Lonesome George, la tortue géante des Galápagos, risque d’être le dernier
Décidément, la célèbre tortue de l’île de Pinta, Lonesome George, est un célibataire endurci. Dernier spécimen vivant de l’une des 11 variétés de tortues géantes des Galápagos, George est une des créatures les plus rares de la planète. A environ 90 ans, il n’a toujours pas eu de descendance, et alors qu’un premier accouplement a enfin eu lieu cette année, les scientifiques s’inquiètent d’une extinction prochaine. George est peut-être stérile.
Depuis 36 ans que George vit en captivité, il n’avait montré que très peu d’intérêt pour le sexe. On se rappelle qu’en 2001, après maintes tentatives, les experts de la station Charles Darwin étaient sur le point d’offrir une récompense de 10 000 $ pour trouver une concubine à son goût. Finalement, cette année, il s’est accouplé avec deux femelles d’une sous-espèce différente. Avec cette première reproduction, on pouvait encore envisager de sauver la variété Geochelone nigra abingdoni d’une complète extinction, en conservant une partie de son génome dans sa descendance. Mais l’évolution des œufs placés en écloserie a quelque peu obscurci les espoirs des scientifiques équatoriens : 80 % de la ponte n’est pas fertile.
Lonesome George, imposante tortue terrestre de 90 kg, est avant tout un symbole. Dernier individu d’une variété décimée par la chasse, victime de la destruction de son habitat par les espèces introduites, George, la tortue, porte à lui seul tous les attributs du drame de la biodiversité. Les militants de la conservation en ont fait une véritable icône et une star internationale.
Cet animal a d’autant plus de valeur pour sensibiliser l’opinion publique qu’il vit aux Galápagos, un haut lieu de l’histoire de la science. C’est dans cet archipel, en observant les spécimens présents sur les différentes îles, qu’au début du XIXe siècle, Charles Darwin commença à élaborer sa célèbre théorie de l’évolution.
Et la saga de Lonesome George, qui attire autant les touristes qu’elle émeut les protecteurs de la nature, n’est peut-être pas terminée, 20 % des œufs restent et pourraient bien éclore. Pour aider au miracle, les gardiens de cette tortue ont décoré les incubateurs avec toute sorte d’images religieuses. On se demande bien ce que Darwin pourrait penser de ça
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