Alexandre le Grand (356 av. J.-C. - 323 av. J.-C.)
Un conquérant de légende
Héritier d'un petit royaume que les Grecs cultivés regardaient avec mépris, la Macédoine, Alexandre le Grand s'est taillé un empire en dix ans, de l'Égypte aux portes de la Chine, jusqu'aux limites du monde connu des Grecs.
Il a, ce faisant, assuré à la culture hellénistique, avatar de la culture grecque classique, un immense rayonnement.
Nous en percevons encore les traces, par exemple, dans les représentations de Bouddha dont les premières ont été sculptées à l'image d'Apollon par des artistes grecs établis au Gandhara (Inde du Nord) !
Fauché en pleine jeunesse, à 32 ans, sans avoir jamais connu de défaite, Alexandre le Grand est aussi le plus romanesque des conquérants.
Admirateur d'Achille, il a tous les traits d'un héros de l'Iliade, y compris les plus contestables : séduisant, énergique et téméraire, cultivé, amoureux des femmes et de toutes les formes de beauté, mais aussi brutal et cruel, intempérant, amateur de beuveries et poursuivi par la démesure (hubris).
Stratège hors du commun
À 18 ans, aux côtés de son père Philippe II, Alexandre prend une participation déterminante à la victoire des redoutables phalanges macédoniennes sur les Grecs à Chéronée.
Deux ans plus tard, ayant succédé à son père sur le trône de Macédoine, il reprend le projet de celui-ci de battre les Perses et conquérir l'Asie.
Il rassemble enfin 40 000 soldats grecs et macédoniens, y compris une puissante cavalerie de 5 000 hommes, traverse le détroit du Bosphore et passe en Asie.
Remarquable stratège, Alexandre repousse en mai ou juin 334 av. J.-C. les Perses de Darius III sur les bords du Granique, au sud du Bosphore. Sous l'effet de ce succès inattendu sur une armée bien plus nombreuse, il soumet avec une relative facilité la Grèce d'Asie, y compris les cités de Milet et d'Halicarnasse.
Tandis qu'il s'apprête à passer de Cilicie en Syrie, Alexandre livre bataille à Darius dans la plaine d'Issos et le vainc, mais renonce à le poursuivre vers l'Orient et préfère occuper d'abord l'Égypte.
Entrant en Égypte, il fonde en face de l'île de Pharos le port qui deviendra pour un millénaire la nouvelle capitale du pays et le centre du monde hellénistique. Elle porte encore son nom : Alexandrie.
Darius III ayant reconstitué son armée en faisant appel à toutes les ressources de son empire, le Macédonien part à sa rencontre au printemps 331 av. J.-C.. Les deux adversaires se heurtent dans la plaine de Gaugamèles (ou Arbèles).
Tandis que Darius s'enfuit une nouvelle fois vers l'Orient, il s'empare de la Mésopotamie et de la Perse proprement dite. Il laisse ses soldats piller et brûler Persépolis, la prestigieuse métropole des Achéménides. C'est une façon de venger l'incendie par les Perses de l'Acropole d'Athènes en 480 av. J.C.
Chef visionnaire
À cet écart près, Alexandre respecte les croyances des peuples conquis.
En Égypte, à la suite de son occupation du pays, il s'engage seul vers l'oasie de Siwa, dans le désert occidental, où se trouve un célèbre temple égyptien consacré à Ammon. L'oracle l'accueille en « fils du dieu Ammon ».
Monnaie grecque avec le profil d'Alexandre, orné des cornes de bélier du dieu Amon
Le conquérant se fait dès lors représenter avec, de part et d'autre de la tête, deux cornes de bélier, symboles du dieu Ammon.
En Perse, il adopte aussi certaines coutumes perses parmi les plus contestables comme la divinisation du roi, au grand scandale de ses hommes qui supportent mal de devoir se prosterner devant lui à la manière d'un empereur oriental (proskynèse).
Soucieux de réduire la fracture culturelle entre conquérants et conquis, il organisera aussi à Suse, en 324 av. J.-C., le mariage de dix mille de ses officiers et soldats avec autant de jeunes filles perses.
Les noces d'Alexandre et Roxane (Sodoma, 1517, villa Farnesina, Rome)
Homme de la démesure
Après la soumission de la Perse, Alexandre va traquer le misérable Darius. Il n'aura pas le bonheur de le capturer vivant, le Roi des Rois ayant été assassiné par le satrape Bessos.
Le conquérant veut poursuivre sa marche en avant, jusqu'aux confins du monde. Ses compagnons et ses soldats sont loin de partager son ambition mais ils ne peuvent rien moins que le suivre vers la Sogdiane, en Asie centrale.
Une sédition l'amène à sévir contre ses généraux, y compris son très vieil ami Parménion, mis à mort sur son ordre.
Monnaie célébrant la victoire d'Alexandre le Grand en Inde, vers 325 av. J-C, Londres, British Museum
Qu'à cela ne tienne, Alexandre décide de poursuivre sa marche vers le sous-continent indien, jusqu'à l'extrême limite du monde connu.
Il franchit en 327 av. J.-C. les passes de l'Hindou-Kouch puis, à travers l'Afghanistan actuel, atteint l'Indus et le traverse l'année suivante. S'alliant au roi de Taxila, il affronte son rival, le roi Pauros. Celui-ci dispose d'une arme inédite : des éléphants caparaçonnés. Il n'en est pas moins défait.
Ses soldats, épuisés, refusent cette fois pour de bon d'aller plus loin. Après trois jours de bouderie dans sa tente, Alexandre se soumet et ramène l'armée à Babylone dont il compte faire la capitale de son empire. C'est là qu'il est pris de fièvre à l'issue d'un banquet et meurt le 23 juin 323 av. J.-C.
Faute d'héritier pour lui succéder, son empire sera, peu après sa mort, partagé entre ses généraux, dont Ptolémée qui arrive à faire inhumer le conquérant à Alexandrie d'Égypte.
Alexandre et la conquête du monde
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Héritier d'un petit royaume que les Grecs cultivés regardaient avec mépris, la Macédoine, Alexandre le Grand s'est taillé un empire en dix ans, de l'Égypte aux portes de la Chine.
Son héritage va se perpétuer à travers la civilisation hellénistique, centrée sur Alexandrie-du-Nil.