué à l'émancipation de leur sexe par leurs écrits et plus encore par leurs activités.Libre de moeurs, libre de pensée Portrait de Madame Aubry, future Olympe de Gouges, (1784, aquarelle, musée Carnavalet) (7 mai 1748, Montauban - 3 novembre 1793, Paris)Née en mai 1748 dans un ménage modeste de Montauban sous le nom de Marie Gouzes, la future Pasionaria de la Révolution française, précurseur du féminisme, perd son père très jeune et est élevée chez les soeurs ursulines.À seize ans, faute de mieux, elle épouse un restaurateur de la ville, Yves Aubry, rencontré au théâtre. Deux ans plus tard, elle se retrouve veuve et mère. Elle se met sans attendre en ménage avec un entrepreneur de transports militaires, Jacques Biétrix de Rozières, qu'elle suit à Paris. Il n'y a pas d'autre moyen de survie, en effet, pour une femme de sa condition, sauf à se prostituer. Mais elle prend dès lors le mariage en horreur, y voyant le « tombeau de la confiance et de l'amour ! ».À vingt ans, tandis que le règne de Louis XV arrive sur sa fin et que Rousseau, Diderot ou encore Voltaire illuminent de leur esprit les salons de la capitale, la jeune provinciale entame une nouvelle vie, libre de toute contrainte... mais avec tout de même le soutien financier de son compagnon. Reniant ses origines quercynoises, elle prend le nom de scène Olympe de Gouges et fréquente assidûment les écrivains et intellectuels qui gravitent autour du duc d'Orléans.Quant arrive la trentaine, elle s'offre divers amants dont l'écrivain François Sébastien Mercier, auteur du Tableau de Paris, et écrit des pièces de théâtre et des romans qui fleurent bon les sentiments compassionnels à la mode. Mais son ton et ses idées ne tardent pas à mûrir...En 1785, elle publie pour le Théâtre-Français la pièce Zamore et Mirza, une violente dénonciation de l'esclavage. Elle est menacée d'embastillement mais qu'à cela ne tienne : en 1788, elle récidive avec ses Réflexions sur les hommes nègres, qui lui valent d'être accueillie par les abolitionnistes dans la Société des Amis des Noirs. En 1786, elle écrit aussi une suite au Mariage de Figaro de Beaumarchais dans laquelle elle dénonce le mariage forcé des filles et plaide pour l'émancipation féminine. Résolument d'avant-garde, elle préconise également des réformes sociales qui, pour beaucoup, n'entreront pas dans les faits avant la fin du XIXe siècle.Son activité inlassable lui vaut une notoriété appréciable et des jalousies. D'aucuns doutent qu'une faible femme puisse être à l'origine de tous ses écrits.Femme et révolutionnaireQuand survient la Révolution française, en 1789, Olympe de Gouges, déjà quadragénaire, redouble d'activité et multiplie brochures et libelles dans lesquels elle réclame avant toute chose l'égalité des droits entre tous les citoyens sans distinction de sexe, de couleur ou de revenu. Elle plaide aussi pour le droit au divorce (elle sera exaucée dès le 20 septembre 1792).Des révolutionnaires partagent ses idées, tel le philosophe Condorcet qui plaide dès 1790 pour l'émancipation des femmes. Olympe de Gouges, quant à elle, brave l'année suivante la bienséance révolutionnaire en publiant une parodie de l'auguste Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen sous l'intitulé : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, avec une dédicace à la reine Marie-Antoinette, où l'on peut lire : « La femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune » (article 10).En matière institutionnelle, Olympe s'en tient toutefois au souhait d'une monarchie constitutionnelle à l'anglaise et restera jusqu'à la mort attachée à la royauté.Sous la Convention, après la chute de celle-ci, elle milite au club des Jacobins. Elle y dénonce la peine de mort et revendique le droit de vote sans distinction de sexe... Hostile à la Terreur et proche des Girondins, elle s'oppose aux Montagnards et à leur chef, Robespierre, ce qui lui vaut d'être arrêtée le 20 juillet 1793, un mois après les chefs girondins, et condamnée à l'échafaud après deux mois de détention et un procès bâclé. « Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort ! » lance-t-elle avant que sa tête ne roule dans la sciure, le 3 novembre 1793. Club patriotique des femmes vers 1792 (gouache des frères Lesueur, musée Carnavalet, Paris)BibliographieOlympe de Gouges a fait l'objet de deux biographies récentes : Ainsi soit Olympe de Gouges (Benoîte Groult, Grasset, 2013) et Marie-Olympe de Gouges, une humaniste à la fin du XVIIIe siècle (Olivier Blanc, éditions René Viéret, 2003).Le magazine Histoire National Geographic (N°7, octobre 2013) lui a aussi consacré un bel article sous la plume de l'historien Guillaume Mazeau. | |
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| Sujet: Re: Les acteurs de la Révolution Dim 22 Mai 2022 - 15:25 | |
| Charlotte Corday (1768-1793) Portrait de Charlotte Corday réalisé pendant son procès par Jean-Jacques Hauer(musée Lambinet Versailles.13 juillet 1793 - Assassinat de MaratLe 13 juillet 1793, Charlotte Corday poignarde le tribun révolutionnaire Jean-Paul Marat dans sa baignoire où il soignait un eczéma généralisé (forme de lèpre). La meurtrière voulait mettre hors d'état de nuire le persécuteur des Girondins ; par son geste, elle va au contraire exacerber les tensions et susciter la Terreur... Marat assassiné - Jacques-Louis David ( musée du Louvre)Assassin et martyrMédecin devenu député à la Convention nationale, Marat (50 ans) s'était rendu populaire auprès des sans-culottes parisiens par ses diatribes assassines, publiées dans L'Ami du peuple.Sa meurtrière est une Normande de petite noblesse de 25 ans nourrie de lectures classiques. Il est vrai qu'elle tire fierté d'être une arrière-arrière-arrière-petite-fille du grand Corneille. Ayant noué des sympathies avec les Girondins modérés, traqués par Marat, elle voit en ce dernier le fossoyeur de son idéal de liberté.Elle espère, à l'image des héroïnes antiques, faire oeuvre utile en l'éliminant, quitte à sacrifier aussi sa jeune vie. C'est ainsi qu'elle fait le voyage de Caen à Paris en ayant laissé croire à son père qu'elle se rendait en Angleterre.Elle achète pour 40 sous un couteau au Palais-Royal, chez le marchand Badin, puis se rend au domicile du tribun, 30 rue des Cordeliers. Ayant une première fois frappée à sa porte, elle est refoulée avec fermeté par sa compagne Simone Évrard.De retour à l'hôtel de la Providence où elle est descendue, la jeune femme réclame du papier et une plume. Elle rédige une lettre : « Je viens de Caen. Votre amour pour la patrie doit vous faire désirer de connaître les complots qu'on y médite. J'attends votre réponse. ». Elle la fait porter à Marat mais n'obtenant pas de réponse, décide de retourner à son domicile.Il est déjà 20 heures quand la concierge entrouve la porte. Charlotte insiste et élève la voix. Marat, l'ayant entendue, ordonne de la laisser entrer. Il s'enquiert : « Que se passe-t-il à Caen ? » Elle lui tend une liste des députés girondins réfugiés dans la ville. « Ils ne tarderont pas à être guillotinés », répond le député. La jeune femme sort alors son couteau et le plonge sous la clavicule droite de Marat. « À moi, ma chère amie, à moi ! » gémit Marat avant d'expirer.Simone Évrard et les domestiques surviennent. Ils maîtrisent la meurtrière et la rouent de coups. Transférée sous escorte à la prison de l'Abbaye puis le lendemain à la Conciergerie, elle est traînée devant le Tribunal révolutionnaire deux jours plus tard. Elle revendique devant les juges avoir voulu tuer « une bête féroce qui dévorait tous les Français ».Mais son geste n'aura d'autre effet que d'amplifier la Terreur et lui donner une tournure officielle. Elle-même sera guillotinée le 17 juillet 1793 sur la place de la Révolution (aujourd'hui place de la Concorde), après l'entrée de la dépouille de sa victime au Panthéon. Lamartine, plus tard, la qualifiera d'« Ange de l'assassinat ».Le peintre Louis David, par ailleurs député montagnard à la Convention, laisse de l'assassinat un tableau célèbre, qui exalte l'image du tribun et gomme celle de sa jeune meurtrière. De celle-ci, on retient le portrait réalisé pendant son procès et achevé dans sa cellule à sa demande, par Jean-Jacques Hauer. | |
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| Sujet: Re: Les acteurs de la Révolution Dim 22 Mai 2022 - 17:40 | |
| Camille Desmoulins (1760 - 1794) - Le journaliste de la Révolution Camille Desmoulins par Jean-Sébastien Rouillard.Camille Desmoulins, né à Guise en Thiérache, au nord-est de la Picardie, devait rappeler plus tard ses origines, se décrivant volontiers comme « patriote picard ».Fils d'un petit magistrat, il suit de bonnes études au lycée Louis-le-Grand à Paris, où il fait la connaissance d'un autre élève : Maximilien de Robespierre.Puis, passant sa licence, il devient avocat en mars 1785. Mais peu doué pour l'art oratoire, étant bègue et timide, Camille connaît jusqu'au début de la Révolution des années de galère.D'emblée, en mai 1789, ce jeune homme ardent et junévile est enthousiasmé par l'ouverture des états généraux à Versailles.L'aventure révolutionnaireLe début de sa carrière politique date du 12 juillet 1789. Se promenant dans les jardins du Palais-Royal, apprenant le renvoi de Necker, il monte sur une table et, oubliant ses difficultés d'élocution, se met à haranguer la foule, lui donne pour signe de ralliement une feuille verte cueillie sur les arbres et lance l'idée de prendre la Bastille. Camille Desmoulins au Palais Royal - Musée Carnavalet (Paris)Après la prise de la Bastille, le jeune homme fait publier deux pamphlets qui ont un grand retentissement et le font connaître dans les milieux révolutionnaires. Le premier, La France libre, attaque surtout les corps constitués de la monarchie, la noblesse et le clergé, et conclut à l'établissement d'un gouvernement «populaire», c'est-à-dire républicain. Le second, intitulé Le discours de la Lanterne aux Parisiens, est une prosopopée brillante qui traite de nombreux sujets : l'égalité entre tous les membres du corps social, la justice que l'on doit au peuple si l'on veut éviter qu'il se la fasse lui-même, la liberté de la presse et la religion.En novembre 1789, Desmoulins lance son premier journal, un hebdomadaire, Les Révolutions de France et de Brabant. Très lu, il confirme sa notoriété et lui apporte enfin une certaine aisance financière.Ses succès lui permettent d'obtenir en décembre 1790 la main d'une jeune fille de la bourgeoisie, Lucile Duplessis-Laridon, de dix ans sa cadette, qu'il courtisait depuis plusieurs années déjà. Mariage d'amour jusqu'à la mort. Camille et Lucille Desmoulins par Louis David (musée National de Versailles)Intime d'abord de Mirabeau, Camille se rapproche ensuite de personnages plus radicaux comme Danton et Robespierre. Compromis après la fuite du roi et les événements qui la suivent (pétition et fusillade du Champ de Mars) en juillet 1791, il doit arrêter la publication de son journal et se cacher jusqu'à l'amnistie votée par la Constituante en septembre de la même année, date à laquelle cette assemblée laisse la place à l'Assemblée nationale législative.Membre du club des Cordeliers et de celui des Jacobins, Camille Desmoulins ne ralentit pas son activité et, s'il ne peut reprendre immédiatement son métier de journaliste, il fait paraître plusieurs textes qui entretiennent sa popularité. Le jeune révolutionnaire, suivant en cela Robespierre, tente de s'opposer à la déclaration de guerre, se fâchant à cette occasion avec Brissot et les Girondins.Après la chute de la monarchie, le 10 août 1792, Camille est nommé secrétaire général du département de la justice, chargé de la garde des sceaux, dans le ministère de son ami Danton, au sein du gouvernement provisoire (Comité exécutif provisoire). Il ne peut s'opposer aux massacres de septembre.Élu à la nouvelle assemblée, la Convention, comme député de Paris, il siège dans les rangs de la Montagne et vote la mort du roi en janvier 1793. Fidèle à Robespierre, il participe à la chute de la Gironde, en particulier en faisant paraître un pamphlet redoutable intitulé Histoire des Brissotins (mai 1793), véritable brûlot lancé contre les Girondins.Cependant, choqué par la condamnation à mort de Brissot et de ses amis, qu'il n'avait pas souhaitée, et par les excès de la déchristianisation menée par le parti du journaliste Hébert qui prône en plus une accentuation de la Terreur, Camille Desmoulins n'adhére pas à celle-ci.Il fait paraître à partir de décembre 1793 son dernier journal et son chef d'œuvre : Le Vieux Cordelier, qui n'aura que sept numéros (le dernier sera posthume). Par cet intermédiaire, il s'oppose à la Terreur et réclame la liberté complète de la presse. Il se fait ainsi le porte-parole des Indulgents (Danton et ses proches) et attaque le Comité de salut public, dont une des têtes est Robespierre. Celui-ci ne peut le défendre et Camille est entraîné par la chute de sa faction et guillotiné avec Danton le 5 avril 1794 (16 germinal an II).Son épouse Lucile (23 ans) est exécutée huit jours après lui sous l'accusation d'avoir conspiré avec l'étranger en vue de le délivrer.ÉpilogueQue reste-t-il de nos jours de Camille Desmoulins, à part le nom d'une rue dans une douzaine de villes ? Apparemment peu de choses. Et pourtant, les problèmes qu'il a traités et commentés, la morale pour laquelle il a combattu et est mort, restent toujours d'actualité ; ces problèmes, cette morale, ce sont ceux de la liberté et des Droits de l'homme.Les rapports souvent conflictuels des journalistes et du pouvoir, la liberté de la presse en particulier, sont toujours de nos jours des sujets de discussion. Et même s'ils sont moins aigus chez nous, n'oublions pas que la moitié du monde est encore privée de cette liberté fondamentale, celle de pouvoir écrire et publier ce que l'on pense. À cet égard, l'histoire de Camille Desmoulins, journaliste de la liberté, reste exemplaire.Gérard BonnMédecin retraité, je vis en Bretagne. Membre de l'association Camille Desmoulins, je me suis toujours passionné pour la Révolution française, par goût et par tradition familiale. | |
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| Sujet: Re: Les acteurs de la Révolution Dim 22 Mai 2022 - 17:54 | |
| Georges Danton (1759 - 1794) - Le sauveur de la Révolution Georges Danton (26 octobre 1759, Arcis-sur-Aube ; 5 avril 1794, Paris) (musée Carnavalet, Paris)Fils d'un procureur d'Arcis-sur-Aube, en Champagne, Danton devient avocat en 1787 avant de se rallier avec passion au mouvement révolutionnaire. Sa laideur et sa vigueur, sa vénalité aussi, le font surnommer le « Mirabeau de la canaille ».En avril 1790, il fonde dans l'ancien couvent des Cordeliers, à Paris, la « Société des amis des Droits de l'Homme et du citoyen », plus connue sous le nom de Club des Cordeliers. Après que le roi Louis XVI a tenté de fuir à l'étranger, en juin 1791, Danton demande en vain qu'il soit déposé. Menacé d'arrestation après la fusillade de manifestants républicains sur le Champ-de-Mars, le 17 juillet 1791, il doit s'enfuir quelques mois en Angleterre.Le tribun du peupleC'est à l'été 1792 que Danton se révèle. L'Assemblée législative est réduite à l'impuissance par les menées séditieuses de la Commune insurrectionnelle de Paris... Le pays est menacé d'invasion par les Prussiens et les Autrichiens. Le 21 juillet, un décret proclame « la Patrie en danger ».Mais le 10 août 1792, la monarchie est renversée et l'Assemblée législative décide de se saborder et de laisser la place à une nouvelle assemblée constituante, la Convention. Entre temps, elle fait entrer Danton au Conseil exécutif (le gouvernement), au poste de ministre de la Justice.Longwy capitule devant les Prussiens le 23 août. La Révolution semble perdue. Le 2 septembre, à Paris, mûs par le désespoir et la haine, des émeutiers commencent à massacrer des malheureux en attente de jugement dans les prisons...Mais le même jour, à la tribune de l'Assemblée, Danton galvanise les énergies et lance : « Tout s'émeut, tout s'ébranle, tout brûle de combattre. Une partie du peuple va se porter aux frontières, une autre va creuser des retranchements et la troisième, avec des piques, défendra l'intérieur des villes (...). Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne ou de remettre ses armes soit puni de mort (...). Le tocsin qu'on va sonner n'est point un signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France est sauvée ».Ce discours (et plus encore peut-être les arrangements secrets de Danton avec le duc de Brunswick, commandant en chef de l'armée ennemie) vont être à l'origine du sursaut de Valmy. Par cette victoire inespérée, la Révolution sera sauvée.Sur sa lancée, après la victoire de Jemmapes, Danton inaugure à la tribune de l'Assemblée le dogme des « frontières naturelles », à l'origine de guerres incessantes.Vers un Comité de salut publicLe dimanche 10 mars 1793, pour faire face au retour offensif des armées coalisées, la Convention vote la levée en masse de 300 000 hommes. Sur le soir, comme le président s'apprête à lever la séance, Danton intervient et réclame des mesures contre les contre-révolutionnaires et les ennemis de la liberté. Des voix s'élèvent et évoquent le spectre des massacres de septembre 1792 et des exécutions sommaires. Alors, le tribun s'exclame : « Soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être ! ». Dans la foulée, il fait voter la création d'un Tribunal criminel extraordinaire, qui deviendra plus tard, sous le nom de Tribunal révolutionnaire, l'outil de la Terreur.NB : il en fera les frais quelques mois plus tard !Le 6 avril 1793, l'assemblée de la Convention crée le Comité de salut public à l'initiative de Danton. Il s'agit de sauver la France et la Révolution des périls intérieurs et extérieurs. Danton lui-même préside le Comité. Mais enrichi par la corruption et remarié le 13 juin 1793 avec une jeunette de 17 ans, Sébastienne Gély, il aspire à jouir de la vie dans sa retraite d'Arcis-sur-Aube et prend du recul par rapport à la Révolution.Le 10 juillet 1793, il est évincé de la présidence du Comité, où fait son entrée Robespierre, un rival aussi austère que lui-même est jouisseur.Un mois plus tard, le 13 août 1793, à la tribune de la Convention, Danton, toujours en avance d'une idée, n'en lance pas moins le projet d'une instruction publique, gratuite et obligatoire : « Quand vous semez dans le vaste champ de la République, vous ne devez pas compter le prix de la semence ! Après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple ! ».Fin 1793, Danton aspire à clore le processus révolutionnaire et mettre un terme à la Terreur d'autant que les périls extérieurs et intérieurs semblent écartés. Il mène campagne en ce sens avec ses amis, dont Camille Desmoulins, rédacteur du Vieux Cordelier. À la tribune de la Convention, il lance le 26 novembre 1793 : « Il est un terme à tout. Je demande qu'on pose la barrière ». Quelques jours plus tard, il a cette autre belle formule : « Rappelons que si c'est avec la pique que l'on renverse, c'est avec le compas de la raison et du génie qu'on peut élever et consolider l'édifice de la Société ».Mais les Jacobins, unis autour de Robespierre et maîtres du Comité de salut public, ne l'entendent pas ainsi. Ils dénoncent les dantonistes, surnommés avec mépris les « Indulgents » et les font arrêter le 30 mars 1794. Danton, auquel on conseille de fuir, répond avec panache : « On n'emporte pas la patrie à la semelle de ses souliers ». Il se défend avec énergie devant le Tribunal révolutionnaire le 2 avril. Il n'en est pas moins guillotiné le 17 Germinal An II (5 avril 1794). | |
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| Sujet: Re: Les acteurs de la Révolution Dim 22 Mai 2022 - 17:59 | |
| Saint-Just (1767 - 1794) - L'Ange de la TerreurFils d'un capitaine bourguignon, Louis Antoine Saint-Just étudie et écrit des vers à l'heure où la Bastille est prise...S'enthousiasmant pour la Révolution et pour Robespierre, il doit attendre la chute de la monarchie, en 1792, pour être élu député de l'Aisne. Il lui reste alors moins de deux ans à vivre.Le 30 mai 1793, il entre au Comité de Salut Public, un gouvernement d'exception sous la présidence de Robespierre. D'un fanatisme démesuré, il dénonce les députés girondins suspects de mollesse et prône la Terreur comme moyen de sauver la Révolution.Il fait voter la loi des suspects qui permet d'arrêter ceux qui « n'ayant rien fait contre la Liberté, n'ont rien fait pour elle ». Il proclame froidement : « Ce qui constitue une République, c'est la destruction totale de ce qui lui est opposé ». Louis Antoine de Saint-Just ( 25 août 1767, Decize, Nivernais ; 10 thermidor an II ou 28 juillet 1794, Paris), par Pierre-Paul Prud'hon (musée des Beaux-Arts de Lyon)Le 3 mars 1794 (13 ventôse An II selon le calendrier révolutionnaire), il monte à la tribune de l'Assemblée et propose au nom du Comité de Salut Public un décret en vue de recenser les indigents et de leur attribuer les biens enlevés aux contre-révolutionnaires.Il fait valoir que cette mesure constituera une excellent propagande à l'étranger. C'est ainsi qu'il lance aux députés de la Convention : « On trompe les peuples de l'Europe sur ce qui se passe chez nous. On travestit vos discussions. On ne travestit point les lois fortes ; elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l'éclair inextinguible. Que l'Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux, ni un oppresseur sur le territoire français; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu'il y propage l'amour des vertus et le bonheur ! le bonheur est une idée neuve en Europe »...Énergique, Saint-Just va donner toute sa mesure aux armées où il rétablit la discipline et assure les approvisionnements par des réquisitions forcées et des sanctions en tous genres. Ainsi sauve-t-il la Révolution avec la victoire de Fleurus le 26 juin 1794...Un mois plus tard, il sera arrêté et guillotiné ainsi que Robespierre et quelques autres. | |
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| Sujet: Re: Les acteurs de la Révolution Dim 22 Mai 2022 - 18:10 | |
| Robespierre (1758 - 1794) - L'IncorruptibleLe 31 mars 1790, Maximilien de Robespierre est élu président du Club des Jacobins. C'est ainsi que le futur « dictateur » sort de l'anonymat des 1139 députés de l'Assemblée Constituante.Sous la Convention, après la chute de la royauté, il va donner toute sa mesure comme chef de file de la Montagne (la gauche républicaine) et président du Comité de Salut public (le gouvernement révolutionnaire). Sa carrière sera brève et fulgurante, sujette à maintes controverses encore brûlantes...Un jeune homme solitaire Maximilien de Robespierre (Paris, musée Carnavalet)Le jeune avocat d'Arras (31 ans) a eu jusque-là une vie très effacée.Fils d'un avocat d'Arras, qui appartient à la petite noblesse de robe, il a perdu très tôt ses parents et a été élevé par son grand-père maternel, un brasseur d'Arras, prospère et pieux.Après ses études, il devient avocat comme l'était son père et vivote à Arras avec sa soeur Charlotte.Séduit par les écrits sentimentaux de Rousseau, introverti, studieux, il ne fréquente pas de femme et n'a guère d'amis. Il n'en est pas moins élégant jusqu'à la manie.C'est alors que surviennent les élections aux états généraux, en 1789.Sa vie bascule...Un orateur passionnéÉlu député du tiers état d'Arras, Robespierre se montre discret à l'assemblée mais assidu à un café de Versailles fréquenté par des députés bretons et auquel on donnera le nom de club breton.À l'automne 1789, le roi et l'Assemblée se transportent à Paris. Le club breton s'installe de son côté dans le couvent désaffecté des Jacobins.Tandis qu'à la tribune de l'Assemblée, Robespierre suscite des ricanements avec sa voix éraillée et son emphase, il va donner toute sa mesure au club des Jacobins. Ce haut lieu de l'agitation révolutionnaire est fréquenté par les députés comme par les artisans de la ville, les « sans-culottes ».Son détachement des plaisirs terrestres refroidit les opposants et lui vaut le qualificatif d'« incorruptible défenseur du peuple ».Après la chute de la monarchie, Robespierre est à nouveau élu député et entre à la Convention le 20 septembre 1792. Il se hisse d'emblée parmi les chefs de file de la « Montagne » et organise l'élimination de la Gironde, un parti coupable de s'opposer à la Terreur. Ses chefs sont proscrits le 31 mai 1793.L'« Incorruptible » va personnifier la Révolution à partir de son entrée le 27 juillet 1793 au Comité de Salut Public (le gouvernement révolutionnaire), dont il va devenir le président sans en avoir le titre.Dans un célèbre discours du 5 février 1794, il en appelle à la terreur pour sauver la Révolution menacée de l'intérieur comme de l'extérieur et lui donne une justification inattendue : « La terreur n'est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier qu'une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux plus pressants besoins de la patrie ».Dictateur de fait après l'exécution de son principal rival Georges Danton, le 5 avril 1794, il relance donc la terreur et même la Grande Terreur comme il s'y est engagé. Il tente même d'imposer l'éphémère culte de l'Être suprême en remplacement du christianisme.Gagnés par la lassitude et la peur, rassurés par les victoires des armées françaises sur le front, les députés de la Convention finissent par s'insurger et décrètent l'arrestation de Robespierre et de ses proches le 9 thermidor An II (27 juillet 1794). L'« Incorruptible » est guillotiné le lendemain.NB : Il est révéré par certains hommes politiques actuels , il y a de quoi être inquiet ! | |
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