Les Campi Flegrei, ce supervolcan caché en Italie qui montre des signes inquiétants de réveil
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Selon une étude publiée par des volcanologues italiens, les Campi Flegrei, un volcan situé dans la baie de Naples, montreraient des signes inquiétants de réveil.
Quand on évoque des volcans en Italie, ce sont généralement l’Etna ou le Vésuve qui nous viennent rapidement en tête. Pourtant, le pays en compte un autre méconnu, invisible mais tout aussi redoutable : les « Campi Flegrei », en français « Champs Phlégréens ».
Cette région volcanique est située dans le nord-ouest de la baie de Naples et abritent deux villes principales : Pouzzoles et Cumes. Selon de récentes estimations, plus d’un million de personnes vivraient à l’intérieur de cette zone ou à proximité. C’est pourquoi les scientifiques surveillent étroitement l’activité des Campi Flegrei et les dernières nouvelles ne sont pas rassurantes.
Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Communications, ce supervolcan montrerait depuis quelques années des signes de réveil qui pourraient l’amener vers un point critique et donc vers une éruption.
Un supervolcan qui n’a connu que deux éruptions majeures
Les Campi Flegrei forment une caldeira, une dépression elliptique de 12 kilomètres de diamètre qui est apparue après une éruption majeure remontant à 39.000 ans. Ce phénomène a conduit à l’éjection de centaines de kilomètres cubes de lave et de roches et constitué, selon les spécialistes, la plus puissante éruption survenue en Europe au cours de 200.000 ans d’histoire.
Après sa formation, le supervolcan a connu deux éruptions majeures il y a 36.000 et 14.000 ans qui ont continué de façonner la caldeira. Au cours des temps modernes toutefois, une seule éruption est survenue, en 1538. Et elle s’est révélée moins intense que les autres bien qu’elle ait duré huit jours et conduit à la formation d’une nouvelle montagne, Monte Nuovo.
Depuis, les Campi Flegrei se sont montrés relativement calmes, du moins jusqu’à récemment. Au cours des quatre dernières années, les volcanologues ont en effet constaté une hausse accélérée du niveau du sol. Un phénomène connu sous le nom de bradyséisme qui suggère que la chambre magmatique se remplit lentement de roches en fusion en profondeur.
Vers un point critique ?
Cette manifestation est rare mais a été observée sur deux autres volcans actifs, le Rabaul en Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Sierra Negra dans l’archipel des Galapagos. Or, « les deux ont montré une accélération de la déformation du sol avant une éruption avec un motif similaire à celui observé au niveau des Campi Flegrei », a expliqué à l’AFP, Giovanni Chiodini de l’Institut national de géophysique et de volcanologie de Bologne en Italie.
Afin d’en savoir plus, ce spécialiste et ses collègues ont mené une nouvelle étude et découvert l’existence d’une « pression critique de dégazage » (en anglais, critical degassing pressure, CDP). Plus concrètement, ils ont découvert qu’à une certaine pression, les gaz libérés en profondeur par le magma en décompression pouvaient pousser le volcan vers un état critique.
« Nous démontrons qu’au CDP, la libération importante et brusque de gaz magmatiques peut réchauffer les roches et fluides hydrothermaux, et déclencher une accélération de la déformation, pouvant au final conduire à une rupture des roches et une éruption », écrivent les auteurs dans leur étude. Et les Campi Flegrei pourraient approcher ce point critique.
Impossible de prévoir une éruption
Au vu de la population qui entoure le supervolcan, une éruption même mineure pourrait avoir de sérieuses conséquences. Toutefois, Giovanni Chiodini et ses collègues tiennent à rester prudents : ils soulignent qu’il est impossible pour le moment de savoir si les Campi Flegrei vont réellement entrer en éruption et encore moins quand.
« En général malheureusement, la volcanologie n’est pas une science précise », a souligné Giovanni Chiodini au Washington Post. « Nous avons de nombreuses incertitudes et faire des prévisions à long terme n’est pour le moment pas possible ! ». Le scientifique a également mis en évidence le manque de données dont ils disposent.
Les Campi Flegrei n’ayant eu que deux éruptions majeures bien avant que les sismomètres n’existent, les volcanologues ne disposent que de peu de données sur le passé éruptif du supervolcan. De même, les descriptions réalisées de l’éruption de 1538 restent relativement limitées.
Les volcanologues italiens entendent ainsi poursuivre leurs recherches et espèrent que leur découverte va pousser d’autres spécialistes à s’intéresser à l’activité du supervolcan afin de déterminer si le risque est bien réel.
(Source : Maxi Sciences http://dai.ly/x57alup