Le second des deux mois ajoutés par le roi Numa au calendrier
des Romains fut consacré à Neptune, parce que les pluies, à Rome, étaient très
abondantes à cette époque de l'année. Il faut remarquer que, dans le calendrier
républicain, février correspond à pluviôse, mois des pluies. On représente ce
mois sous la figure « d'une femme vêtue de bleu, la tunique relevée par
une ceinture, tenant en ses mains un canard, ayant près d'elle une urne qui
verse de l'eau en abondance et à ses pieds un héron et un poisson. » Tous
ces symboles indiquent le temps des pluies.
| Neptune, fils de Saturne et de Rhéa, par conséquent frère de Jupiter, est le roi des mers. On le représente « debout sur un char en forme de conque et traîné par quatre chevaux marins. Il tient à la main un trident. » Les Grecs adoraient Neptune sous le nom de Poseidon. Neptune disputait à Apollon l'honneur de gouverner la ville de Corinthe. Les deux rivaux demandèrent au géant Briarée, fils d'Uranus, de décider entre eux. Neptune eut l'isthme de Corinthe ; le promontoire fut donné à Apollon.
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Tous les trois ans, à Corinthe, on célébrait en l'honneur de
Neptune les jeux Isthmiques. Des concours de musique et de poésie venaient
s'ajouter aux luttes du corps ; le vainqueur recevait une couronne de branches
de pin. Ce fut pendant la célébration d'une de ces fêtes, l'an 196 avant
Jésus-Christ, que le consul Flaminius proclama, au milieu d'une immense
assemblée, l'indépendance de la Grèce. A Rome, les fêtes données en l'honneur du
dieu des mers, les Neptunales, étaient célébrées avec solennité le 23 juillet de
chaque année. Des temples célèbres étaient consacrés à Neptune. On immolait à ce
dieu un cheval et un boeuf et les devins lui offraient le fiel des victimes.
Le mois qui nous occupe ne porta pas le nom du dieu auquel il
était consacré. Numa l'appela
februarius, du mot latin
februare,
qui signifie purifier. A cette époque de l'année avaient lieu, en effet, des
fêtes publiques expiatoires appelées
Fébruales. Ces fêtes, qui
commençaient le 1er février et qui duraient huit jours, avaient été instituées
en l'honneur des morts. En signe de deuil, les magistrats ne portaient que la
toge blanche des simples particuliers, au lieu la toge blanche ornée d'une bande
de pourpre qu'ils revêtaient d'ordinaire et qu'on appelait la toge prétexte. Des
sacrifices étaient faits aux dieux infernaux en l'honneur des morts qu'en
voulait honorer. Pendant la durée des fêtes, il n'était permis à personne de se
marier.
Le 15 février on célébrait les
Lupercales, fondées,
dit-on, par Romulus et Rémus en l'honneur de la louve (en latin
lupa) qui
les avait nourris. Des pontifes appelés luperques sacrifiaient aux dieux, durant
ces fêtes, des chèvres et de jeunes chiens, et avec des lanières de la peau des
chèvres ils fustigeaient les passants.
Les luperques, presque nus, frottés d'huile, se rendaient dans une grotte située au pied du mont Palatin et qui avait, dit-on, servi de tanière à la louve qui allaitait Romulus. C'est dans cette grotte, qu'on appelait luperccal, que les sacrifices avaient lieu ; le couteau teint du sang des victimes était essuyé avec un morceau de laine qui avait été trempé dans du lait. Quelques auteurs pensent que les Lupercales avaient lieu en l'honneur du dieu Pan, dont le nom grec lycoeus est dérivé de lycos, lupus. Si cette explication est la bonne, on comprend mieux la nature des sacrifices que les luperques offraient aux dieux. Pan, fils de Jupiter et de la nymphe Callisto, n'a-t-il pas des jambes et des pieds de chèvre ? Et n'est-il pas, comme le chien, le gardien des troupeaux ? D'ailleurs les luperques étaient les sacrificateurs ou, comme l'on disait, les flamines du dieu Pan. Ils formaient deux collèges : les Quintiens et les Flabiens.
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On célébrait encore, le 23 février, les
Terminales,
c'est-à-dire les fêtes données en l'honneur du dieu Terme, protecteur des
limites. On représentait le dieu Terme tantôt sous la forme d'un bloc de pierre
brut, tantôt sous la forme d'un pilier à tête humaine. On raconte que lorsque
Tarquin le Superbe voulut bâtir un temple à Jupiter, les ouvriers ne parvinrent
pas à enlever les statues de Terme et de la Jeunesse qui étaient sur
l'emplacement choisi. Les augures consultés annoncèrent que cela voulait dire
que la jeunesse de Rome serait éternelle et que ses limites ne seraient jamais
diminuées. Les Terminales se célébraient. dans les champs ; sur chaque borne, on
élevait un autel et l'on offrait au dieu des gâteaux, des fruits, un agneau, une
jeune truie.
Signalons enfin parmi les fêtes romaines célébrées en février :
les
Quirinales, le 17, en l'honneur de Romulus, dont le surnom était
Quirinus ; les
Fornacales, le 18, en l'honneur de la déesse Fornax
(four), qui présidait à la cuisson du pain ; le
Régifuge, le 24, dont
nous avons déjà parlé.
| L'Église catholique célèbre tous les ans, le 2 février, la fête de la Purification de la Vierge. « Quarante jours après la naissance du Christ, la Vierge vint au temple présenter, pour sa purification, deux tourterelles et deux pigeons. » En ce jour, on faisait autrefois des processions avec des chandelles allumées, d'où le nom de Chandeleur donné à cette fête. Le pape Gélase, en 472, fit supprimer cette cérémonie ; néanmoins le nom de Chandeleur est encore conservé.
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Février se distingue de tous les autres mois par une assez
curieuse particularité : c'est le mois pendant lequel les jeunes filles parlent
le moins, dit-on. Et les mauvaises langues ajoutent que c'est uniquement parce
que février n'a que 28 jours. Le jour complémentaire qu'on ajoute tous les
quatre ans à la fin du mois se plaçait autrefois entre le 23 et le 24 février.
Toutefois l'Église catholique a conservé l'intercalation romaine. Dans les années bissextiles, la Saint-Matthias, qui tombe d'ordinaire le 24 février, est célébrée le 25 ; les autres fêtes reculent d'un jour, de manière que les anniversaires du 28 se présentent le 29. Lorsque le roi Numa eut introduit deux nouveaux mois, janvier et février dans le calendrier romain, février terminait l'année. Ce fut César qui donna à ce mois le second rang, et la raison paraît assez curieuse. Le nombre deux était considéré par les Romains comme un nombre néfaste, d'abord parce qu'il est pair, et que les nombres impairs seuls plaisent aux dieux : Numero deus impare gaudet ; et ensuite parce qu'il indique toutes sortes de présages funestes. On donna donc le second rang à février parce qu'il était consacré à Neptune en même temps qu'à Pluton, c'est-à-dire au dieu des enfers. C'est pour la même raison que les fêtes en l'honneur des mânes, les Fébruales, avaient lieu le deux du mois.
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En février les jours augmentent d'une manière sensible, de 1h30
environ, à savoir : de 46 minutes le matin et de 44 minutes le soir. Les
journées sont encore très froides. Au point de vue météorologique, février
présente un phénomène très singulier. Tous les ans, vers le 13 février, on
observe pendant quelques jours un refroidissement de la température ; ce
phénomène météorologique, avant d'avoir été constaté par les savants, avait été
remarqué des agriculteurs, qui donnaient à cette période le nom de
saints de
glace de février. On les retrouve au mois de mai.
Dictons Février, disent les agriculteurs, doit être froid et pluvieux
pour que les récoltes soient excellentes.
Neige, eau, pluie, brouillard de février Vaut du fumier. (Allier, Dordogne) Si février laisse les fossés pleins, Les greniers deviendront pleins. (Charente) Vaut autant voir un loup en son troupeau Que le mois de février beau. (Vaucluse) Quand à Notre-Dame de Chandeleur soleil luit, L'hiver encore quarante jours s'ensuit. (Ardèche, Gers, Tarn) |
Les agriculteurs redoutent les
orages durant ce mois, ainsi qu'on le voit dans les deux proverbes qui suivent :
Quand il tonne au mois de février, Toute l'huile tient dans une cuiller. (Aveyron) S'il tonne en février, point de vin. (Nièvre, Deux-Sèvres) |
En
février peu de récoltes : chicorées, choux, épinards, radis... Si le temps est
beau, on peut faire quelques semailles : féveroles, pavots, blés de mars. Dans
la culture forestière, on sème l'érable et l'aune, quelquefois les glands et les
faînes. C'est en février qu'il faut débarrasser les vergers des chenilles qui
les dévastent, d'abord parce que l'on sauve ainsi ses récoltes et ensuite parce
que la loi punit d'une amende tous ceux qui négligent l'échenillage dans leurs
campagnes et dans leurs jardins. Vers la fin du- mois, on procède à la toilette
des rosiers, on met en place les roses trémières, on peut enfin labourer les
parties du jardin sur lesquelles on veut semer du
gazon.