Cette prof a expliqué le harcèlement à ses élèves avec deux pommes
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Et ils ont tous bien compris la leçon.
Pas facile de prévenir le harcèlement en milieu scolaire. Trouver les bons modes d’intervention, employer les bons mots, parvenir à faire comprendre aux jeunes gens qui se trouvent face à nous que le mal qu’ils peuvent faire est aussi profond qu’ineffaçable. On met en garde contre les ravages potentiels des réseaux sociaux, on monte des plans d’action en haut lieu, on organise des campagnes contre le harcèlement à l’école, on fait des pieds et des mains pour ne souvent brasser que de l’air, faute de mieux.
Il a suffi à une enseignante exerçant à Birmingham d’utiliser deux pommes bien rouges pour démontrer à toute sa classe quelles pouvaient être les conséquences des railleries, des insultes et a fortiori du harcèlement.
La façon dont elle a développé ce raisonnement ce jour-là risque de rester dans le crâne de ses élèves jusqu’à la fin de leur vie. Seront-ils des êtres humains parfaits? N’y aura-t-il vraiment aucun harceleur parmi eux? Ce serait sans doute trop simple. Mais il est difficile d’imaginer façon plus simple et plus efficace de les sensibiliser à un problème majeur, dont l’envergure semble croissante.
Deux belles pommes rouges
Rosie Dutton n’est pas en charge d’une classe unique: c’est une enseignante itinérante qui circule d’école en école pour y prodiguer des cours de relaxation et de méditation aux élèves. Mardi 21 juin, elle a posté sur sa page Facebook un message qui a déjà été partagé plus de 160.000 fois depuis. Elle y explique qu’avant de commencer son cours de ce matin-là, elle a pris soin d’amener deux belles pommes rouges à l’école. Tandis que l’une d’entre elles restait bien rangée dans son sac, elle a pris le temps de taper l’autre sur le sol, assez doucement pour que la pomme ne se déforme pas, mais suffisamment fort pour que l’intérieur de la pomme subisse des dommages visibles. Puis elle est entrée en classe.
Elle a d’abord présenté l’une des pommes en expliquant qu’elle ne l’aimait pas, qu’elle la trouvait franchement repoussante et que son goût devait être abominable. Elle a ensuite encouragé les élèves de l’assistance à abonder dans son sens, et même à exprimer toutes leurs pensées négatives envers cette pomme. Ce qu’ils ont fait sans se faire prier.
Couper la pomme en deux
Puis elle leur a demandé de réserver au contraire une ribambelle de compliments à l’attention de la seconde pomme, à vanter la beauté de sa couleur, de sa peau, de sa forme. Présentant ensuite les deux pommes aux élèves, elle n’a pas vraiment eu besoin d’insister pour que tous s’accordent à dire que les deux pommes étaient strictement identiques.
S’emparant alors d’un couteau, elle n’a alors eu qu’à couper chaque pomme en deux pour que la conclusion s’écrive d’elle-même dans les yeux et dans la tête de chaque enfant présent. L’une des pommes était belle, juteuse, prête à être dégustée; l’autre, en revanche, était comme tuméfiée, ayant perdu de sa jolie couleur et de son caractère appétissant.
Rosie Dutton n’a guère eu besoin d’en rajouter: tous les enfants avaient compris que si, en apparence, chacun d’entre eux pouvait parfois sembler résistant et hermétique aux attaques, personne ne pouvait savoir ce qui se passait dans la tête des camarades qui recevaient insultes et brimades au quotidien. Mais que ça n’était sans doute pas très beau à voir.
Une petite fille n'a pas voulu insulter la pomme
En conclusion de son message, l’enseignante rappelle qu’il est de notre devoir à tous (pas seulement les professeurs et les parents) d’apprendre à nos enfants à ne pas insulter, à ne pas harceler, à ne pas faire du mal, et de leur faire comprendre qu’ils ont toujours le choix, même quand la force et la bêtise du collectif semblent les contraindre à se montrer oppressifs. Et de citer en exemple cette petite fille de la classe qui a refusé d’insulter la pomme alors que tous ses camarades se prêtaient au jeu.
Fonctionnant en partie sur l’effet de surprise, cette démonstration risque hélas de ne pas pouvoir être utilisée par tous, partout, tout le temps. Mais elle constitue la preuve qu’il est possible, avec trois fois rien, d’essayer de faire grandir chez les générations futures l’idées que les mots ont leur importance et qu’ils peuvent détruire de l’intérieur. L’intervention de Rosie Dutton dans cette classe de Birmingham est une très belle pierre à ajouter à un édifice qui n’est rien sans le collectif.
Vous en pensez quoi?