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Sujet: ça s'est passé un 25 avril Lun 25 Avr 2022 - 13:16
25 avril 1792 - Rouget de Lisle chante la Marseillaise
Le 24 avril 1792, à Strasbourg, dans le salon du maire, le baron de Dietrich, l'effervescence est à son comble. Cinq jours plus tôt, la France a déclaré la guerre à l'Autriche.
Le maître de maison s'adresse au jeune Joseph Rouget de Lisle, officier de son état et violoncelliste à ses heures (32 ans) : « Monsieur de Lisle, faites-nous quelque beau chant pour ce peuple soldat qui surgit de toutes parts à l'appel de la patrie en danger et vous aurez bien mérité de la nation ».
Le capitaine de garnison, de retour chez lui, s'exécute avec fougue. Le lendemain soir, de Dietrich organise un dîner au cours duquel lui-même reprend son chant, accompagné par une dame au clavecin et par Rouget de Lisle au violon.
Rouget de Lisle chantant la Marseillaise dans le salon de Dietrich (Isidore Pills, 1849, Musée de l'Histoire de France, château de Versailles)
Le premier hymne national
D'abord baptisé Chant de guerre pour l'Armée du Rhin, le nouveau chant recueille un succès fulgurant. Des voyageurs colportent les paroles et l'air dans tout le pays.
A Marseille, où des volontaires se préparent à se rendre à Paris pour combattre l'invasion, on leur distribue des feuillets avec les paroles du chant patriotique.Les fédérés marseillais entonnent celui-ci tout au long de leur voyage et lors de leur entrée dans la capitale. D'où son nom définitif de Marseillaise.
Le chant scande quelques semaines plus tard la charge des soldats de Valmy. Lors des révolutions de1848 dans l'ensemble du continent européen, la Marseillaise reçoit une consécration internationale (avant d'être plus tard supplantée par l'Internationale).
De Dietrich fut fort mal récompensé car il finit sur la guillotine quelques mois plus tard. Rouget de Lisle échappa au même sort par la fuite...
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: ça s'est passé un 25 avril Lun 25 Avr 2022 - 13:25
La Marseillaise (Chant de guerre de l'Armée du Rhin)
Allons enfants de la Patrie Le jour de gloire est arrivé ! Contre nous de la tyrannie L'étendard sanglant est levé Entendez-vous dans nos campagnes Mugir ces féroces soldats ? Ils viennent jusque dans nos bras. Égorger nos fils et nos compagnes !
Refrain :
Aux armes citoyens Formez vos bataillons Marchons, marchons Qu'un sang impur Abreuve nos sillons
Que veut cette horde d'esclaves De traîtres, de rois conjurés ? Pour qui ces ignobles entraves Ces fers dès longtemps préparés ? Français, pour nous, ah! quel outrage Quels transports il doit exciter ? C'est nous qu'on ose méditer De rendre à l'antique esclavage !
Quoi ces cohortes étrangères ! Feraient la loi dans nos foyers ! Quoi! ces phalanges mercenaires Terrasseraient nos fils guerriers ! Grand Dieu ! par des mains enchaînées Nos fronts sous le joug se ploieraient De vils despotes deviendraient Les maîtres des destinées.
Tremblez, tyrans et vous perfides L'opprobre de tous les partis Tremblez ! vos projets parricides Vont enfin recevoir leurs prix ! Tout est soldat pour vous combattre S'ils tombent, nos jeunes héros La France en produit de nouveaux, Contre vous tout prêts à se battre.
Français, en guerriers magnanimes Portez ou retenez vos coups ! Épargnez ces tristes victimes À regret s'armant contre nous Mais ces despotes sanguinaires Mais ces complices de Bouillé Tous ces tigres qui, sans pitié Déchirent le sein de leur mère !
Nous entrerons dans la carrière Quand nos aînés n'y seront plus Nous y trouverons leur poussière Et la trace de leurs vertus Bien moins jaloux de leur survivre Que de partager leur cercueil Nous aurons le sublime orgueil De les venger ou de les suivre !
Amour sacré de la Patrie Conduis, soutiens nos bras vengeurs Liberté, Liberté chérie Combats avec tes défenseurs ! Sous nos drapeaux, que la victoire Accoure à tes mâles accents Que tes ennemis expirants Voient ton triomphe et notre gloire !
« Impur ? Vous avez dit impur ? »... Des esprits bien intentionnés s'émeuvent aujourd'hui des deux vers du refrain de La Marseillaise : « Qu'un sang impur / Abreuve nos sillons ». Ce sang, bien entendu, désigne celui des ennemis, mais c'est un un anachronisme que d'y voir du racisme.
Les acteurs de la Révolution, dans tous les camps, étaient exempts de racisme au sens que ce mot a pu prendre au temps de Jules Ferry et plus tard. Ils pouvaient envisager que les Noirs des Antilles deviennent des citoyens français à part entière, tout comme les habitants des autres pays d'Europe dès lors que ceux-ci rejetaient leur allégeance à leur souverain ordinaire.
Le « sang impur » est en l'occurence une simple figure de style, qui a pu être d'autant mieux acceptée par les premiers auditeurs de la Marseillaise qu'elle ne réveillait aucun passif chez eux. Depuis lors, hélas, beaucoup de drames nous ont rendu allergiques à certains mots. Nous nous devons de surmonter cette allergie en honorant notre héritage comme il se doit.
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Sujet: Re: ça s'est passé un 25 avril Lun 25 Avr 2022 - 14:23
merci mimi
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: ça s'est passé un 25 avril Lun 25 Avr 2022 - 14:33
Avec plaisir nuagebleu
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: ça s'est passé un 25 avril Lun 25 Avr 2022 - 14:55
25 avril 1507
Et Waldseemüller inventa l'Amérique...
Le 25 avril 1507, peu de gens prêtent attention à l'impression, à Saint-Dié, dans les Vosges, d'un document de cartographie. C'est un commentaire accolé à une grande carte du monde nommée Universalis Cosmographiæ et dessinée par le moine géographe Martin Waldseemüller.
Quinze ans après que Christophe Colomb a posé le pied sur une île des Antilles, ce document tiré à un millier d'exemplaires va révolutionner la perception qu'ont les hommes de leur planète en montrant que les terres découvertes par le navigateur génois constituent un Nouveau Monde et non pas un appendice de l'Asie. Par une singulière injustice du destin, ce Nouveau Monde va prendre le prénom d'un fringant Florentin sans grand mérite.
Le célèbre texte de Waldseemüller (avec America dans la marge, au milieu)
Baptême officieux du Nouveau Monde
Le commentaire est intitulé en bref Cosmographiæ Introductio et de façon plus détaillée, dans le style de l'époque. Dans le chapitre IX de l'Introduction à la cosmographie, on peut lire en latin l'acte de baptême du nouveau continent : « Nunc Vero et hae partes (Europa, Africa, Asia) sunt latius lustratae, et alia quarta pars per Americum Vesputium (ut in sequentibus audietur) inventa est, quam non viecto cur quis jure vetet ah Amerigo inventore, sagacis ingenii viro Amerigen quasi Americi terram, sive Americam dicendam : cum et Europa et Asia a mulieribus sua sortita sint nomina. Ejus situm et sentis mores ex bisbinis Americi navigationibus quae sequuntur liquide intelligidatur ».
En voici la traduction : « Aujourd'hui ces parties de la terre (l'Europe, l'Afrique et l'Asie) ont été plus complètement explorées, et une quatrième partie a été découverte par Amerigo Vespucci, ainsi qu'on le verra plus loin. Et comme L'Europe et L'Asie ont reçu des noms de femmes, je ne vois aucune raison pour ne pas appeler cette autre partie Amerigé c'est-à-dire terre d'Amerigo, d'après l'homme sagace qui l'a découverte. On pourra se renseigner exactement sur la situation de cette terre et sur les coutumes de ses habitants par les quatre navigations d'Amerigo qui suivent ».
En regard, dans la marge, est imprimé pour la première fois le mot America, appelé à une immense fortune.
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: ça s'est passé un 25 avril Mar 26 Avr 2022 - 8:19
25 avril 1529 - La « Grande Rebeyne »
Le 25 avril 1529 éclate à Lyon la « Grande Rebeyne » (ou Grande Rébellion).
Cette émeute de la faim est inédite par son ampleur et son caractère citadin. Elle fait suite à plusieurs années de récoltes médiocres et de disettes et clôt le « beau XVIe siècle » et la première Renaissance française.
Émeute de la faim
Pendant une génération, les rois de France ont pris l'habitude de séjourner à Lyon, à proximité des Alpes, afin de mieux préparer leurs expéditions guerrières en Italie. Ce faisant, ils ont contribué à l'enrichissement de la ville.
À la fin des années 1520, François Ier, lassé par une succession d'échecs, suspend ses expéditions outre-monts. Dès lors, la bourgeoisie lyonnaise voit les difficultés s'accumuler, et cela d'autant plus qu'affluent dans la ville des affamés chassés des campagnes par plusieurs années de mauvaises récoltes.
Un receveur des impôts (gravure française du XVIe siècle)
L'agitation gronde suite à l'augmentation brutale du prix du blé, en décembre 1528.
Des placards anonymes signés « le povre » appellent à la révolte contre les accapareurs qui stockent le grain en attendant que son prix monte.
Le 25 avril 1529, enfin, un millier de pauvres gens se rassemblent place des Cordeliers et envahissent le couvent voisin. Ils attaquent aussi plusieurs maisons de notables dont celle de Symphorien Champier, médecin et humaniste. La milice urbaine, les « pennons », composée d'artisans plus ou solidaires, n'intervient pas.
Les notables se réfugient au cloître Saint-Jean cependant que les émeutiers pillent les greniers de l'abbaye de l'Île-Barbe.
Après deux jours de frayeur, la bourgeoisie lyonnaise se ressaisit et réprime avec sévérité les émeutiers. Onze meneurs sont pendus. Plusieurs autres condamnés au pilori ou au fouet.
La charité faute de mieux
Effrayés par cette rébellion, la municipalité organise deux ans plus tard des secours par souscription publique. L'Aumônerie générale ainsi créée distribue des secours et des travaux d'intérêt général (curage de fossés, nettoyage de rues). Elle secourt en une année 5000 nécessiteux et distribue 250 000 pains.
En 1534, l'échevin Jean Broquin pérennise l'initiative en organisant son financement par des legs, des collectes, des amendes et une taxe sur les habitants. En 1622, l'initiative débouchera sur la construction de l'hôpital de la Charité.
Cette innovation traduit un nouveau regard sur les pauvres. Ceux-ci étaient perçus au Moyen Âge comme des témoins du Christ souffrant et à ce titre acceptés dans le corps social. Ils sont désormais vus comme des importuns et des rebelles en puissance qu'il convient de tenir à l'écart et de neutraliser.