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Sujet: Le mensonge : arme de guerre .. Mer 4 Mai 2022 - 15:54
Rappel du premier message :
30 avril 1943 Des vies épargnées par « Viande hachée » (Mincemeat)
Janvier 1943. La Seconde Guerre mondiale est à un tournant. Défaits à El-Alamein et Stalingrad, les Allemands reculent sur tous les fronts et se disposent à lâcher l'Afrique du Nord. Réunis à Casablanca, dans l'hôtel Anfa, les Anglo-Saxons envisagent de poursuivre leur avantage par un débarquement en Sicile, à partir de la Tunisie, en juillet 1943. C'est encore une idée de Churchill ! Mais sa réussite serait compromise si les Allemands en avaient vent et venaient à renforcer les pauvres troupes italiennes qui défendent l'île.
Les services secrets britanniques vont les convaincre que le débarquement, bien réel, visera en fait la Sardaigne et la Grèce. Ils vont pour cela larguer au large de l'Espagne, le 30 avril 1943, le cadavre d'un supposé officier britannique porteur de lettres confidentielles faisant état de ce projet. Les espions allemands ne se feront pas faute d'intercepter les lettres et d'en transférer la copie à Hitler. Celui-ci prélèvera deux divisions sur le front russe pour les transférer... en Grèce, à la grande satisfaction de Staline comme des Anglo-Saxons, lesquels pourront occuper la Sicile en un mois.
Cette opération de contre-espionnage, longtemps cachée, a porté le nom délicat de Mincemeat (« Viande hachée »). Pour la petite histoire, quand il fut acquis que les Allemands avaient pris connaissance du contenu des fausses lettres, Roosevelt et Churchill reçurent du contre-espionnage britannique, le fameux MI5 (Military Intelligence section 5), le message : « Mincemeat [had been] swallowed whole » (« Viande hachée [a été] bien avalée »).
La ruse au cinéma
L'opération Mincemeat n'a été dévoilée que plusieurs années après la guerre. Elle a alors inspiré les romanciers et les cinéastes. Un premier film lui a été consacré en 1956 sous le titre : L'Homme qui n'a jamais existé (The Man Who Never Was, Ronald Neame), d'après le témoignage éponyme du maître d'oeuvre de l'opération, le capitaine de corvette (lieutenant commander) Ewen Montagu.
La ruse (John Madden - 2022)
Le deuxième film, La Ruse (Operation Mincemeat, John Madden), sorti en 2021, est quant à lui inspiré d'un roman. Tout en restant fidèle dans les grandes lignes à la réalité historique, il entre dans la vie intime des héros et en premier lieu d'Ewen Montagu, interprété par le magnifique Colin Firth. Le résultat est agréable à voir, avec un tempo d'une sensibilité plus britannique qu'hollywoodienne. Notons l'apparition d'un jeune agent du nom de Ian Fleming. Le père de James Bond a de fait travaillé pour les services secrets mais il n'est pas avéré qu'il ait participé à l'opération Mincemeat. Regrettons enfin, mais c'est un détail, qu'il soit si difficile de trouver des acteurs convaincants dans le rôle de Churchill.
De l'utilité des romans d'espionnage
La Seconde Guerre mondiale... et Churchill sont la preuve qu'il n'y a pas de succès militaire sans une grande imagination romanesque (et une bonne culture générale). Le Premier ministre britannique, doté d'un cerveau en fusion, s'est dès le début du conflit pris de passion pour les services secrets et les opérations secrètes. Il suivit de très près les efforts des petits génies de Betchley Park pour casser le code Enigma utilisé par les Allemands, tout comme l'opération d'intoxication Fortitude qui allait convaincre les Allemands que l'ultime débarquement aurait lieu dans le Pas-de-Calais et non en Normandie.
Churchill renforça très tôt aussi le contre-espionnage MI5, dont James Bond allait plus tard faire la réputation. Au sein du MI5 fut constitué un comité spécial destiné à retourner les espions allemands, le comité XX (Twenty Committee). Les Britanniques jugèrent en effet plus pertinent de faire travailler ces agents pour leur compte plutôt que simplement les exécuter ! Cette mission conduisit le comité XX à organiser aussi des opérations d'intoxication comme l'opération Mincemeat.
L'histoire débute... en 1939, quand le directeur du service de renseignements de la Marine britannique John Henry Godfrey transmet à ses service un « mémo de la truite » qui recense 51 techniques pour tromper l'ennemi. L'une d'elles est empruntée à un auteur de romans policiers, Basil Thomson. Elle consiste à abandonner près des côtes ennemies un cadavre d'aviateur porteur de fausses informations. C'est cette idée que va reprendre le capitaine Ewen Montagu pour tromper l'ennemi sur le débarquement de Sicile en 1943.
Sa mise en oeuvre est préparée avec le plus grand soin. On sélectionne à la morgue le cadavre d'un homme jeune qui s'est empoisonné et dont on pourrait croire qu'il s'est noyé. Tandis qu'on le met au frigidaire, on lui prépare une fausse identité appropriée, celle du capitaine William Martin, et on lui invente toute une histoire personnelle pour le rendre crédible : photo et lettre d'amour de sa promise, lettre de son banquier, billet de théâtre, etc.
Le jour venu, un sous-marin largue le cadavre près des côtes espagnoles. Il est recueilli par des pêcheurs qui le livrent aux autorités. L'Espagne, étant officiellement neutre, se fait un devoir de le remettre aux représentants de l'ambassade britannique afin qu'il soit inhumé comme il convient.
En attendant, comme le Comité XX l'escomptait, les espions allemands présents sur place ont eu vite fait de photographier tout ce que portait le cadavre, y compris ses lettres, et de transmettre le tout à Berlin. Un Irlandais entré au service des nazis va être mandaté pour vérifier à Londres les renseignements concernant William Martin. Bien qu'informés, les services secrets britanniques vont le laisser oeuvrer pour ne pas mettre la puce à l'oreille des Allemands...
Au final, grâce à « William Martin », les Anglo-Saxons vont pouvoir débarquer en Sicile et s'emparer de l'île en six semaines, avec relativement peu de pertes (un peu plus de cinq mille morts). Nul doute que le bilan aurait été plus élevé si Hitler, répondant aux supplications de son allié Mussolini, avait renforcé les défenses de l'île comme celui-ci le lui demandait. Mais les Allemands vont très vite se reprendre. Il faudra encore neuf mois aux Anglo-Saxons, renforcés par l'armée d'Afrique de la France Libre, pour briser la ligne Gustave, entre Naples et Rome.
André Larané
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nuagebleu Membre
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mar 16 Mai 2023 - 10:34
merci beaucoup mimi
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Ven 19 Mai 2023 - 7:28
19 mai 1536 : Ann Boleyn décapitée
Le 19 mai 1536, Ann Boleyn est décapitée sur ordre de son mari, le roi d'Angleterre Henri VIII Tudor. Ce dernier avait pris le risque d'une excommunication et d'une rupture avec Rome pour pouvoir l'épouser mais après deux ans de mariage, il n'avait pas supporté de gros soupçons d'adultère. La fille d'Ann Boleyn et d'Henri VIII n'en règnera pas moins sur le pays. Elle en sera le plus grand souverain de toute son Histoire sous le nom d'Elizabeth 1ère.
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Ven 19 Mai 2023 - 7:33
19 mai 1802 - Bonaparte fonde la Légion d'Honneur
Le Premier Consul Napoléon Bonaparte établit le 19 mai 1802 (29 floréal An X) un Ordre national de la Légion d'Honneur. Il veut de la sorte récompenser les mérites des citoyens, tant civils que militaires, et établir une émulation civique chez les notables.
Le 8 mai 1802, à un membre du Conseil d'État qui l'interpelle sur le bien-fondé d'une décoration qui viole les principes révolutionnaires d'égalité, le Premier Consul rétorque : « On appelle cela des hochets ; eh bien, c'est avec des hochets qu'on mène les hommes ! ».
Première distribution de la Légion d'Honneur aux Invalides le 14 juillet 1804 (Jean-Baptiste Debret, châteaux de Versailles et Trianon)
Un succès qui ne se dément pas
Le Tribunat accepte la Légion d'Honneur avec 56 voix seulement contre 36 et le Corps législatif avec 166 voix contre 110. L'Ordre n'en recueille pas moins un vif succès dans l'opinion, raffermissant le prestige du Premier Consul.
Il comprend d’abord quatre, puis cinq classes de légionnaires : les grades de chevalier, officier et commandeur et les dignités de grand officier et grand-croix. Il est présidé par le Premier Consul, qui lui donne pour devise « Honneur et Patrie », et dirigé par un Grand Chancelier et un Grand Trésorier. La première distribution de médailles a lieu le 14 juillet 1804 aux Invalides.
Notons que 48.000 personnes vont être élevées à la dignité de légionnaire sous le Consulat et l'Empire... dont un vingtième seulement de civils ! À la chute de Napoléon, le roi Louis XVIII maintiendra la Légion d'Honneur, substituant simplement l'effigie d'Henri IV à celle de l'Empereur sur les médailles.
En 2011, la Légion d'Honneur comptait environ 91.500 titulaires après un maximum de 320.000 en 1968.
Le collier et le musée de la Légion d'Honneur
Le collier du grand-maître de la Légion d’Honneur
Le chef de l'État, autrefois l'empereur ou le roi, aujourd'hui le président de la République, est de droit le grand-maître de la Légion d’Honneur. Il reçoit à ce titre le somptueux collier de grand-maître le jour de son entrée en fonction.
Ce collier porte la devise de l’ordre : Honneur et Patrie. Il comporte 17 maillons à l'avers desquels sont représentées l'une ou l'autre des activités de référence des légionnaires (activités civiles ou militaire). Au début de chaque mandat présidentiel, le nom du président est gravé au revers de l'un des maillons. L’actuel collier remonte à 1951. Il sera remplacé une fois tous les maillons gravés.
Depuis l'investiture de Valéry Giscard d'Estaing, en 1974, le collier n'est plus porté par le président mais lui est seulement présenté sur un coussin le jour de son entrée en fonction. Il est ensuite ramené dans sa vitrine du musée de la Légion d'Honneur, dans le joli hôtel de Salm (1782), au bord de la Seine et en face du musée d'Orsay.
Cet endroit accueillant, qui déroule l'histoire de la Légion d'Honneur comme de la plupart des ordres français et étrangers, vaut la visite et s'adresse aux enfants comme aux adultes. Il est gratuit et l'on n'a pas à y faire la queue comme au musée d'Orsay voisin.
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Ven 19 Mai 2023 - 7:43
Valéry Giscard d'Estaing (1926 - 2020) - Révolutionnaire malgré lui
Affiche de campagne de Giscard en 1974 (le candidat avec sa fille cadette Jacinthe)
Le dimanche 19 mai 1974, Valéry Giscard d'Estaing (48 ans) devient le troisième président de la Ve République en réunissant sur son nom les électeurs de droite et du centre.
Mal-aimé des Français, il n'occupera le palais de l'Élysée que le temps d'un septennat mais celui-ci restera comme l'un des plus féconds de la Ve République avec des réformes majeures qui vont bouleverser la société française.
Valéry Giscard d'Estaing a pris la mesure des bouleversements induits par les événements de Mai-68. Mais il a aussi eu la malchance d'arriver au pouvoir à la fin des « Trente glorieuses » quand la France n'avait encore que 440 000 chômeurs, avec une inflation très faible et une croissance de 5% par an. Sept ans plus tard, après deux chocs pétroliers, le pays comptera 1,6 million de chômeurs, une inflation à deux chiffres et une croissance de l'ordre de 1% par an. Il n'aura plus que 31% d'ouvriers contre 38% sept ans plus tôt.
Pour le bon et le moins bon, ce président a orienté le destin de la France pour un demi-siècle, ses successeurs ayant suivi bon gré mal gré les pistes qu'il a ouvertes : judiciarisation de la politique, libéralisation des moeurs et de l'économie, monnaie européenne, abandons de souveraineté au profit de l'Union européenne, immigration, etc.
Victoire à l'arraché
Enfant surdoué de la bourgeoisie, Valéry Giscard d'Estaing révèle ses talents en qualité de ministre des Finances et de l'Économie sous les présidences de De Gaulle et Pompidou.
Bien que la maladie du président Georges Pompidou fut depuis plusieurs mois devenue visible à tout un chacun, la classe politique se laisse surprendre par sa mort, survenue le 2 avril 1974.
Giscard se qualifie sans mal avec 32,6% des voix au premier tour contre 15,11% pour Chaban-Delmas, candidat gaulliste. Mais le second tour s'annonce très serré face au candidat unique de la gauche, François Mitterrand. VGE l'emporte avec 500 000 voix d'avance (50,81% des suffrages exprimés) au terme d'une campagne marquée par le premier débat télévisé en direct.
Alain Poher, président par intérim, laisse l'Élysée au nouvel élu. @Archives nationales/Présidence de la République.
Réformes tambour battant
Valéry Giscard d'Estaing, né à Coblence (Allemagne) en 1926
VGE place d'emblée sa présidence sous le signe de la jeunesse et du renouveau en se donnant un Premier ministre de 42 ans... Jacques Chirac.
Le gouvernement innove avec cinq ministères confiés à des femmes dont un ministère de la Condition féminine confié à Françoise Giroud.
Les réformes se succèdent tambour battant :
– 3 juillet 1974 : désireux de lutter contre la montée brutale du chômage à l'issue du premier choc pétrolier, le gouvernement suspend l'entrée de travailleurs étrangers ; cette politique de « préférence nationale » dans l'emploi sera complétée par un encouragement à l'immigration familiale, avec des effets pervers notables.
– 5 juillet 1974 : la majorité civique, qui était fixée à 21 ans depuis 1848, est abaissée à 18 ans.
– 7 août 1974 : l'ORTF (monopole public de la radio et de la télévision) est démantelée et donne naissance à sept chaînes concurrentes ; c'est un premier pas vers l'indépendance des médias audiovisuels.
– 14 octobre 1974 : indemnisation des chômeurs licenciés économiques sur la base de 90% de leur dernier salaire pendant un an (cette mesure sera rapidement abrogée).
– 21 octobre 1974 : création du « droit de saisine » avec la possibilité pour 60 députés ou 60 sénateurs de saisir le Conseil constitutionnel.
– 26 octobre 1974 : remboursement de la contraception par la Sécurité sociale.
– 28 novembre 1974 : vote de la loi Veil qui légalise l'avortement...
À noter aussi les années suivantes l'introduction du divorce par consentement mutuel, l'instauration du collège unique dans le but de favoriser un égal accès de tous les enfants à l'enseignement, la généralisation de la mixité dans les écoles, l'abolition de la censure, l'élection du maire de Paris au suffrage universel (31 décembre 1975), etc.
VGE reprend à son compte les grands chantiers initiés par Pompidou : électricité nucléaire, TGV, Airbus, Ariane, téléphonie.
Le gouvernement tente par ailleurs d'endiguer la crise économique avec une maladresse qui n'est pas sans rappeler celle de Pierre Mauroy en 1981 : – création de l'autorisation administrative de licenciement, – forte augmentation des allocations familiales et du minimum vieillesse, – relance de l'activité minière avec embauche de nouveaux mineurs, notamment marocains...
Par des gestes symboliques, Valéry Giscard d'Estaing veut aussi décoincer les pratiques républicaines, non sans parfois susciter le sourire : remplacement de la jaquette par le veston dans les cérémonies officielles, remontée à pied des Champs-Élysées le jour de son intronisation, changement du tempo de la Marseillaise, défilé du 14-Juillet à la Bastille, dîners informels chez des Français ordinaires et réception de ceux-ci à l'Élysée, petit-déjeuner en compagnie des éboueurs de son quartier...
La présidence au péril de la rigueur et de l'impopularité
Le chef de l'État a la malchance d'arriver au pouvoir juste après la guerre du Kippour, de sorte que l'opinion ne va pas manquer d'attribuer au président la crise économique et la poussée du chômage qui s'ensuivent. Le 25 août 1976, Jacques Chirac claque brutalement la porte du gouvernement. Il se pose désormais en rival de VGE et inaugure la guérilla contre le président en dénonçant le « socialisme rampant » de ce dernier.
Giscard le remplace à Matignon par un professeur d'économie, Raymond Barre. Il range au placard les réformes de société mais redouble par contre d'activisme en politique étrangère :
• création du Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement, • élection du Parlement européen au suffrage universel direct, • création en 1979 du Système monétaire européen (SME), prélude à la monnaie unique, • instauration du dialogue Nord-Sud, création du G7 (réunion périodique des principaux dirigeants du monde).
De son côté, sans prendre de gants, Raymond Barre inaugure une politique économique rigoriste, très libérale, voire néolibérale. Au terme de son ministère, il laissera une dette publique de seulement 20% du PIB mais aussi près de deux millions de chômeurs, cependant que le tissu industriel du pays aura commencé de se racornir en peau de chagrin.
Assommé par son échec de 1981 qu'il n'avait pas vu venir, l'ex-président va se comporter en vieux sage de la politique. Il connaîtra encore l'amertume du rejet de son projet de Traité constitutionnel européen par les référendums de 2005.
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Ven 19 Mai 2023 - 7:48
C'est sa fête : Yves
Yves Hélory, fêté le 19 mai, est né à Minihy-Tréguier, en Bretagne, au temps de Saint Louis (XIIIe siècle). Fils de gentilhomme, il fait de brillantes études de droit et devient juge ecclésiastique à Rennes.
Sa réputation d'intégrité lui vaut d'être nommé curé de Trédez mais il continue de plaider pour les pauvres. Il met ses biens et son manoir de Kermartin à leur disposition. Vénéré dès avant sa mort (1303), Yves de Tréguier est bien évidemment devenu le patron des avocats.
Sanctus Yvo erat Brito,
Advocatus et non latro,
Res miranda populo.
Saint Yves était Breton,
Avocat et non voleur,
Chose étonnante pour le peuple.
mariehelene Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Sam 20 Mai 2023 - 18:26
Pas facile ce "métier" de président !
J'ai "souvenance" des adieux un peu grandiloquents en direct à la télé du président Giscard !
mimi1260 aime ce message
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Dim 21 Mai 2023 - 10:13
21 mai 1539 - François Ier introduit la loterie en France
Les jeux d'argent sont aussi anciens que l'argent lui-même mais c'est seulement à la Renaissance que nos gouvernants s'y adonnent, y voyant un moyen indolore, voire agréable, de ponctionner les ressources de leurs sujets !
La première loterie d'État (lotto) est organisée à Florence en 1530. Le roi de France François Ier, très attentif comme chacun sait aux innovations d'outre-monts, introduit la loterie dans son royaume par un édit du 21 mai 1539. Mais le prélèvement de l'État sur les enjeux est tel qu'il décourage les joueurs.
Le lotto (gravure italienne)
L'idée est relancée en 1644 par Mazarin qui propose comme lots des objets précieux. Il s'agit de financer les églises et les institutions de piété. Le 15 octobre 1757, Louis XV établit une loterie permanente pour financer sa nouvelle École Militaire.
Enfin, Louis XVI fonde le 30 juin 1776 l'ancêtre de notre actuelle loterie : la Loterie Royale, épaulée par 700 buralistes et des colporteurs qui, deux fois par mois, « vendent de la chance ». Elle rapporte 11 millions de livres en 1789 mais, au nom de la morale, les républicains la suppriment le 15 novembre 1793. Nécessité faisant loi, ils restaurent néanmmoins une loterie le 30 septembre 1797. Louis-Philippe Ier la supprime le 21 mai 1836, n'autorisant que les loteries de bienfaisance.
Après la Première Guerre mondiale, on y revient avec le dessein d'aider les « Gueules cassées » (soldats victimes de graves mutilations faciales). C'est la naissance de la Loterie Nationale le 22 juillet 1933.
Une nouvelle étape est franchie avec la création du Loto le 10 juillet 1975, sans autre motivation que de restaurer les finances publiques altérées par la crise. Enfin, en 2010, sont légalisés (et taxés) les jeux en ligne. On n'invoque plus la morale ou la protection des personnes psychologiquement fragiles mais seulement le « réalisme » qui voudrait que l'on ne puisse résister à la pression d'Internet ou aux injonctions des libéraux de Bruxelles.
NB: Bonne idée pour les finances de l'Etat !
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Dim 21 Mai 2023 - 10:23
21 mai 1927 - Lindbergh traverse l'Atlantique
Le 21 mai 1927, l'Américain Charles Lindbergh (25 ans) réussit la première traversée en avion sans étapes de l'Atlantique Nord, quelques jours après la tentative malheureuse de Nungesser et Coli dans l'autre sens.
Le jeune homme franchit l'océan, de New York au Bourget, en volant seul et sans radio, uniquement aux instruments, à bord d'un monoplan Ryan, le « Spirit of Saint Louis ». Il parcourt 6 300 km à la vitesse de croisière d'environ 188 km, en 33 heures 30 minutes, s'assoupissant à plusieurs reprises et se réveillant au moment où l'avion frôle les vagues .
Drame familial et errance politique
Charles Lindbergh, cascadeur du ciel et pilote postal, accède à la suite de son exploit à une immense célébrité. Deux ans plus tard, en mai 1929, il épouse Ann Morrow (23 ans), fille de l'ambassadeur américain au Mexique.
Mais la vie du couple va être bouleversée le 1er mars 1932 par l'enlèvement et le meurtre du premier de leurs enfants. Charles Jr est enlevé dans leur propriété de 200 hectares, dans le New Jersey. Le corps en décomposition du bébé est retrouvé quelques semaines plus tard.
Au terme d'une enquête bâclée par le FBI de J. Edgar Hoover, l'assassin présumé est arrêté et exécuté. Il s'agit d'un immigrant allemand, charpentier de son état, repris de justice, Bruno H. Hauptmann.
Ann Lindbergh publie entretemps un livre sur ses aventures aériennes avec son mari. C'est un immense succès de librairie. Mais, meurtri par la mort de leur enfant et la traque sans fin des journalistes, le couple quitte l'Amérique et s'établit en Angleterre, dans le Kent.
Charles Lindbergh ne tarde pas à se rapprocher du « cercle de Cliveden », un groupe pacifiste pro-allemand et pro-nazi auquel participe l'ambassadeur Joseph Kennedy, le père du futur président.
Aussi, quand l'armée américaine le sollicite pour se rendre en Allemagne et évaluer l'avance de la Luftwaffe, il déborde le cadre de son enquête. C'est ainsi qu'il assiste aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 et fait l'éloge de Hitler, « indubitablement un grand homme ». En octobre 1938, à l'ambassade américaine de Berlin, il reçoit de Hermann Goering la Croix de l'Aigle allemand pour services rendus au Reich !
Dans son journal et ses conversations, le héros ne cache pas son admiration pour le Führer mais aussi son propre antisémitisme.
En octobre 1940, il participe à la fondation de l'organisation America First, à Yale, avec pour objectif de s'opposer à l'entrée en guerre des États-Unis. Devant 3 000 personnes, il préconise que l'Amérique « reconnaisse les nouvelles puissances en Europe ». Au printemps suivant, ses meetings rassemblent jusqu'à dix mille personnes à Chicago et New York. Le 11 septembre 1941, à Des Moines (Illinois), il demande : « Qui sont les agitateurs bellicistes » et nomme lui-même « la race juive » au nombre de ceux qui poussent l'Amérique à la guerre « pour des raisons qui ne sont pas qu'américaines ».
Le président Roosevelt ayant publiquement mis en doute sa loyauté, Lindbergh démissionne de son poste de colonel au ministère de la Guerre. Avec ironie, le ministre de l'Intérieur Ickes observe qu'il tient davantage à sa médaille allemande qu'à son grade américain !
Après Pearl Harbor et l'entrée en guerre des États-Unis, Charles Lindbergh va tenter de se racheter une conduite en réclamant et obtenant un poste sur le front Pacifique, contre le Japon... Il décèdera à Hawaï le 26 août 1974.
NB: Drôle "individu" !!!!!
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Lun 22 Mai 2023 - 7:19
Naissances
Gérard de Nerval - 22 mai 1808 à Paris - 26 janvier 1855 à Paris
Gérard Labrunie, plus connu sous son nom de poète, Gérard de Nerval, est l'une des figures les plus émouvantes de la poésie française. Naviguant entre réalité et rêve, il a évoqué en des mots immortels les troubles de l'adolescence... et les charmes du Valois. Mais il souffrait de troubles mentaux et, à l'aube du 26 janvier 1855, on l'a retrouvé pendu dans la rue de la Vieille-Lanterne, dans le quartier du Châtelet, à Paris. Il avait 46 ans. La plus belle part du romantisme s'est éteinte avec lui.
Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insouciant et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.
C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre
Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet ;
Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
Au fond du coffre froid où son corps frissonnait.
Il était paresseux, à ce que dit l'histoire,
Il laissait trop sécher l'encre dans l'écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n'a rien connu.
Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d'hiver, enfin l'âme lui fut ravie,
Il s'en alla disant : «Pourquoi suis-je venu ?»
(Gérard de Nerval, Épitaphe)
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Lun 22 Mai 2023 - 7:21
Hergé - 22 mai 1907 à Etterbeek (Belgique) - 3 mai 1983(Belgique)
Georges Remi, plus connu sous son nom de plume Hergé (les initiales de son nom et de son prénom, RG), est né dans un foyer modeste de Etterbeek, dans la banlieue de Bruxelles. C'est un garçon timide et anxieux, aux antipodes de son plus célèbre héros Tintin. Il gardera toute sa vie un amer souvenir de son enfance...
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Lun 22 Mai 2023 - 7:34
Décès
Victor Hugo - 26 février 1802 à Besançon - 22 mai 1885 à Paris
Victor Hugo surpasse par sa puissance créatrice, son imagination et l'étendue de ses talents tous les écrivains de sa génération. Il demeure aussi aux yeux du monde « le plus grand poète français.. hélas », selon la formule plaisante de l''écrivain André Gide
Un poète d'influence
Victor Hugo naît à Besançon le 26 février 1802, sous le Consulat... Les héros de l'épopée révolutionnaire et impériale ne savent pas encore qu'ils ont gagné le plus grand mémorialiste qui soit.
En 1819, Hugo reçoit ses premières récompenses de l'Académie des Jeux floraux (Toulouse) pour deux odes royalistes. Le jeune poète se range parmi les ultra-royalistes et chante la naissance inespérée du duc de Bordeaux, ce qui lui vaut une substantielle récompense du roi Louis XVIII. En 1825, il reçoit la Légion d'Honneur en même temps que son aîné Lamartine. Il assiste aussi à Reims au sacre de Charles X, successeur de Louis XVIII.
Ecce lex, le pendu, dessin de Victor Hugo, 1854 (Maison de Victor Hugo)
Dès cette époque, Victor Hugo s'engage contre la peine de mort. Le poète n'est pas seul, loin de là, dans ce combat d'avant-garde.
Dès les années 1820, de nombreux bourgeois éclairés veulent comme lui en finir avec ce reliquat de la barbarie. François Guizot échoue de peu à faire voter une loi dans ce sens.
À l'avènement du roi bourgeois Louis-Philippe 1er, le poète s'affiche en chef de file de la jeune génération de l'école romantique et s'attire très tôt une célébrité nationale et internationale avec Hernani ou encore Notre-Dame de Paris.
Il se fend de quelques vers patriotiques en l'honneur des victimes de la révolution des « Trois Glorieuses » en 1830 :
« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie... » (*).
Avec son ami Alexandre Dumas, il fonde le théâtre de la Renaissance en 1838, pour lequel il crée Ruy Blas. Il voyage aussi en France et en Europe, multipliant les notes et les croquis. Ces derniers témoignent d'un talent certain de dessinateur et lui eussent assuré à eux seuls la notoriété s'il n'y avait eu l'écriture.
Château en Allemagne, sanguine de Victor Hugo
Un poète engagé
La mort tragique de sa fille Léopoldine, en 1843, détourne Victor Hugo de toute publication d'envergure pendant une dizaine d'années. Académicien dès 1841 et pair de France en 1845, il devient un notable et fait figure de fossile auprès des nouvelles générations d'écrivains, Flaubert...
Victor Hugo plante un arbre de la Liberté sur la place Royale (place des Vosges), dessin de Julius Vogel
Quand survient la révolution républicaine de 1848, animée par des libéraux et des républicains modérés, lui-même s'en tient à l'écart et même s'y oppose, fidèle à son passé royaliste.
Mais dans les mois suivants, sa conscience politique se réveille. Il vire à gauche (« J'ai grandi ! » dira-t-il en 1854 de ce moment-là).
Quand tout le continent entre en ébullition, il se fait le champion de la « Révolution des peuples » et en appelle à la création des États-Unis d'Europe.
Il s'engage aussi aux côtés de Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er et candidat aux premières élections présidentielles, appréciant son côté social, voire socialiste. Mais, déçu de n'avoir pas obtenu le ministère de l'Éducation qu'il convoitait, il se fâche avec le prince-président.
Edmond Bacot, Victor Hugo photographié à Hauteville House, 1862Après le coup d'État par lequel Louis-Napoléon rétablit l'Empire, le poète s'exile volontairement avec sa famille et sa maîtresse Juliette Drouet à Bruxelles, puis sur l'île anglo-normande de Jersey, enfin sur celle de Guernesey.
Il va y résider jusqu'à la chute de l'Empire, refusant avec obstination les amnisties et le pardon de l'empereur : « S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! ». Paradoxalement, cette fuite de 20 ans lui vaut une seconde naissance, réalisant son souhait secret. « Je veux l'influence et non le pouvoir », avait-il écrit en 1848 (*).
Enfin rasséréné, il se livre au grand projet romanesque en gestation depuis trente ans : Les Misérables. La publication du roman en 1862 lui vaut une popularité dans tous les pays et toutes les classes sociales.
Orgueil de la République
Victor Hugo ne consent à rentrer à Paris qu'au lendemain de la proclamation de la République, le 5 septembre 1870. Le vieillard traverse Paris au milieu d'une foule émue et reconnaissante.
Le jour de ses 80 ans, Victor Hugo a la surprise de voir les Parisiens joncher de fleurs la portion de l'avenue d'Eylau où il habite, au n°130. Le même jour, la municipalité donne son nom à cette même voie, ce qui lui permettra de voir son adresse ainsi libellée : « Monsieur Victor Hugo, en son avenue » !
À sa mort, le 22 mai 1885, Victor Hugo bénéficie de funérailles grandioses autant qu'émouvantes. Aux côtés de son contemporain Louis Pasteur, le poète symbolise le triomphe de la République et la plus grande gloire de la culture française.
mariehelene Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Lun 22 Mai 2023 - 8:17
pour les portraits de ces trois personnages bien différents !
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Lun 22 Mai 2023 - 10:36
En effet, chacun très attachant avec leur personnalité et quels talents !
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Lun 22 Mai 2023 - 17:21
C'est bientôt...
24 mai 1950 - La fête des Mères devient nationale
Colliers de nouilles, dessins maladroits, poèmes, chansonnettes et mots d’amour, les enfants (petits et grands) célèbrent leur maman au moins une fois par an le dernier dimanche du mois de mai, lors de la « fête des Mères ».
Inspirée de cultes païens, reprise par les natalistes du XIXème siècle, elle fut propagée par Vichy mais c’est la IVème République qui en fit une fête nationale en France.
Retour sur l’origine de cette tradition, à mi-chemin entre la propagande et l’argument commercial, mais dont le message d’amour reste essentiel de nos jours...
Carte postale des années 1950.
Les mamans, célébrées depuis bien longtemps
L’humanité a souvent rendu hommage à celle qui lui donne la vie, celle qui enfante, la mère. Dès l’Antiquité, les Grecs glorifient la maternité en célébrant tout au long de l’année, et particulièrement au printemps, la mère de tous leurs dieux, Rhéa.
Au Vème siècle av. J.-C., les Romains rendent hommage aux femmes et aux mères lors des Matraliae. Cette fête qui se déroule le 11 juin, au moment où l’on se rapproche du solstice d’été, célèbre Mater Matuta, la déesse de l’aube et de l’enfantement.
Affiche de Félix Régamey pour la Fête des Mères, 28 mai 1906.
Le Moyen Âge voit disparaître en Europe cette célébration au profit du culte d’une mère, celle du Christ. Et honorer la Vierge Marie ne peut être associé à une « fête des Mères » en raison des questions théologiques sur sa virginité.
La tradition réapparaît en Angleterre au XVIème siècle. Le « mothering Sunday », dimanche des mères, est institué pour donner le droit aux domestiques des grandes familles anglaises d’avoir un jour de repos par semaine afin de se retrouver en famille.
En France, en 1897, l’Alliance nationale contre la dépopulation, créée un an plus tôt par le médecin, démographe et statisticien Jacques Bertillon (1851-1922), lance l’idée d’une fête des enfants, afin de mettre en avant l’importance de la fécondité.
C'est dans cet esprit que Prosper Roche, instituteur à Artas, fonde en 1904 une société de secours mutuels « l'Union Fraternelle des Pères de Famille Méritants d'Artas » et prévoit l’organisation d'une journée annuelle pour remettre des « récompenses de haut mérite maternel ». Cette célébration a lieu pour la première fois le 10 juin 1906 dans la cour de l’école de garçons d'Artas.
Plus tard, en pleine guerre mondiale, le 16 juin 1918, le colonel de la Croix-Laval va instaurer la première « Journée des mères » officielle, à Lyon pour rendre hommage à toutes les femmes ayant perdu un fils dans les tranchées.
Le traumatisme des pertes humaines de la Grande Guerre amplifie la crainte de la dépopulation. Les pouvoirs publics incitent les municipalités à organiser au mois de mai une journée pour célébrer les mamans.
Une idée mise en application par Vichy
Affiche du 25 mai 1941 diffusée dans les écoles françaises pour promouvoir la journée des Mères.
La véritable consécration de cette célébration commence en 1941.
C’est sous le régime de Vichy qu’elle devient une fête nationale, célébrée le dernier dimanche de mai sous la dénomination de « journée des Mères ».
Le régime officialise la journée des mères le 25 mai 1941 et incite les enfants à la prendre en charge.
Ce jour-là, une affiche propagandiste est placardée dans toutes les écoles de France. Le message suivant y est inscrit : « Ta maman a tout fait pour toi, le Maréchal te demande de l’en remercier gentiment… »
La mère de famille acquiert une existence sociale à part entière. Les mairies d’arrondissement organisent la célébration de la journée des Mères le 31 mai 1942. Le peu de moyens mis en place fait dire à Jean Cocteau, ironique, « fête des Mères, fête de la Misère. »
La fête des Mères est inscrite dans le calendrier républicain
Il faut attendre la IVème République pour que la « fête des Mères » soit inscrite en tant que loi, dans le calendrier républicain. Le président socialiste Vincent Auriol promulgue la loi du 24 mai 1950 qui stipule : « La République française rend officiellement hommage chaque année aux mères françaises au cours d’une journée consacrée à la célébration de la « fête des Mères ».
Publicité pour la marque d'électroménager Moulinex ciblée pour la fête des Mères dans les années 1960. .
L’organisation des festivités est prise en charge par le ministère de la Santé, puis par celui de la Famille.
La Vème République reprend elle aussi cette célébration. La fête devient dans les années 1960 un moyen d'encourager la consommation et de vendre des appareils ménagers...
Toujours est-il que la tradition perdure et que les Français célèbrent leur mère chaque année le dernier dimanche du mois de mai, sauf exception, si la date coïncide avec celle de la Pentecôte, la fête des Mères a alors lieu le premier dimanche de juin.
Même si les enfants continuent de concevoir des cadeaux « faits main » à l’école, à l’initiative des enseignants, les marques et grands magasins se réjouissent encore, eux aussi, de l’arrivée de cette fête, qui constitue pour eux un excellent argument commercial.
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mar 23 Mai 2023 - 7:57
23 mai 1430 - Jeanne d'Arc est capturée à Compiègne
Le 23 mai 1430, Jeanne d'Arc est capturée par les Bourguignons en tentant de secourir avec sa troupe les habitants de Compiègne, au nord de Paris.
Les Anglais vont alors se la faire livrer, en vue de la faire condamner par un tribunal ecclésiastique. Ils espèrent de la sorte mettre au jour sa nature de sorcière et dévaluer le sacre de leur ennemi Charles VII...
Plus de détails La capture de Jeanne d'Arc représentée dans une gravure britannique ornant l'ouvrage A Chronicle of England: B.C. 55 – A.D. 1485 (Londres, 1864).
De l'échec au drame
Les Anglais sont très affaiblis et quelque peu démoralisés par leurs échecs successifs depuis la levée du siège d'Orléans. Le duc de Bedford, qui assume la régence en France pour le compte du jeune roi Henry VI, se voit contraint d'appeler à l'aide le cardinal de Winchester, son oncle, qui a déjà mis sous sa coupe l'Angleterre et son régent, le duc de Gloucester. Le cardinal détourne vers la France une armée qu'il avait recrutée pour combattre les hérétiques hussites dans la lointaine Bohème. Lui-même et ses soldats rencontrent à Paris le duc de Bourgogne le 30 septembre 1429.
Leurs alliés bourguignons se sentent pousser des ailes. Fringant étalon, le duc Philippe le Bon célèbre avec Isabelle de Portugal son troisième mariage le 10 janvier 1430 et par la même occasion crée le fameux Ordre de la Toison d'Or. Là-dessus, en avril, à la fin de l'hiver, il décide délibérément de rompre la trêve et se lance à la reconquête de Compiègne, un verrou sur l'Oise, au nord de Paris, qui l'empêche de lier ses possessions à celles des Anglais.
Le 15 avril 1430, il entame le siège de la ville avec son lieutenant Jean II de Luxembourg-Ligny, comte de Guise. Les habitants appellent Jeanne à l'aide. Celle-ci lève avec ses propres deniers une troupe de 400 mercenaires et se précipite à leur secours sans en référer au roi. Elle entre dans la ville à la faveur de la nuit. Mais le lendemain, le 23 mai 1430, en tentant une sortie, elle est encerclée par les Bourguignons et capturée par un archer picard qui la livre à son seigneur Jean de Luxembourg.
Jeanne n'a pas l'espoir que le seigneur bourguignon demande une rançon au roi Charles VII en échange de sa libération car elle-même, quelque temps plus tôt, a refusé de libérer contre rançon un routier bourguignon, Franquet d'Arras, et l'a au contraire livré à la justice royale pour qu'il soit exécuté en vertu de ses crimes innombrables.
La Pucelle est donc dans un premier temps enfermée au château de Beaulieu-en-Vermandois, d'où elle tente de s'échapper. Le mois suivant, elle est transférée au château de Beaurevoir, au nord de la Picardie. Elle tente une deuxième fois de s'évader en se laissant descendre le long d'une corde confectionnée avec ses draps. Mais la corde rompt et elle fait une chute douloureuse.
Très vite, son geôlier est harcelé par Henri Beaufort, cardinal de Winchester, qui, à Londres, a repris en main les affaires du Continent. Celui-ci veut à tout prix que la captive soit jugée et condamnée pour sorcellerie et hérésie afin de couper court à sa popularité et ruiner le crédit de Charles VII... Que vaudrait en effet un sacre acquis grâce à une sorcière ?
L'Anglais multiplie les pressions, entame le blocus des ports flamands et finalement rachète Jeanne pour dix mille livres tournois, soit un montant équivalent à une rançon royale ! La prisonnière est conduite à Arras, puis au Crotoy, à Dieppe et enfin à Rouen où elle doit être jugée. Son procès va pouvoir commencer...
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mar 23 Mai 2023 - 8:03
C'est sa fête : Didier
Évêque de Vienne, sur le Rhône, au temps des Mérovingiens, Didier (de desiderius, désir) est un passionné de grammaire ce qui lui vaut un reproche du pape Grégoire le Grand : « Il ne te sied pas de jouer à l'écolâtre ! ». Plus gravement, il est victime en 602 d'une fausse accusation de viol montée de toutes pièces par l'évêque de Lyon Arige et la reine Brunehaut, aïeule du roi de Bourgogne Thierry II.
L'évêque est envoyé en exil. Amnistié quelques années plus tard, il retrouve l'évêché de Vienne mais reprend ses critiques contre le comportement autoritaire et les vices de la reine Brunehaut. Il est en définitive condamné à la lapidation et meurt le 23 mai 607. Sur le lieu de son martyre s'élève aujourd'hui Saint-Didier-sur-Chalaronne (Ain).
En 613 meurent à leur tour Brunehaut (70 ans) et le roi Thierry II (17 ans), devenu entre temps roi de Bourgogne et d'Austrasie.
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mar 23 Mai 2023 - 8:10
Personnellement ,j'ai de la peine à considérer Jeanne d'Arc comme une "Sainte".
Mais quel destin incroyable et assez étonnant !!!!
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mar 23 Mai 2023 - 8:35
Bonjour mariehelene . L'élévation de Jeanne au statut de sainte, arrangeait la royauté française opposée alors aux anglais qui réclamaient la couronne de France . D'ou la guerre de Cent ans (1337-1453)commencée sous le règne de Philippe VI de Valois , terminée sous Charles VII.
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mer 24 Mai 2023 - 5:52
24 mai 1337 : Philippe VI de Valois confisque la Guyenne
Le 24 mai 1337, le roi Philippe VI de Valois confisque la Guyenne à son cousin, le roi d'Angleterre Édouard III. Cette mesure arbitraire va pousser l'Anglais à contester la légitimité de l'élection de Philippe VI au trône de France. Ce sera le début de la guerre de Cent Ans.
Début de la guerre de Cent Ans
Le 7 octobre 1337, à l'abbaye de Westminster, le roi d'Angleterre Édouard III** lance publiquement un défi à son cousin le roi de France. Il conteste la légitimité de Philippe VI de Valois et revendique la couronne de France pour lui-même. C'est le début de la guerre de Cent Ans.
Montée des revendications
Edouard III (13 novembre 1312 ; 21 juin 1377) en costume de grand-maître de l'Ordre de la Jarretière (1430, William Bruges, Garter Book, British Library)
L'accession au trône de Philippe VI de Valois*, après la mort sans postérité du dernier fils de Philippe le Bel, n'avait pas été sans susciter de contestation.
À peine élu, le nouveau roi de France avait tenté de consolider son autorité en écrasant au Mont Cassel, près de Lille, le 23 août 1328, les Flamands insurgés contre leur comte, Louis de Nevers.
Là-dessus, il avait rappelé au roi d'Angleterre Édouard III qu'il devait lui rendre hommage pour ses possessions de Guyenne et de Gascogne. Selon les règles féodales, ces provinces relevaient en effet de la monarchie française, qui était censée les avoir confiées aux Plantagenêts en qualité de fiefs.
Les choses se gâtent dès lors très vite. Le comte de Flandre prend le parti du roi de France dans la querelle qui s'amorce. Or les bourgeois flamands tirent leur prospérité de la laine anglaise qu'ils importent en abondance et dont ils font des draps qu'ils vendent dans toute l'Europe.
Édouard III punit la Flandre en imposant l'embargo sur les exportations de laine anglaise le 12 août 1336. Mis en difficulté, les drapiers flamands se soulèvent contre leur comte sous la direction de l'un des leurs, Jacob van Artevelde, un marchand de Gand charismatique et éloquent. Ce dernier suggère au roi d'Angleterre de revendiquer pour lui-même la couronne de France...
Philippe VI de Valois, loin de calmer le jeu, prononce le 24 mai 1337 la confiscation de Bordeaux et du duché de Guyenne. C'est la guerre (... de Cent Ans) !
Un intrigant français à Londres
Le roi d'Angleterre est aussi encouragé à la guerre par Robert III d'Artois.
Son père Philippe est mort en 1298 des suites de ses blessures à la bataille de Furnes contre les Flamands, un an plus tôt. Ensuite est mort son grand-père Robert II d'Artois à la « bataille des éperons d'or », en 1302. Du coup, le jeune Robert a été privé de la succession au profit de sa tante Mahaut.
Beau-frère du roi Philippe VI de Valois dont il a épousé la demi-sœur, le colérique féodal intrigue sans trêve pour recouvrer ses droits et n'hésite pas à produire de faux documents. Son épouse Jeanne de Valois et ses fils sont incarcérés à Château-Gaillard. Lui-même doit s'enfuir et va chercher une revanche à Londres.
Personnage haut en couleur, il est au cœur de la saga historique de Maurice Druon : Les rois maudits.
C'est ainsi qu'à Westminster, Édouard III défie publiquement Philippe VI qu'il appelle « Philippe de Valois, qui se dit roi de France ». Quelques mois plus tard, en janvier 1338, chez ses alliés flamands de Gand, il prend publiquement le titre de « roi de France ».
Le conflit va rebondir avec une guerre de succession ouverte en Bretagne par la mort du duc Jean III.
De désastre en désastre
Le roi d'Angleterre a d'abord l'avantage sur son cousin et rival, Philippe VI. La flotte française est détruite dans le port flamand de l'Écluse, en aval de Bruges, le 24 juin 1340. Quelques années plus tard survient à Crécy le premier affrontement terrestre.
Par Isaulde Haymante
Isaulde Haymante enseigne l'Histoire dans un lycée de Bruxelles et prépare une thèse sur l'Antiquité. Elle participe pendant ses vacances scolaires à des chantiers de fouilles en Orient et notamment en Turquie.
NB: *neveu de Philippe IV le Bel
**Petit-fils de Philippe IV le Bel , il aurait dû, à ce titre, ceindre la couronne de France.
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mer 24 Mai 2023 - 6:25
En rapport avec la guerre de Cent ans
Loi salique
La Loi Salique(parchemin du VIIIe siècle-BNF)
On appelle « loi salique » le code de lois des Francs saliens, une tribu germaine établie au Ve siècle sur les bords de la rivière Sala (aujourd'hui l'Yssel, en Belgique).
Ce texte mystérieux aurait été rédigé du temps de Clovis et plusieurs fois mis à jour jusqu'à l'époque de Charlemagne. Il comporte quelques articles qui énoncent le prix à payer pour différents délits et crimes ; c'est le wergeld, une justice archaïque d'inspiration germanique qui constitue une alternative à la vengeance personnelle ou familiale.
Les juristes français s'y réfèrent au XVe siècle pour justifier a posteriori l'accession au trône de Philippe VI de Valois en excluant les femmes de la succession au trône de France*(au contraire des seigneuries ordinaires). En fait de « loi salique », ils exhibent un vieux document où il est simplement dit à propos de contrats de droit privé : « femme ne peut servir de pont et de planche » !
Au siècle suivant, le 28 juin 1593, le Parlement de Paris introduit la loi salique dans le droit avec l'arrêt Le Maistre.
Les rois d'Espagne, également d'ascendance capétienne, se référeront également à ladite loi jusqu'au XIXe siècle.
* Isabelle de France, fille de Philippe IV le bel, épouse du roi d'Angleterre Edouard II, et mère d'Edouard III qui, sans la Loi salique, aurait dû hériter du trône de France après la mort de son oncle Charles IV, roi de France, frère d'Isabelle !
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mariehelene Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mer 24 Mai 2023 - 11:23
Bien troublée cette période de notre histoire !Il est vrai que "les rois maudits" aident à s'y retrouver un peu mieux dans ces successions et ce méli-mélo Angleterre France
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mer 24 Mai 2023 - 12:37
Bonjour mariehelene, compliqué mais pas tant que ça . le 25 décembre 1066 le Duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, conquiert l'Angleterre et en devient le Roi .Depuis, tous les Rois et Reines d'Angleterre descendent de Guillaume y compris Elisabeth II et son fils Charles III.
Dernière édition par mimi1260 le Jeu 25 Mai 2023 - 9:01, édité 1 fois
mimi1260 Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Mer 24 Mai 2023 - 16:31
24 mai 1873 - Mac-Mahon succède à Thiers à l'Élysée
Le 24 mai 1873, à Versailles, la majorité monarchiste de l'Assemblée nationale retire sa confiance au président de la République Adolphe Thiers. Elle lui reproche son manque d'empressement à restaurer la monarchie après l'effondrement du Second Empire.
Une « élection de maréchal »
Le président Patrice de Mac-Mahon (13 juin 1808, Sully, Saône-et-Loire - 17 octobre 1893, Montcresson)
Le maréchal Patrice de Mac-Mahon, duc de Magenta, héros de Malakoff (65 ans) est le jour même hissé à la présidence de la République avec pas moins de 300 voix sur 392 (on qualifie depuis lors d'« élection de maréchal » une élection à la quasi-unanimité !).
Légitimiste bon teint, il annonce son intention de rétablir l'« ordre moral » et laisse au vice-président du Conseil Albert de Broglie le soin de préparer la restauration de la monarchie. Mais les efforts de celui-ci se brisent sur l'entêtement du prétendant, le comte de Chambord, qui exige le 27 octobre 1873 la réhabilitation du drapeau blanc, inacceptable pour la très grande majorité des Français.
Pour préserver les chances de la restauration monarchique, les députés votent le 20 novembre 1873 une loi qui fixe à sept ans (un septennat) le mandat du président de la République. Quatorze mois plus tard, toutefois, le 30 janvier 1875, le député Wallon, républicain convaincu et fervent catholique, fait voter un amendement qui, sous une apparence banale, introduit le mot fatal : République ! C'en est fini des rêves de restauration monarchique. La plupart des Français, par accoutumance et résignation, se rallient à la république conservatrice que Thiers appelait de ses vœux.
Plusieurs lois constitutionnelles précisent en 1875 les pouvoirs du président. Celui-ci nomme les ministres, peut dissoudre la Chambre des députés, a l'initiative des lois, ratifie les traités, dirige les armées et bénéficie du droit de grâce, privilège d'inspiration monarchique. Cette magnifique construction va sombrer en moins de deux ans à la faveur d'un conflit violent entre le président et la nouvelle majorité républicaine de la Chambre.
Après cette crise du « Seize Mai » qui va renforcer dans les urnes le camp républicain, le président se résigne à ne plus faire usage de son droit de dissolution de l'assemblée et ses successeurs suivront la règle, perdant en conséquence beaucoup de leur autorité. Lui-même, désabusé, démissionne avant le terme de son mandat.
André Larané
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Ven 26 Mai 2023 - 10:26
26 mai 1755 - Exécution de Mandrin
Le 26 mai 1755, le contrebandier Louis Mandrin (30 ans) est roué vif à Valence (Dauphiné).
Le condamné subit d'abord la torture des brodequins : ses jambes sont écrasées entre deux planches en vue de lui faire avouer le nom de ses complices. Puis il est conduit à l'échafaud, sur la place du Présidial. Le bourreau brise ses membres à coups de barre. Enfin, il expose le condamné face au ciel sur une roue de carrosse.
Le fier contrebandier supporte ce supplice sans mot dire. Au bout de huit minutes, le bourreau l'étrangle à la demande de l'évêque, touché par son repentir, mettant ainsi fin à ses souffrances. Plusieurs milliers de personnes assistent à la scène. Très vite va se répandre la légende du bandit magnanime puni pour avoir volé les collecteurs d'impôts.
La brève épopée de Mandrin est symbolique des iniquités fiscales dans les décennies précédant la Révolution française.
De l'injustice à la révolte
Né à Saint-Étienne de Saint-Geoirs, dans le Dauphiné, Louis Mandrin est l'aîné d'une famille de neuf enfants. Il a 17 ans quand meurt son père, un maréchal-ferrant prospère. Inapte à développer l'entreprise familiale, il signe en 1748 un contrat avec les collecteurs de taxes de la Ferme générale en vue de ravitailler l'armée française qui guerroie en Italie.
À la fin de sa mission, ayant perdu la plupart de ses 97 mulets dans la traversée des Alpes, ne voilà-t-il pas que la Ferme générale refuse de le payer !
Là-dessus, son propre frère est pendu pour faux-monnayage suite à une intervention de la Ferme générale. Lui-même participe à une rixe sanglante le 30 mars 1753 et doit s'enfuir pour échapper au supplice de la roue. Devenu hors-la-loi, il prend la tête d'une bande de contrebandiers et déclare la guerre à la Ferme générale, non sans afficher son dévouement au roi !
Mandrin, qui a la fibre militaire, organise ses troupes comme une armée, avec solde, grades et discipline. En 1754, en l'espace d'une année, il organise en tout et pour tout six «campagnes». Au début de chaque campagne, il achète du tabac et quelques autres marchandises en Suisse et dans le duché indépendant de Savoie.
Ensuite, il pénètre en territoire français avec quelques dizaines de complices, investit une ville ou une autre et vend ses marchandises au vu et au su de chacun, pour la plus grande satisfaction des habitants, ravis de l'aubaine.
Louis Mandrin (gravure d'époque, BN)
Les fermiers généraux ripostent en obtenant dès le printemps 1754 des lois contre les personnes qui achèteraient quoi que ce soit aux contrebandiers.
Louis Mandrin a l'idée, lors d'une campagne, à Rodez, de «vendre» ses marchandises aux employés locaux de la Ferme sous la menace des armes. En d'autres termes, il pille les caisses de l'institution.
En octobre, sa cinquième campagne, au Puy, tourne mal. Elle lui vaut une grave blessure au bras suite à un échange de tirs avec les troupes de la Ferme générale. La Ferme, cette fois, obtient du roi l'intervention de l'armée. Mandrin, qui eut tant aimé servir comme officier, est désolé par la perspective d'avoir à affronter des soldats royaux.
Le régiment de chasseurs du capitaine Jean-Chrétien Fischer intervient précisément lorsque Mandrin lance sa sixième campagne, à Autun et Beaune, le 19 décembre 1754. Les contrebandiers sont pris en chasse alors qu'ils quittent Autun. C'est le massacre. Mais Mandrin arrive in extremis à s'enfuir en Savoie.
Le capitaine des troupes de la Ferme générale, Alexis de la Morlière, déguise 500 de ses hommes en paysans et les fait pénétrer en toute illégalité sur le territoire du duché.
Louis Mandrin, le contrebandier de belle prestance que l'on surnommait «Belle humeur» est trahi par deux membres de sa bande. Il est pris avec trois comparses au château de Rochefort et ramené en France, à Valence.
Indigné par la violation de son territoire, le duc Charles-Emmanuel III de Savoie demande à son neveu Louis XV la restitution du prisonnier. Comme le roi de France s'apprête à lui céder, la Ferme générale accélère les formalités de jugement de son ennemi juré. La condamnation tombe le 24 mai 1755 et elle est exécutée deux jours plus tard.
Il va très vite jouir d'une immense popularité, à la mesure de la haine vouée aux gabelous et aux agents de la Ferme. Le Testament politique de Louis Mandrin d'Ange Goudar est sept fois réédité dans l'année qui suit son exécution. Et l'on fredonne cette chanson :
Je péris pour avoir dépouillé des brigands ;
J'aurais joui comme eux d'une autre récompense,
Si j'avais dépouillé des peuples innocents.
André Larané
NB: Cette époque ou régna ce "mauvais" Roi Louis XV engendra 38 ans plus tard la Révolution qui enverra son petit-fils Louis XVI à la guillotine !
mariehelene Moderateur
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Ven 26 Mai 2023 - 17:29
Merci pour ce long article sur Mandrin !!!
Puis-je publier cette belle complainte ????
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Sujet: Re: c'est arrivé en mai Ven 26 Mai 2023 - 18:03
Très belle complainte parfaitement interprétée par Yves Montand.