Une info et un buzz boomerang
À l'arrivée, on se dit qu'il est possible que les lunettes d'Audrey
Pulvar puissent lui avoir coûté la somme de 12.000 euros, mais ne peut
non plus en avoir la certitude absolue. Question : comment les fins
limiers de "Technikart" peuvent-ils être certains de ces 12.000 euros ?
Eux seuls le savent.
Quoi qu'il en soit, voilà la journaliste aux prises avec un buzz sur le prix de ses lunettes, bien loin d'être aussi favorable que celui qui accueillit l’apparition des dites lunettes en 2010, lorsque tous les magazines féminins saluèrent cette innovation esthétique.
À l'époque, personne ne s'interrogeait sur la somme déboursée. Au contraire, on saluait l'audace de l’intéressée comme on sait si bien le faire dans une certaine presse people :
"Ces lunettes ont été créées par l’un des lunetiers les plus célèbres
au monde, la Maison Bonnet. Le savoir-faire de la marque est transmis
de père en fils depuis quatre générations. L’objectif de ce
professionnel est de sublimer la beauté d’un visage. Rien n’a été laissé
au hasard pour intensifier le regard de la présentatrice.
La couleur a été choisie par rapport à la tonalité de ses cheveux et
de sa peau. La forme de ses lunettes créées sur mesure a été étudiée de
très près pour épouser les traits de son visage en général. En effet,
toute l’anatomie faciale a été prise en compte, allant de l’écart
pupillaire à la saillance des joues, en passant par le massif crânien,
l’écart temporal et l’angle du nez.
Grâce à son doigté légendaire, la Maison Bonnet a su prouver qu’on
peut être belle, élégante et raffinée sans être obligée de suivre la
mode. Audrey Pulvar a peut-être déjà lancé une nouvelle tendance rétro
sans le vouloir, qui sait ?"
Et défense de rire...
La révélation de "Technikart" (en supposant que l'information soit
juste) accouche donc d'un buzz boomerang. Ce qui séduisait, une
journaliste dérangeante osant la lunette à l'écran, devient, une fois le
prix des lunettes rendu public, prétexte à agacement, pour ne pas dire
indignation.
Des conséquences politiques ?
C'est le moment où il faut bien dire les choses telles qu'elles se
présentent : 12.000 euros la paire de lunettes pour une journaliste de
gauche, compagne d'un ministre socialiste qui combat pour sauver ce qui
reste de classe ouvrière en France, ça la fiche mal... On peut le
déplorer, le regretter, s'en indigner, cela n'y change rien, ça la fiche
mal... Point. Le constat est objectif autant que politique. Il
s'impose.
Et c'est bien pour cette raison que l'on consacre ici un billet à ce
sujet. Il est en effet aisé d'imaginer les conséquences possibles de
cette affaire qui pourrait, par effet papillon, placer le ministre
Montebourg en mauvaise posture face à des salariés de Sanofi et PSA
menacés par le chômage et à bout de nerfs.
Les lunettes à 12.000 euros de sa compagne pourraient très vite
devenir un argument symbole dès lors qu'il conviendrait de s'en prendre
aux élites socialistes coupées des réalités populaires. Ainsi va la
médiatisation dans le monde moderne. Ils auraient bien tort ceux qui
pensent, ici ou là, que ce sujet est sans importance, surtout dans la
France 2012.
L'équanimité commande de souligner aussi que ce contre buzz nait de
la publication de l'information de "Technikart". Les journalistes de ce
mensuel provocateur sont-ils certains de leur affaire ? Comment ont-ils
pu établir que les lunettes les plus célèbres de France coûtent bel et
bien 12.000 euros ? Eux seuls le savent, mais s'ils livrent
l'information sans aucune réserve, on est en droit de supposer qu'ils
ont verrouillé leur affaire, car pour tout dire, compte tenu des
conséquences possibles de ce buzz à effet papillon, ce ne serait que
justice à rendre à Audrey Pulvar.
Si "Technikart" voulait en mettre plein les mirettes au sujet
d'Audrey Pulvar, c'est réussi, à charge pour eux de ne pas avoir calculé
leur affaire à courte vue.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/641511-audrey-pulvar-et-ses-lunettes-a-12-000-euros-naissance-d-un-symbole-devastateur.html