30 000 fugues chaque année en France
Où sont passées Camille et Geneviève ? On l'ignore.
La fugue est un phénomène fréquent à l'adolescence. On estime que 30 000 enfants s'enfuient, chaque année en France. Et dans 80 % des cas, ils retournent d'eux-mêmes chez leurs parents dans les 48 heures. Le fugueur est en majorité… une fugueuse : un tiers des disparitions sont le fait des garçons et deux tiers des filles. L'âge privilégié se situe entre 14 et 16 ans, mais l'on peut voir des échappées beaucoup plus précoces. On a remarqué que ces actes étaient plus fréquents à l'automne et au printemps, ce qui correspond aussi aux saisons où les dépressions sont plus fréquentes.
Les raisons d'une fugue ou d'un départ sont nombreuses. Et cet acte n'est jamais anodin. Il peut intervenir aussi bien dans des familles «sans problème» que dans des foyers où les choses sont compliquées.
Ainsi, certaines fugues sont tout simplement motivées par l'envie de vouloir échapper à des maltraitances, voire des abus. C'est une manière d'attirer l'attention.
Les fugues à répétition sont le signe que quelque chose cloche dans la famille. Les services sociaux, le juge des enfants peuvent lancer des mesures éducatives, voire, dans les cas les plus préoccupants, un placement en foyer si on se rend compte qu'il y a danger.
Mais pour tous les enfants, le passage à l'adolescence est une charnière extrêmement délicate, où ils ressentent souvent le sentiment d'être incompris, rejetés, même dans des familles qui peuvent être très aimantes et très attentionnées. A un moment donné, le dialogue s'est rompu, et le sentiment d'incompréhension s'est installé. La fugue est alors le dernier moyen pour l'enfant d'exprimer son désarroi.
Chez les post-adolescents, notamment chez les filles, on est souvent confronté à la fugue amoureuse. La jeune fille souhaite vivre librement une liaison, alors que ses parents s'y opposent, ou parce qu'elle croit que ses parents s'y opposent.
C'est alors le moyen de poser un acte qui nécessitera, le moment venu, un dialogue, une négociation dans la famille.
L'immense majorité des fugues se termine vite et bien. Hélas !, certaines, si elles se prolongent, peuvent avoir une issue tragique. Car adolescents ou jeunes adultes se retrouvent seuls et souvent sans les moyens de se défendre face à des adultes mal intentionnés. Prédateurs sexuels ou criminels, c'est heureusement assez rare. Mais la fugue peut déboucher sur la dérive : gangs urbains, groupes de SDF, «punks à chiens», voire mouvements sectaires, peuvent servir de «deuxième famille» à des gosses déboussolés . Drogue, alcool, endoctrinement, déscolarisation, désocialisation… et la fugue d'ado devient le début d'une errance d'adulte. D. D.
Source pour lire la suite http://www.ladepeche.fr/article/2012/12/27/1523966-disparition-de-camille-et-genevieve-le-cri-du-c-ur-du-pere.html