Avihaï Mandelblit, l’homme qui fait trembler Netanyahou en Israël
Le procureur général d’Israël,
Avihaï Mandelblit, a ordonné une enquête criminelle contre le premier ministre.
En 2011, quand Avihaï Mandelblit devient procureur général de l’État d’Israël, il apparaît comme l’homme lige de Benyamin Netanyahou dont il fut secrétaire de cabinet durant trois ans. Mais, c’est mal le connaître.
Le premier ministre en fait à présent les frais. Car il est visé par une enquête criminelle que Avihaï Mandelblit a ordonnée après avoir minutieusement ficelé un dossier à charge. Le procureur suit les longs interrogatoires de Netanyahou menés à sa résidence officielle. Untroisième interrogatoire est imminent.
Son combat contre la corruptionAvihaï Mandelblit dispose de cinquante témoignages étayant deux dossiers séparés. Netanyahou devra ainsi s’expliquer sur « des cadeaux » régulièrement offerts, alors qu’il remplissait des fonctions officielles, par Arnon Milchan et Ron Lauder, des hommes d’affaires qu’il présente comme « ses amis personnels ». C’est le « dossier 1000 ». Coffrets de cigares, caisses de champagne, billets d’avion et séjours dans des palaces : ce train de vie tapageur peut lui valoir d’être inculpé de corruption.
Par ailleurs, Avihaï Mandelblit supervise le « dossier 2000 ». Lors d’une perquisition chez Ari Harow, ex-chef de cabinet du premier ministre, la police a, en effet, saisi deux enregistrements d’entretiens au cours desquels le premier ministre aurait proposé un pacte à son ennemi juré Arnon Mozes, propriétaire du quotidien à gros tirage Yédiot Ahronot.
Selon ce pacte, Mozes se serait engagé à ordonner une couverture « plus équilibrée » de l’actualité. En échange, il aurait reçu la promesse que son principal concurrent, Israël Hayom – journal pro-gouvernemental gratuit, financé à perte par le milliardaire juif américain Sheldon Adelson –, renonce à son projet d’édition hebdomadaire du vendredi.
Ce marché qui ne s’est pas concrétisé en dit long sur la désinformation et la concentration de la presse écrite en Israël. Et surtout, il ressemble beaucoup à une tentative de corruption, car Yédiot Aharonot tire à 300 000 exemplaires le vendredi, soit l’essentiel de ses recettes publicitaires. S’il est inculpé, Netanyahou devra démissionner.
Dans la boutique de son pèreAvihaï Mandelblit pourrait fort bien, à l’issue de son actuel mandat de dix ans, postuler pour un siège parmi les juges de la prestigieuse Cour suprême. Né et élevé à Tel-Aviv, il fait connaissance par la petite porte avec le monde politique.
Son père, Micky, un juif laïc, tient une boutique de vêtements non loin de « la citadelle », le QG du Likoud. Là, derrière les comptoirs, se nouent les intrigues de la grande formation de droite libérale. Micky est proche de David Lévy, ex-ouvrier du bâtiment au langage fleuri, devenu chef de la diplomatie. Rien à voir avec « les princes » du parti, comme Dan Meridor ou Benny Begin.
Un parcours « droit »« Bûcheur », A. Mandelblit décroche son diplôme de droit, s’initie au droit des affaires et à l’immobilier, puis découvre la foi et la Torah. En 1991, il célèbre son mariage selon le rite orthodoxe. Le couple aura six enfants.
Le juriste grimpe les échelons et devient en 2004 procureur général de l’armée. Il fera payer très cher leurs errements à plusieurs hauts gradés, et s’intéressera ensuite au droit international, aux droits de l’Homme, à l’éthique.
Sur son initiative, des conseillers juridiques accompagnent désormais les officiers en opérations pour qu’ils s’évitent des crimes de guerre. Son doctorat, obtenu en 2011 à l’Université Bar-Ilan de Tel-Aviv, porte sur le droit international et la guerre.
La corruption est partout où les intérêts quels qu'ils soient priment ! CQFD...