Tibet, le mensonge chinois ?Durée : 55 minutes
Sous-titrage malentendant (Antiope).
Stéréo
Le sujetRetour sur l'histoire mouvementée du Tibet, des années 40 à aujourd'hui, à
travers des archives inédites et les témoignages de Tibétains exilés,
notamment du dalaï-lama.Le 10 mars 1959, Tenzin Gyatso, le 14e
Dalaï Lama quitte le Tibet pour tenter depuis l'extérieur de sauver son
pays de l'anéantissement. Depuis, en exil forcé à Dharamsala, au nord
de l'Inde, il essaye de préserver l'identité et la culture de son
peuple sans cesse mises à l'épreuve par la domination chinoise. En
confrontant la réalité de la situation du Tibet occupé aux affirmations
de la propagande chinoise, en dressant un bilan historique doublé d'un
état des lieux, en interrogeant des témoins, dont le Dalaï Lama
lui-même, ce documentaire évoque l'histoire passée et présente d'un
pays et d'un peuple menacés de disparition.
La critiqueDans les maisons, ses portraits sont interdits. Dans les médias
chinois, il est régulièrement qualifié de
«rebelle», de
«séparatiste»et de suppôt du terrorisme. Et au Tibet, chacun sait que manifester en
sa faveur conduit tout droit en prison. Mais rien n'y fait. Malgré la
Révolution culturelle qui a prétendu éradiquer le bouddhisme, malgré
les dizaines de milliards de yuans que Pékin déverse dans le
développement de la
«région autonome du Tibet» et des provinces
limitrophes du Kham et de l'Amdo, Tenzin Gyatso, le quatorzième
dalaï-lama, est encore et toujours considéré par son peuple comme la
réincarnation du bouddha de la compassion, un dieu vivant, un chef
politique en même temps qu'une icône nationale. Chaque jour, Lhassa
voit défiler son cortège de pèlerins autour du palais du Potala,
symbole de son pouvoir religieux et temporel. Par sa seule existence
dans les esprits,
«celui dont la sagesse est aussi profonde que les océans» permet de résister à un anéantissement total...
«Nous avons perdu la bataille du Tibet», auraitconfié Mao lui-même au comité central du Parti communiste chinois après
la fuite du dalaï-lama vers l'Inde, le 10 mars 1959. Un éclair de
lucidité qui n'a pas empêché son régime totalitaire de tout faire pour
soumettre les Tibétains. Cinquante ans de faux-semblants, alternant
promesses fallacieuses et sauvages répressions... C'est ce «mensonge
chinois» que le documentaire de Bernard Debord s'efforce de retracer.
Depuis le coup de force militaire de 1951, lorsqu'une division de
l'armée du peuple s'enfonça dans l'immensité himalayenne pour mettre la
main sur un royaume théocratique entre neige et cieux. Une invasion ?
Pas vraiment. Campant à distance de Lhassa, dans l'Amdo, la troupe
maoïste ouvrit des négociations avec les représentants du dalaï-lama,
chef d'un Etat moyenâgeux dépourvu de toute force militaire. Par une
déclaration en 17 points, le nouveau pouvoir communiste de Pékin
s'engageait à respecter les traditions tibétaines. Si bien que les
émissaires de Mao furent accueillis dans la liesse à Lhassa. Dans les
manuels d'histoire officielle, on parle d'une
«conquête pacifique».
Le dalaï-lama pense alors que la révolution peut sortir son peuple du sous-développement. En 1954, il rencontre Mao.
«Je trouvais intéressant qu'un homme si puissant que Mao veuille s'intéresser aux pauvres»,
commente-t-il aujourd'hui. Mais de retour à Lhassa, le partenaire
chinois se fait beaucoup plus pressant. Le comité préparatoire censé
refonder les institutions locales menace de renverser le gouvernement
tibétain. La religion est prise pour cible. Des millions de monastères
sont détruits et plus de 100 000 moines, déportés. De 1956 à 1959, le
Tibet connaît trois années de rébellion jusqu'à la fuite de son chef
spirituel qui établit son contre-gouvernement à Dharamsala, dans le
nord-est de l'Inde, tandis que l'ONU se prononce pour le droit à
l'autodétermination du peuple tibétain. Après avoir tenté
d'instrumentaliser le panchen-lama, deuxième plus haut dignitaire du
bouddhisme tibétain, Pékin joue la carte de la répression à outrance.
Objectif : éradiquer la religion, source de tous les maux. Monastères
détruits, textes sacrés brûlés, moines humiliés, déportés et affamés -
«dans les camps chinois, j'ai mangé des os humains», raconte un survivant. Le bilan est difficile à chiffrer : de 300 000 à 600 000 morts, voire un million...
«Enfin, le système féodal du servage, système criminel, a été brisé»,
proclament les actualités chinoises. Mais la Révolution culturelle,
malgré sa violence paroxystique, ne parvient pas éteindre la flamme.
Explorant une autre voie, au début des années 1980, Deng Xiaoping
proclame une «libéralisation» qui permet aux temples de renaître. Mais
cette renaissance, mal vécue à Pékin, déclenche un nouvel accès
répressif, dirigé par Hu Jintao, surnommé alors «le boucher de Lhassa».
En mars 1989, la mort subite du panchen-lama qui s'opposait à
l'exploitation des richesses naturelles de son pays (mines,
hydroélectricité...) déclenche de violentes émeutes.
Depuis leur
conversion au capitalisme à outrance, les autorités chinoises semblent
avoir fait le pari de dissoudre la résistance tibétaine par le
développement économique. Construction de routes, de voies ferrées,
exploitation minière, sédentarisation de la population nomade... La
manne chinoise se déverse sur le territoire. Mais les Tibétains ne sont
pas dupes.
«Leurs investissements servent avant tout les intérêts chinois et ne profitent en rien aux Tibétains», résume un exilé.
«Depuis l'arrivée du train, le Tibet est chaque jour un peu plus chinois, souligne un haut fonctionnaire tibétain.
Il
arrivera un moment où on ne pourra même plus savoir où sont les
Tibétains. Vous savez, dans l'histoire de la Chine, il y avait un
peuple qui s'appelait les Mandchous. Aujourd'hui, il n'existe plus. Eh
bien, c'est ce qui est planifié pour les Tibétains».
Les rediffusions02:55 - Vendredi 20/03
http://teleobs.nouvelobs.com/tv_programs/2009/3/14/chaine/france-3/23/40/tibet-le-mensonge-chinois