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Sujet: Evènements du jour Mar 8 Aoû 2023 - 5:58
Rappel du premier message :
7-8 août 1786 - Première ascension du Mont Blanc
Le 7 août 1786, Jacques Balmat (24 ans) et le médecin Michel Paccard (29 ans) entreprennent la première ascension du Mont Blanc. Les deux hommes mettront deux jours à réaliser l'ascension, inventant sans le savoir une discipline promise à un prodigieux succès : l'alpinisme.
Point culminant des Alpes - 4810 mètres à l'époque ; 4807 aujourd'hui, d'après les derniers relevés -, le Mont Blanc (orthographe) appartient à ce moment-là au royaume de Piémont-Sardaigne comme l'ensemble de la Savoie.
Le village de Chamouny vers 1780 (aujourd'hui Chamonix) vue depuis le Brévent, avec à gauche la Mer de Glace et à l'arrière-plan le mont Blanc (lithographie d'A. Bachmann, d'après une gravure de Louis Bleuler)
Le mont Blanc, de maudit à convoité
Nul n'a encore songé à escalader ce massif impressionnant, qualifié de montagne maudite par les Savoyards. De son sommet toujours couvert de neige et souvent noyé dans les nuages, descendent de redoutables glaciers, le glacier des Bossons et la Mer de Glace. Peu de gens, d'ailleurs, le connaissent, en-dehors des villageois du cru, car le massif alpin est encore largement dépourvu de voies carrossables. Au pied du massif du Mont-Blanc, le modeste village de Chamonix n'est lui-même accessible que par des sentiers muletiers.
Horace Benedict de Saussure (17 février 1740, Conches, près de Genève ; 22 janvier 1799, Genève), par Jens Juel (bibliothèque de Genève)
Toutefois, un jeune physicien et naturaliste genevois, Horace Bénédict de Saussure (20 ans), découvre en 1760 ce village. Envoûté par la montagne, il promet une prime consistante à qui atteindra le premier le sommet du Mont Blanc.
Lui-même en tente l'ascension à plusieurs reprises avec un guide local mais échoue régulièrement, tout comme les autres amateurs, attirés par la perspective de la prime. Il faut dire que les uns et les autres n'imaginent pas de faire étape une nuit complète sur le flanc de la montagne, par crainte de démons ou d'on ne sait trop quoi.
En 1786, un jeune cristallier du lieu, Jacques Balmat, décide de suivre une équipe qui va encore une fois tenter l'exploit. Mais il est distancé par ses compagnons. Perdu et terrorisé, le voilà obligé de se réfugier dans une grotte pour y passer la nuit. Le lendemain, il repère un passage vers le sommet. Convaincu de pouvoir enfin y accéder, il redescend à Chamonix en quête d'un compagnon d'escalade. Ce sera le médecin du village, Michel Paccard. Les deux hommes reprennent l'ascension et passent la nuit dans la même grotte avant de se porter enfin au sommet le 8 août à 18h22 !
Jacques Balmat se rend à Genève pour informer de Saussure de son succès et recevoir la prime. Ensemble, ils partiront eux-mêmes à l'ascension du sommet qu'ils atteindront le 3 août suivant.
L'ascension du Mont Blanc devient très vite un défi que se lancent les jeunes villageois. Le 14 juillet 1808, Jacques Balmat arrive au sommet avec quelques compagnons d'aventure et, pour la première fois, une femme, Marie Paradis (31 ans). Mais l'exploit de la modeste villageoise sera altéré par la suspicion qu'elle ait été portée par ses compagnons sur une partie du parcours.
La deuxième femme à atteindre le sommet et dont la réussite est incontestée est une riche passionnée d'alpinisme, Henriette d'Angeville (44 ans), le 3 septembre 1838. Cela vaudra à cette célibataire sportive le surnom de « fiancée du mont Blanc »...
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Sujet: Re: Evènements du jour Mar 10 Sep 2024 - 7:32
Bonjour mariehelene ..
Mort de "Sissi", suite
Fin des Habsbourg
Apprenant la mort de son épouse, le vieil empereur murmure : « Rien ne me sera donc épargné sur cette terre ». Et il ajoute pour lui-même : « Nul ne sait combien nous nous sommes aimés ;».
L'empereur, il est vrai, n'est pas gâté par le sort. Avant l'assassinat de sa femme, il a connu la mort tragique de son frère Maximilien à Queretaro, au Mexique, en 1867, et le suicide de son fils Rodophe à Mayerling. La soeur de sa femme, la duchesse Sophie d'Alençon, a brûlé vive dans l'incendie du Bazar de la Charité, à Paris, en 1897.
« Der alte Herr » (le vieux Monsieur) n'est pas au bout de ses peines. Son héritier et neveu, l'archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo le 28 juin 1914. À sa mort, le 21 novembre 1916, à 86 ans, après un règne interminable de 68 ans, François-Joseph Ier laisse un trône en sursis et un empire en déconfiture.
Le destin sentimental et tragique de « Sissi » a suscité une abondante littérature et fait la gloire de Romy Schneider au cinéma, dans les films d'Ernst Maritschka (1955-1957).
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Sujet: Re: Evènements du jour Mer 11 Sep 2024 - 2:33
11 septembre 1917 - La dernière mission de Georges Guynemer
Le 11 septembre 1917, Georges Guynemer décolle pour ce qui sera sa dernière mission au-dessus des lignes allemandes. Son engagement dans la Grande Guerre et sa mort à 22 ans en feront une légende de l'aviation de combat.
L'aviation de combat fait ses preuves Avant la Grande Guerre, dans les états-majors, peu d'officiers croient à l'utilité militaire de l'aviation. « L'aviation, c'est du sport. Pour l'armée, c'est zéro », assure le général Foch. En France, il n'y a guère que le général d'artillerie Jean-Baptiste Estienne (1860-1934) qui a perçu son potentiel. Au début du conflit, on compte 200 avions dans l'armée allemande, 190 dans la russe (!), 148 dans la française et 84 dans l'anglaise. On compte sur eux pour fournir des renseignements et c'est d'ailleurs un avion de reconnaissance qui va fournir à Joffre et Gallieni le renseignement-clé qui leur permettra d'engager la contre-offensive de la Marne. Rapidement, les avions vont étendre leurs fonctions au bombardement et à la chasse. L'aviateur français Roland Garros imagine pour cela un dispositif qui permet à une mitrailleuse de tirer à travers l'hélice. À la fin de la guerre, l'armée française aligne 7 000 appareils, les Anglais 3 700, les Allemands 4500 et les Américains 2050 (fournis par les Français).
Pilote en herbe
Georges Guynemer (24 décembre 1894, Paris ; 11 septembre 1917)
Georges Guynemer est né à Paris le 24 décembre 1894. Il a 9 ans quand les frères Wright, de l'autre côté de l'Atlantique, effectuent un premier vol. Ignorant de cet événement, il ne se doute pas des conséquences qu'il aura sur sa courte existence.
Quand éclate la guerre en 1914, il est refusé dans l'infanterie puis dans la cavalerie en raison de sa constitution fragile mais réussit à s'engager dans l'aviation comme mécanicien et obtient un brevet de pilote en mars 1915.
Le voilà enfin affecté à Vauciennes, près de Compiègne, dans l'escadrille des Cigognes. Le nom de celle-ci fait référence à l'Alsace dont l'oiseau est le symbole et que les Français ambitionnent de reconquérir.
Le jeune Guynemer abat un premier appareil ennemi le 19 juillet 1915 avec un avion simplement équipé d'une mitrailleuse montée sur affût rigide. Il est promu sergent et reçoit la médaille militaire. En décembre de la même année, après plusieurs victoires, il survit de peu à la chute de son appareil. Le jour de Noël, pour son 21e anniversaire, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur.
Georges Guynemer devant son avion, le Spad III
L'As de l'aviation
Pendant la bataille de Verdun, en 1916, il est gravement blessé mais reprend l'air avec le grade de sous-lieutenant et le surnom honorifique d'As de l'aviation. Le 27 juillet, il affronte avec succès une meute de 10 avions ennemis.
Un an plus tard, devenu célèbre jusqu'en Russie, décoré par le président Poincaré de la croix de Saint-Georges, au nom du tsar, il est muté avec son escadrille dans les Flandres.
Il a déjà 53 victoires à son actif quand il décolle pour sa dernière mission à bord de son avion « Le Vieux Charles », de Saint-Pol-sur-Mer vers Poelkapelle. Les Allemands identifieront son avion et sa dépouille dans un champ mais ne pourront récupérer ses restes, détruits par un bombardement.
Le destin foudroyant de ce jeune aristocrate inaugure l'épopée de l'aviation de chasse. On peut y voir une survivance de la chevalerie, avec ses codes et son honneur, dans un monde où la guerre est devenue massacre de masse.
Monument en l'honneur de Guynemer(photo Philippe Hupez)
Georges Guynemer a légué à l'École de l'Air sa devise : « Faire face » et une colonne a été érigée après la guerre près du lieu où il est tombé, à Poelkapelle, près d'Ypres. À son sommet une cigogne en vol. Sur le socle, le portrait de l'aviateur en médaillon et des épitaphes comme celle ci-dessus.
Un héros peut en cacher un autre Par sa mort en pleine jeunesse, Georges Guynemer éclipse dans la mémoire nationale un autre héros de l'aviation française, René Fonck (1894-1953). Il se signale par le palmarès le plus impressionnant de toutes les aviations interalliées de la Grande Guerre : 75 victoires homologuées et 52 probables, ce qui lui vaut le titre d'As des As. À côté de lui figurent au tableau d'honneur son compagnon de combat Georges Guynemer (54 victoires) et Charles Nungesser (45 victoires). Porte-drapeau de l'armée de l'air lors du défilé de la Victoire du 14 juillet 1919, René Fonck devient ensuite député des Vosges. Au début de l'Occupation, comme la plupart des anciens combattants, il fait confiance au maréchal Pétain, ce qui lui sera plus tard reproché, mais il ne tarde pas à s'en éloigner et aider les réseaux de résistance...
Alban Dignat
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Sujet: Re: Evènements du jour Mer 11 Sep 2024 - 2:39
11 septembre 2001 : Attentats à New York et Washington
Le 11 septembre 2001, pour la deuxième fois de leur Histoire après la guerre anglo-américaine de 1812, les États-Unis sont agressés sur leur propre sol.
Quatre avions de ligne sont détournés par des terroristes islamistes de la mouvance Al Qaida. Deux s'écrasent avec leurs occupants sur les tours jumelles du World Trade Center, à New York, et un troisième sur le Pentagone (le ministère des armées), à Washington. Le quatrième s'écrase dans un bois de Pennsylvanie, les passagers ayant tenté au sacrifice de leur vie de maîtriser les terroristes. Au total, environ 3000 morts et disparus.
L'effondrement des tours ayant été filmé en direct, l'émotion est immense dans le monde...
André Larané
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Sujet: Re: Evènements du jour Jeu 12 Sep 2024 - 9:07
12 septembre 1940 : Découverte de Lascaux
Le 12 septembre 1940, dans une colline proche du village de Montignac, au coeur du Périgord noir, le jeune apprenti mécanicien Marcel Ravidat (18 ans) élargit avec son couteau un orifice qu'il a découvert quatre jours plus tôt avec son chien Robot. Il soupçonne à juste titre que l'orifice recèle des surprises.
Accompagné de trois garçons qu'il a rencontrés sur le chemin, Georges Agnel, Simon Coencas et Jacques Marsal, il se glisse dans la cavité et, avec sa lampe de poche, entrevoit de mystérieuses peintures sur les parois. Il fait part de la découverte à l'ancien instituteur du village, l'érudit Léon Laval, lequel en informe l'abbé Henri Breuil (63 ans), éminent spécialiste de la Préhistoire. Celui-ci se rend sur le site, appelé Lascaux, cependant que déjà les curieux s'y pressent déjà en foule...
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Sujet: Re: Evènements du jour Ven 13 Sep 2024 - 6:57
13 septembre 490 av. J.-C. - Petite victoire des Athéniens à Marathon
Le 13 septembre de l'an 490 av. J.-C., les Athéniens repoussent à Marathon une tentative d'invasion des Perses.
L'affaire se résout par une modeste charge militaire mais elle n'en suscite pas moins une grande émotion dans toute la Grèce et va bouleverser l'équilibre géopolitique de la région... Il n'est pas interdit de comparer cette bataille à la canonnade de Valmy (1792), elle aussi modeste mais d'une immense portée politique !
Désordres en Asie mineure
Guerrier, frise murale de Persépolis
Tout commence une génération plus tôt, en 522 av. J.-C., lorsque Darius Ier succède à Cyrus le Grand et Cambyse sur le trône des Achéménides, issu du clan royal des Axamanisiya.
Le « Grand Roi » des Perses et des Mèdes est contrarié par le soutien qu'a apporté Athènes aux cités grecques d'Asie Mineure, lorsque celles-ci se sont rebellées contre lui. Il décide de punir l'insolente.
Sous le commandement des généraux Datis et Artapherne, les Perses et leurs alliés, les Mèdes, débarquent dans la plaine de Marathon, à 35 km d'Athènes environ.
Les envahisseurs sont 100 000 selon la tradition, plus vraisemblablement 20 000. Parmi eux les redoutables Immortels, troupe d'élite du Roi des Rois. Ils ne trouvent en face d'eux que l'armée des citoyens d'Athènes, au nombre de 10 000. Les autres cités grecques ont fait défection, à l'exception de Platées, en Béotie, qui a envoyé un millier d'hommes.
Sous la conduite du stratège Miltiade, les Athéniens et leurs alliés platéens surmontent leur faiblesse numérique. Ils évitent le traditionnel corps à corps désordonné des batailles antiques et se mettent en rang, puis ils chargent les Perses au pas de course, sans se laisser impressionner par leurs impressionnantes armures.
Phalange athénienne et hoplites (vase du VIIe siècle de la Villa Giulia, Rome)
Le centre de l'armée athénienne, trop mince, est enfoncé par les Perses. Mais les autres Athéniens, sur l'aile droite, et les Platéens, sur l'aile gauche, ont raison de leurs adversaires. Ils réussissent à envelopper l'armée perse et même à se rapprocher des navires perses et les menacer.
Décontenancés par cette nouvelle manière de faire (la première bataille rangée de l'Histoire), les envahisseurs rembarquent sans demander leur reste. Mais c'est avec l'intention de contourner l'Attique par le cap Sounion et de débarquer à Athènes, en profitant de ce qu'elle est sans défense !
Miltiade les prend de vitesse. Avec les héros de Marathon, il traverse l'Attique à marche forcée et arrive à Athènes tandis que la flotte ennemie apparaît au large. Se voyant devancés, les Perses renoncent à poursuivre leur offensive et rebroussent chemin.
Fabienne Manière
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Sujet: Re: Evènements du jour Ven 13 Sep 2024 - 7:02
Le premier marathon
Selon un récit tardif de Plutarque (1er siècle de notre ère), Miltiade aurait sans attendre envoyé un messager annoncer la victoire aux habitants d'Athènes, voulant à la fois les rassurer et les mettre en garde contre un débarquement de la flotte perse près de la ville. Le messager meurt d'épuisement en arrivant sur l'Agora, au pied de l'Acropole, après quatre heures de course. Il aurait tout juste eu le temps de prononcer un mot avant de s'effondrer : « Nenikamen » (on écrit parfois « Nenikikame »), ce qui veut dire : « Nous avons gagné ». Ce récit est une déformation du récit d'Hérodote (Histoires, VI, 105-106), lequel rapporte qu'un messager du nom de Philippidès aurait été envoyé à Sparte, avant la bataille, pour solliciter l'aide de la cité. La postérité a confondu le messager de Miltiade avec Philippidès. Le souvenir de ce coureur est à l'origine de l'épreuve la plus prestigieuse des Jeux Olympiques de l'ère moderne, le marathon.
Le soldat de Marathon, Philippidès annonce la victoire (Luc-Olivier Merson, 1869, coll. part.)
Fabienne Manière
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Sujet: Re: Evènements du jour Sam 14 Sep 2024 - 6:10
Décès
14 septembre 1759 - Mort de Montcalm
Le 14 septembre 1759, le marquis de Montcalm meurt des suites d'une blessure reçue la veille, lors de la bataille des Plaines d'Abraham, en bordure des fortifications de Québec.
Le général ennemi, l'Anglais James Wolfe, est lui-même mort à l'issue de la bataille en ayant assuré la victoire de ses troupes. Il va en résulter pour la France la perte de la ville de Québec et bientôt de toute la Nouvelle-France.
Mort de Montcalm, estampe (BN)
La Nouvelle-France convoitée
Trois ans plus tôt a débuté officiellement la guerre de Sept Ans, véritable guerre mondiale avant l'heure. Elle oppose la France de Louis XV, alliée à l'Autriche et quelques autres États, à la Prusse, à l'Angleterre et au Hanovre.
Dans le Nouveau Monde, les hostilités ont en fait commencé avec la mort d'un officier français à Fort-Duquesne, le 28 mai 1754.
Au début, les Français du Canada remportent de nombreuses victoires avec l'appui de leurs alliés indiens (on dit aujourd'hui amérindiens, pour « Indiens d'Amérique »). Mais le commandant des troupes françaises ayant été fait prisonnier, Paris le remplace en 1756 par un marquis de la métropole, Montcalm (44 ans).
Une stratégie inédite
Le marquis, féru de la stratégie européenne de l'attaque en lignes et bataillons serrés, change de tactique. Avec un certain succès, il concentre ses offensives sur les forts, renonce aux coups de main et délaisse les alliés indiens. Mais il ne dispose pour cela que de quelques milliers d'hommes tandis que les Anglo-Américains en viennent à aligner 40.000 hommes dont 23.000 soldats de métier et le reste de miliciens.
En 1758, après une trêve relative de plusieurs mois, les Anglais lancent contre la Nouvelle-France trois offensives avec les plus grosses armées jamais réunies en Amérique du Nord ; l'une à l'ouest, dirigée contre Fort-Duquesne, l'autre au centre vers Montréal, la troisième à l'est vers la forteresse de Louisbourg et la ville de Québec.
Victoire sans lendemain
Montcalm remporte une magnifique victoire à Fort Carillon, au sud du lac Champlain, en bloquant les 15.000 soldats du général James Abercromby qui se dirigent vers Montréal avec seulement 3.600 hommes dont 400 miliciens canadiens et Indiens. Les Anglais comptent 1944 morts et blessés alors que le camp français n'en déplore que 377.
Pourtant, malgré cet exploit, il ne fait guère de doute que la conquête de la Nouvelle-France n'est que partie remise. Les Anglais peuvent encore aligner 30.000 hommes de troupes régulières face à seulement 7.400 Français.
Le gouverneur de la Nouvelle-France requiert tous les hommes de 16 à 60 ans de servir dans la milice. Faute d'hommes pour travailler les champs et assurer les récoltes, la colonie en vient à souffrir de la famine !
Montcalm, que les Canadiens connaissent maintenant très bien et qu'ils appellent couramment « Le Grand Marquis », ne peut empêcher la chute de Fort-Duquesne, qui sera rebaptisé Pittsburgh en l'honneur du Premier ministre anglais.
La chute de Québec
L'année suivante, le 20 juin 1759, une armée de 40.000 hommes appuyée par 150 vaisseaux commence le siège de Québec, que protègent 6.000 soldats. Wolfe lance ses troupes à l'attaque le 31 juillet. Les assaillants sont repoussés avec de lourdes pertes. S'ensuivent d'autres assauts infructueux pendant tout le mois d'août. Le général anglais, par ailleurs malade, décide cependant de livrer un assaut de la dernière chance.
Dans la nuit du 12 au 13 septembre 1759, il débarque avec ses hommes en face de Québec, à l'anse du Foulon. Pendant la nuit, la troupe emprunte un sentier qui la mène au sommet de la falaise où est établie la ville fortifiée de Québec.
À l'aube du 13 septembre, 4.800 soldats anglais occupent déjà le plateau. L'apprenant, Montcalm accourt sans attendre de renforts.
L'affrontement se déroule « à l'européenne », prenant de court les Canadiens et les miliciens français, fauchés par centaines par une fusillade nourrie. Il dure en tout et pour tout moins d'une demi-heure. Le marquis ordonne alors de faire retraite vers la ville. Lui-même, à cheval, ferme la marche. Il est frappé par une balle juste avant de franchir, l'un des derniers, la porte Saint-Louis.
Montcalm meurt à l'aube, à cinq heures du matin. Il a, quelques moments avant, demandé à son chirurgien combien de temps il lui restait à vivre : « Quelques heures à peine », lui fut-il répondu. « Tant mieux, dit-il, je ne verrai pas les Anglais dans Québec ».
Camille Vignolle, ingénieur de l'école du paysage d'Angers, a suivi l'école des Beaux-Arts de Montpellier. Elle donne aujourd'hui des cours d'Histoire de l'art à Lausanne.
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Sujet: Re: Evènements du jour Dim 15 Sep 2024 - 4:14
15 septembre 1635 - La Martinique devient française
Le 15 septembre 1635, Pierre Belain d'Esnambuc débarque à la Martinique. Au nom du roi Louis XIII, il prend possession de cette petite île volcanique des petites Antilles au climat tropical, jusque-là délaissée par les Européens.
Demeurée française presque sans interruption jusqu'à nos jours, l'île va se peupler de colons européens et d'esclaves africains qui vont, par des mélanges multiples, constituer une communauté originale au sein de la nation française...
La fondation de la colonie de la Martinique par les Français en 1635, Théodore Gudin, XIXe siècle, château de Versailles.
L'« 'île aux fleurs » La Martinique a été abordée par Christophe Colomb le 15 juin 1502, lors de son quatrième voyage. Son nom viendrait selon une version poétique de la déformation phonétique de son nom indien : Matinino, que l'on traduit approximativement par « l'île aux fleurs ». Une version plus vraisemblable serait que Christophe Colomb avait déjà donné à une autre île le nom du saint du jour, Saint Martin (fêté le 11 novembre). Il aurait en conséquence appelé cette nouvelle découverte « petite Saint Martin », soit, en espagnol Martin nino, nom qui figure sur des cartes espagnoles ou hollandaises du XVIIe siècle, puis fut francisé en Martinique.
Active colonisation
D'Esnambuc amène avec lui une centaine d'habitants de l'île voisine de Saint-Christophe dont il est le gouverneur (cette île deviendra plus tard anglaise). Il construit sans attendre le fort Saint-Pierre, à l'origine de la ville du même nom. Ce faisant, d'Esnambuc se conforme à la volonté du cardinal Richelieu d'occuper et de coloniser les îles des Antilles. L'un de ses lieutenants, la même année, occupe l'île voisine de la Guadeloupe.
Les deux îles font l'objet d'une mise en exploitation par la Compagnie des îles d'Amérique. Il s'agit d'une « compagnie à charte » ou compagnie privée qui a reçu du roi, en février 1635, différents privilèges fiscaux à charge de coloniser les îles en question (et de christianiser ses habitants).
L'objectif du roi et de son principal ministre, le cardinal Richelieu, est avant tout d'approvisionner la métropole en sucre, une denrée de luxe traditionnellement achetée dans les pays musulmans et qui occasionne d'importantes sorties de métaux précieux. Selon la doctrine mercantiliste de l'époque, ces sorties de numéraire sont le principal facteur d'appauvrissement de l'État.
La Compagnie organise la venue d'esclaves noirs du Sénégal, de Guinée et d'Angola, en vue de cultiver la canne à sucre. Les plantations, aussi appelées « habitations », généralement d'une centaine d'hectares, sont confiées à des officiers et aristocrates avides d'aventures.
Une histoire mouvementée
En 1636, les Indiens Caraïbes, premiers habitants de l'île, se soulèvent une dernière fois et obtiennent le droit de se replier dans la partie orientale de l'île, la Cabesterre. Les derniers Caraïbes finiront par se fondre avec les esclaves et les colons.
En 1664, le roi Louis XIV remplace la Compagnie des îles d'Amérique, dont la gestion est chaotique et suscite de nombreux conflits avec les planteurs, par une nouvelle compagnie : la Compagnie des Indes orientales. Pour tenter de codifier les rapports entre maîtres et esclaves, le marquis de Seignelay, fils du grand Colbert, édicte en 1685 un texte qui sera plus tard connu sous le nom de Code Noir.
Les disputes entre colons, les révoltes d'esclaves et les guerres avec les autres puissances coloniales, Hollande et Angleterre, font longtemps le quotidien de l'île. À plusieurs reprises, au XVIIIe siècle, les Anglais s'en emparent.
Le 23 juin 1763, aux Trois-Ilets, l'île voit naître Rose Marie-Josèphe Tascher de la Pagerie, plus connue sous le nom de Joséphine de Beauharnais, épouse de Napoléon et impératrice des Français. À cette époque-là, la Martinique compte déjà près de 100 000 habitants dont environ 80% d'esclaves noirs ou métis, 8% de libres de couleur et 12% de blancs (elle en a 400 000 en 2018, sur 1100 km2).
Quand éclate la Révolution et que la France entre en guerre contre l'Angleterre, celle-ci met très vite la main sur l'île : en janvier 1794, une escadre sous les ordres de l'amiral Jervis débarque six mille hommes près de Fort-de-France. Quand les planteurs prennent connaissance de l'abolition de l'esclavage par la Convention, le 4 février 1794, ils se détournent de la République et prennent le parti de l'envahisseur. Faute de soutien, les neuf cents hommes de la garnison française, commandée par le général Donatien de Rochambeau (fils d'un général qui participa à la guerre d'indépendance des États-Unis) sont rapidement contraints de capituler...
L'île reviendra à la France en 1802 à la suite de la paix d'Amiens. L'amiral Villaret-Joyeuse envoyé par le Premier Consul pour en prendre la direction en qualité de capitaine général se gardera d'appliquer le décret de Pluviose et les esclaves de Martinique devront attendre l'abolition définitive de 1848 pour être enfin affranchis.
Le 8 mai 1902, l'île est victime de l'éruption dramatique de la Montagne Pelée. La ville de Saint-Pierre et ses 28 000 habitants sont anéantis. Depuis le 19 mars 1946, la Martinique est un département d'outre-mer de la République française.
Alban Dignat
Alban Dignat a enseigné l'Histoire au lycée, en France mais aussi à Meknès (Maroc), Tananarive (Madagascar) et Bangui (Centrafrique). Il suit avec un intérêt tout particulier l'histoire coloniale et l'histoire des Afriques.
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Sujet: Re: Evènements du jour Lun 16 Sep 2024 - 7:21
16 septembre 1936 - Le Pourquoi pas ? de Charcot sombre en Islande
Au matin du 16 septembre 1936, après douze heures de tempête, le Pourquoi pas ? se brise sur des récifs de la côte islandaise peu après avoir quitté le port de Reikjavik.
L'explorateur Jean-Baptiste Charcot (69 ans) disparaît dans le naufrage ainsi que trente-neuf hommes d'équipage. 23 corps seront retrouvés. On compte un seul survivant, le maître timonier Gonidec.
« Pourquoi pas ? »
Le curieux nom de ce navire d'explorations polaires vient de ce que, dans son enfance, le commandant Jean-Baptiste Charcot répondait « Pourquoi pas ? » à ceux qui doutaient de sa volonté de devenir marin et explorateur des terres polaires.
L'équipage du Pourquoi pas
Passion
Jean-Baptiste Charcot (Neuilly-sur-Seine, 15 juillet 1867 ; 16 septembre 1936)
Fils d'un célèbre neurologue de l'hôpital de la Salpêtrière (Paris) et lui-même médecin, Jean-Baptiste Charcot utilise la fortune paternelle pour assouvir sa passion de l'exploration. En 1905, il cartographie la péninsule antarctique, au sud du Chili, à bord d'un trois-mâts goélette de 245 tonneaux à vide, Le Français.
Au terme de l'expédition, l'explorateur doit abandonner son navire, hors d'état de naviguer. Il le revend à Buenos Aires et rentre en France à bord d'un paquebot. Là, il apprend que sa femme, la petite-fille de Victor Hugo, a demandé et obtenu le divorce... pour abandon du domicile conjugal !
Mais, fort d'une gloire nouvelle, l'explorateur... se remarie et obtient assez de subventions pour armer un nouveau navire de 445 tonneaux, le Pourquoi pas ? - Sa nouvelle femme en est la marraine et le président Paul Doumer le parrain.
Le Pourquoi Pas ? dans les glaces du GroenlandIl repart vers l'Antarctique pour une nouvelle campagne d'exploration de la péninsule de Graham pendant l'année 1909. Il baptise une baie du prénom de sa nouvelle épouse, Marguerite.
Pendant la Première Guerre mondiale, Jean-Baptiste Charcot sert comme lieutenant de vaisseau dans la Marine.
Sitôt la guerre finie, l'insatiable explorateur reprend avec le Pourquoi pas ? ses campagnes polaires.
En 1934, il installe au Groenland la mission ethnographique du jeune Paul-Émile Victor, qui veut étudier les Inuits. Celui que l'on surnomme le «gentleman des pôles» continue de sillonner l'Atlantique nord jusqu'à sa fin tragique, un matin de septembre. Des obsèques nationales ont lieu à Notre-Dame de Paris.
Fabienne Manière Ancienne élève de l'École des Chartes, Fabienne Manière supervise un service d'archives historiques aux Archives nationales.
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Sujet: Re: Evènements du jour Jeu 19 Sep 2024 - 9:12
19 septembre 1783 : Montgolfier lâche un ballon à air chaud
Le 19 septembre 1783, Étienne de Montgolfier organise l'envol d'un ballon à air chaud à Versailles, en présence du roi Louis XVI et devant une foule considérable. Il va renouveler l'expérience le 21 novembre de la même année avec cette fois des passagers humains.
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Sujet: Re: Evènements du jour Jeu 19 Sep 2024 - 9:16
19 septembre 1914 : La cathédrale de Reims est bombardée
Le 4 septembre 1914, un mois après le début de la Grande Guerre, les Allemands entrent sans combat dans le fort de la Pompelle, érigé à l'orée de Reims dans les années 1880 et... désarmé en 1913. De cette position, les canons bombardent la ville. Le 19 septembre 1914, la cathédrale Notre-Dame elle-même est touchée. Sa charpente prend feu et le plomb de la toiture entre en fusion. L'édifice va manquer de disparaître. La contre-offensive de la Marne permet aux Français de reprendre le fort dès le 24 septembre 1914 mais jusqu'à la fin de la guerre, quatre ans plus tard, la ville et sa cathédrale n'en finiront pas d'être touchées par des obus. Grâce à un don de John Rockefeller, la cathédrale sera reconstruite dans les années 1920 par l'architecte Henri Deneux, qui concevra pour l'occasion une ingénieuse charpente en « ciment armé ».
La cathédrale Notre-Dame-de Reims en 1919.
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Sujet: Re: Evènements du jour Ven 20 Sep 2024 - 6:45
20 septembre 1792 : Droit au divorce et interdiction des voeux perpétuels
Avant de se séparer et laisser la place à la 1ère République française, l'Assemblée législative vote le 20 septembre 1792 une loi qui, tout à la fois, autorise le divorce et interdit les vœux perpétuels (la possibilité d'entrer au couvent). Pour les révolutionnaires, en effet, la Liberté exige qu'aucun engagement ne soit irrévocable !
Dans le même temps, les officiers municipaux se voient confier la tenue des registres d'état-civil (naissances, mariages et décès). Cette fonction capitale, dévolue aux curés depuis l'ordonnance de Villers-Cotterêts, va ajouter au prestige des conseils municipaux institués par la loi du 14 décembre 1789.
Notons qu'un an plus tôt avait déjà été institué le mariage civil*
Dernière édition par mimi1260 le Ven 20 Sep 2024 - 6:59, édité 1 fois
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Sujet: Re: Evènements du jour Ven 20 Sep 2024 - 6:58
*Mariage civil
De la Révolution à nos jours
Le mariage dans tous ses états
Le XVIIIe siècle ou Siècle des Lumières est aussi le siècle du clair-obscur, mêlant le pire et le meilleur, avec des comportements divergents face au mariage, selon que l'on appartient aux classes supérieures ou aux classes populaires.
Ces divergences se retrouvent aux siècles suivants et jusqu'à nos jours avec la concurrence entre mariage arrangé et mariage d'amour, entre pudibonderie et liberté sexuelle, entre soumission de la femme et émancipation.
Les mariés de la tour Eiffel (Marc Chagall, 1938, musée d'Art moderne, Centre Pompidou, Paris)
Mariages arrangés, femmes soumises
Dans l’aristocratie européenne et la haute bourgeoisie, le mariage chrétien et le consentement mutuel des époux sont relégués parmi les vieilleries médiévales, au profit du mariage arrangé. Celui-ci devient avant tout un contrat entre deux familles qui rapprochent fortunes et titres.
Cette évolution du mariage va de pair avec une importante dégradation du statut social de la femme, sensible dès la fin de la Renaissance.
Pour les bourgeois et aristocrates français ou anglais de l’Ancien Régime, s’il est convenable d’aimer la femme ou le mari auquel on a été lié pour toute la vie, il est par contre jugé inconvenant de se marier par amour.
Le contrat de mariage (William Hogarth, 1743, National Gallery, Londres)
Sexe joyeux
Dans les classes populaires et paysannes, il en va différemment des classes supérieures : on s'y marie plus volontiers par inclination ou par amour, même si les mariages arrangés demeurent très largement majoritaires. La liberté de choix des époux est mieux assurée et avec elle le bonheur conjugal.
Dès le milieu du XVIIIe siècle, la France paysanne connaît une liberté de mœurs dont témoignent les récits picaresques de Nicolas Restif de la Bretonne.
Soucieux de leur bien-être, les paysans français limitent le nombre de naissances, en premier lieu par le coïtus interrumptus. L'espacement moyen entre deux naissances passe de dix-huit mois à trente mois.
Ils limitent aussi leur progéniture en retardant tout simplement l’âge au mariage. À la veille de la Révolution, les filles se marient en moyenne à vingt-six ans et les garçons à trente ans ; c’est autant de gagné sur leur vie féconde et autant d’enfants en moins.
On observe en conséquence, dès les années 1760, en France, une première diminution de l’indice de fécondité (nombre moyen d’enfants par femme).
De l'autre côté de la Manche, les mœurs décontractées de l’Angleterre rurale valent à celle-ci le qualificatif de « Merry England » (l’Angleterre joyeuse). Barry Lyndon (1975), chef-d’œuvre cinématographique de Stanley Kubrick, nous en offre un bel aperçu. À cette époque se diffuse l’expression « flirt », dérivée du vieux français « conter fleurette ».
Sexe honteux
Au Moyen Âge, l’Église voyait dans le mariage un projet familial qui devait être mené jusqu’à son terme naturel : le décès de l’un des époux. En foi de quoi, elle se montrait tolérante sur les questions sexuelles et pouvait pardonner les écarts de conduite, y compris quand ils venaient de la femme.
À la Renaissance, la Réforme protestante a introduit le droit au divorce, en référence à l’Ancien Testament (la Bible judaïque).
Conséquence inattendue de cette liberté nouvelle : les protestants se montrent plus exigeants vis-à-vis du mariage. Ils en attendent une fidélité absolue et un comportement exemplaire de chacun à l’égard de son conjoint. Si ces impératifs ne sont pas respectés, autant dissoudre l’union, ce qui est toujours déplaisant, y compris pour Dieu. Pour se prémunir contre les tentations coupables, ils promeuvent donc un modèle conjugal extrêmement rigoriste : austérité des habits, retenue dans les gestes, pudeur des sentiments.
La Contre-Réforme catholique, mise en œuvre par le concile de Trente (1545-1563), se veut tout aussi rigoriste, en bonne partie pour faire oublier le relâchement moral antérieur. Le plaisir sexuel devient honteux. Il est même mis à l’index et un pape ordonne de recouvrir d’une feuille de vigne les sexes des fresques de la chapelle Sixtine, chef-d’œuvre de Michel-Ange.
Le mariage civil et le divorce révolutionnaires
Sous le règne de Louis XVI, les législateurs s’inquiètent de ce que les protestants soient condamnés à vivre dans le péché, faute de pouvoir faire enregistrer leur union par un prêtre. À leur intention, le roi établit donc un mariage civil le 17 novembre 1787. C’est un premier coup de canif dans le monopole de l’Église sur l’institution matrimoniale
Le principe du mariage civil fait son chemin. Il est inscrit dans la Constitution du 3 septembre 1791. Dès lors que le mariage n’est plus un sacrement mais un simple contrat civil, le droit au divorce s’impose. Il est voté par l’assemblée l’année suivante, le jour même de la bataille de Valmy (20 septembre 1792)... en même temps que l'interdiction des voeux perpétuels.
Beaucoup de couples en profitent pour casser des unions mal assorties. L’époque est à la libération des femmes. Celle-ci est aussi perceptible dans la mode : les robes à corsets et baleines cèdent le pas devant les robes chemises en mousseline, qui libèrent le corps et en révèlent les formes.
Retour de balancier
Quand la Révolution prend fin avec le Consulat, Napoléon Bonaparte conclut un Concordat avec le Saint-Siège. Il rétablit le mariage religieux (sacrement) sans abroger pour autant le mariage civil (contrat). Aussitôt, des foules de catholiques se pressent dans les églises pour régulariser leur union.
Pour conserver la mainmise de l’État sur l’institution, la loi du 10 germinal An X (8 avril 1802) impose que le mariage civil précède toujours le mariage religieux. Inscrite dans l’article 214 du Code Civil, cette clause sera maintenue un siècle plus tard en dépit de la séparation des Églises et de l’État.
Suite à la chute de l’Empire napoléonien, le droit au divorce est purement abrogé le 8 mai 1816. La bourgeoisie, soucieuse d’ordre, s’impose dès lors une rigueur morale de façade qui s’accommode tant bien que mal de l’amour romantique : les jeunes gens rêvent de l’amour-passion en attendant de se ranger.
Les souverains, tels Louis-Philippe 1er et Marie-Amélie en France, Victoria et Albert en Angleterre, deviennent le modèle du mariage bourgeois, raisonné, pudique, fidèle et tendre. Celui-ci va de pair avec le retour de la femme aux fourneaux. L’Europe du XIXe siècle est une société d’hommes à de rarissimes exceptions (George Sand).
La noce à Yport (Albert Fourié, 1886)
La femme s’émancipe
En France, le mariage d’inclination revient en vogue sous la IIIe République, à la fin du XIXe siècle. Et pour les mêmes raisons que sous la Révolution, on plaide pour le droit au divorce. On y voit la garantie d’unions solides, fondées sur un attachement sincère et non sur la contrainte. Après plusieurs tentatives, le député Alfred Naquet arrive à faire voter la loi sur le divorce le 27 juillet 1884.
De pair avec la libéralisation du mariage, la « Belle Époque », au tournant du XXe siècle, voit un début d’émancipation des femmes. Celles-ci réclament de voter et de travailler.
Tant en Amérique qu’en Europe occidentale, les « Trente Glorieuses » (1944-1974) témoignent de l’épanouissement de la famille nucléaire : un couple solidaire entouré de deux ou trois enfants.
Les femmes acquièrent partout le droit de vote et investissent massivement le marché du travail.
Carrefours et interrogations
En 1973, la fin des « Trente Glorieuses » amorce une rupture brutale. En Europe, la crise économique se double d’un choc démographique. L’indice de fécondité tombe en-dessous du seuil de renouvellement de la population, avec en moyenne nettement moins de deux enfants par femme.
Parallèlement se développe un phénomène inédit : la « cohabitation juvénile ». De plus en plus de jeunes ménages négligent de régulariser leur situation. Rien ne les y oblige plus car les enfants nés hors mariage acquièrent les mêmes droits que les autres et les concubins sont soumis aux mêmes devoirs que les époux...
André Larané
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Sujet: Re: Evènements du jour Sam 21 Sep 2024 - 8:30
21 septembre 1948 - Marcel Cerdan champion de boxe
Marcel Cerdan - Pierre Le Blavec de Crac'h, 2003
Le 21 septembre 1948, le boxeur Marcel Cerdan est sacré champion du monde des poids moyens après sa victoire sur l'Américain Tony Zale.
Né en Algérie le 22 juillet 1916, à Sidi bel Abbès, Marcel Cerdan a passé la plus grande partie de sa vie à Casablanca, au Maroc, où son père tenait une charcuterie.
Grâce à ce pied-noir, la France meurtrie et humiliée de l'après-guerre s'offre une revanche sur le mauvais sort et se donne l'impression de défier l'invincible Amérique.
Le pays tout entier vibre à l'unisson de son champion et de son égérie, la « môme Piaf ».
Amours tragiques
Edith Piaf et Marcel Cerdan.
C'est en pleine gloire que les chemins d'Édith Piaf et de Marcel Cerdan se croisent pour la première fois à Paris au Club des Cinq (automne 1946). Ils ont l'un et l'autre une trentaine d'années.
Deux ans plus tard, alors qu'elle chante à New York au Versailles, l'une des boîtes les plus huppées de New York, le boxeur l'invite à dîner et, bien que marié et père de famille, devient son amant.
La chanteuse le rejoint discrètement sur son camp d'entraînement de boxe, à Lock Sheldrake, avant le combat contre Tony Zale. Surprise par des admirateurs américains au parc d'attractions de Coney Island, on lui demandera de chanter en pleine rue sa célèbre chanson, La Vie en Rose.
Moins d'un an plus tard, le 16 juin 1949, Marcel Cerdan perd malencontreusement son titre contre Jake La Motta suite à une fracture de la main.
Le conte s'achève dans la tragédie avec la mort du champion dans un accident d'avion le 27 octobre 1949 alors qu'il allait rejoindre Édith Piaf à New York... et tenter de récupérer son titre de champion du monde. L'appareil percute le Pico de Vera, sur l'île de Sao Miguel, aux Açores, et les corps des victimes sont rassemblés dans la petite église d'Algarvia, au pied de la montagne...
Ainsi entre dans la légende l'amour du boxeur et de la chanteuse de rues. Il aura duré moins de deux ans. Claude Lelouch en a tiré un film, Édith et Marcel (1982) avec Évelyne Bouix et Marcel Cerdan Jr !
Mort à 33 ans, le boxeur aura totalisé au cours de sa courte carrière 119 victoires dont 61 par KO.
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Sujet: Re: Evènements du jour Dim 22 Sep 2024 - 9:19
22 septembre 1792 : Avènement de la République française
Le 22 septembre 1792, six semaines après l'incarcération du roi Louis XVI et deux jours après la victoire de Valmy, les députés de la nouvelle assemblée de la Convention décident, sur une proposition de Danton, que les actes publics seront désormais datés de « l'An 1 de la République ».
C'est de cette manière « furtive », selon le mot de Robespierre, que la France se découvre en République.
Sous l'Ancien Régime, le mot République était synonyme d'État (que celui-ci ait ou non un souverain à sa tête). À la fin du XVIIIe siècle, il commence à se confondre avec un régime non monarchique (que celui-ci soit ou non démocratique).
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Sujet: Re: Evènements du jour Dim 22 Sep 2024 - 9:42
22 septembre 1969 : Georges Pompidou évoque Gabrielle Russier, morte d'aimer
Professeure de lettres, Gabrielle Russier a 32 ans quand elle ouvre le gaz dans son appartement de Marseille en cette rentrée du 1er septembre 1969.
Un amour hors-la-loi
Quand la nouvelle est tombée : « Gabrielle Russier, le professeur (les métiers ne se conjuguaient alors pas encore au féminin) condamné pour détournement de mineur, s’est suicidé », aucun des deux journaux télévisés de ce 1er septembre n'a cru utile de la rappeler. Pourtant, quelques semaines et quelques mois plus tard, elle allait embraser les journaux et les conversations, elle allait aussi inspirer des chansons, des livres et un film à succès.
Que s’était-il passé pour que la jeune femme mette brutalement fin à ses jours ? Et, surtout, comment ce fait divers s’est-il retrouvé sur la place publique au point de déranger puis d’émouvoir la société française ?
Nous sommes à Marseille en 1968. Gabrielle Russier a 32 ans. Séparée de son mari, elle élève seule ses deux jumeaux de 10 ans dans une tour de Marseille, près de l’autoroute. Bien qu’elle conserve de bonnes relations avec son ex-mari, sa situation n’est pas bien vue à l’époque. Être une femme divorcée dans les années 1960, c’est compliqué.
Elle enseigne la littérature aux secondes du lycée « Nord », qui deviendra plus tard le lycée Saint-Exupéry. Parmi ses élèves, Christian Rossi, 17 ans, pantalon « pattes d’éph’ » et caban bleu marine. Même s’il en paraît bien plus avec ses épaules carrées et sa grosse barbe rousse.
Leur âge (15 ans d’écart) est peut-être leur seule différence. Idéalistes, entiers, ils prennent part ensemble aux manifestations de Mai 68. Et, sur les barricades, tombent amoureux. Ce suicide intervient alors qu’elle risque de retourner en prison après y avoir déjà effectué un court séjour. Son crime ? Avoir vécu une histoire d’amour avec un de ses élèves, âgé de 17 ans. Cet amour hors-la-loi a ému les Français et jusqu'au président de la République Georges Pompidou. Il l'évoque avec émotion lors de sa conférence de presse du 22 septembre 1969 en citant trois vers du poète Paul Éluard...
https://vimeo.com/451545759
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Sujet: Re: Evènements du jour Lun 23 Sep 2024 - 5:41
23 septembre 1913 : Traversée de la Méditerranée par Roland Garros
Fils d'un avocat de La Réunion, l'aviateur Roland Garros (25 ans) réussit la traversée sans escale, de Fréjus à Bizerte, en Tunisie, en moins de huit heures.
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Sujet: Re: Evènements du jour Lun 23 Sep 2024 - 5:44
23 septembre 1943 : Raids anglo-américains sur Nantes
Le 16 septembre 1943, à 16h35, 79 bombardiers B17 de la 8e US Air Force, commandée par le général américain Robert F. Travis et venus d'Angleterre, larguent 1450 bombes sur Nantes.
Une semaine plus tard, le 23 septembre, les bombardements sont renouvelés à 8h30 et 18h10 : en une quinzaine de minutes, une centaine de bombardiers larguent un millier de bombes sur le grand port de la côte atlantique. Il s'ensuit au total de ces deux journées 1444 morts identifiés, 27 disparus, 113 corps non identifiés, 2 600 blessés, six mille sinistrés, sept cents immeubles détruits, trois mille immeubles inhabitables, cinquante voies de circulation centrales obstruées sur une surface de plus de deux cents hectares.
Ce raid destiné en principe à détruire des installations industrielles, portuaires et militaires est l'un des plus meurtriers sur la France occupée. Il est toutefois sans commune mesure avec les raids de terreur qui ont frappé les ville allemandes. L'acteur américain Clark Gable, en cours de tournage d'un film de propagande, a fait partie de la deuxième escadrille qui a frappé Nantes.
Bombardement de Nantes, les 16 et 23 septembre 1943
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Sujet: Re: Evènements du jour Lun 23 Sep 2024 - 5:55
23 septembre 1954 : Brassens à l'Olympia
Le 23 septembre 1954, Georges Brassens (33 ans) triomphe à l'Olympia.
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Sujet: Re: Evènements du jour Lun 23 Sep 2024 - 6:09
Naissance
Romy Schneider - 23 septembre 1938 à Vienne (Autriche) - 29 mai 1982 à Paris
Romy Schneider est née à Vienne le 23 septembre 1938 sous le nom de Rosemarie Magdalena Albach et se fait connaître au cinéma dès l'âge de 15 ans dans Les Lilas blancs (1953, Kurt Ulrich).
Elle poursuit sa carrière avec Les Jeunes années d'une reine (1954). Ce film du réalisateur autrichien Ernst Marischka (1893-1963) raconte de façon très romanesque et fleur bleue l'accession de Victoria au trône d'Angleterre et ses fiançailles avec son cousin Albert.
L'année suivante, Romy Schneider va accéder à une célébrité planétaire en revêtant le rôle d'une autre princesse, Élisabeth de Wittelsbach (Sissi), épouse de l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier. Le film Sissi (1955), , toujours avec le même réalisateur, est l'objet d'un immense engouement en Autriche, en Allemagne et dans le reste du monde. Il est suivi de Sissi impératrice (1956) et Sissi face à son destin (1957).
Tournant le dos à ces rôles plutôt mièvres, l'actrice entre en relation avec l'acteur français Alain Delon et noue avec lui une liaison très médiatisée jusqu'à leur rupture en 1963. Elle poursuit une grande carrière tissée de succès comme Les Choses de la vie (1970, Claude Sautet), aux côtés de Michel Piccoli. Mais le surmenage et les drames de sa vie privée ne lui laissent pas de répit, jusqu'à la mort tragique de son fils David, 14 ans, en 1980. Romy Schneider meurt le 29 mai 1982, à 42 ans, dans des conditions inexpliquées. Elle laisse une fille, Sarah Biasini.
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Sujet: Re: Evènements du jour Mar 24 Sep 2024 - 3:25
24 septembre 1724 : Création de la Bourse de Paris
Un arrêt royal donne naissance à la Bourse de Paris le 24 septembre 1724, soit un demi-siècle environ après ses homologues de Londres et Amsterdam... et 250 ans après la Bourse de Bruges. Elle est installée dans l'hôtel de Nevers, rue Vivienne.
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Sujet: Re: Evènements du jour Mar 24 Sep 2024 - 3:33
24 septembre 2000 : Référendum sur le quinquennat en France
Le 24 septembre 2000, le gouvernement français soumet à référendum un amendement à la Constitution de la Ve République qui instaure le quinquennat et aligne la durée du mandat présidentiel (5 ans) sur la durée des législatures (mandats des députés de l'Assemblée nationale). C'est la mort du septennat instauré 127 ans plus tôt. 73% des votants s'expriment en faveur de l'amendement constitutionnel mais la participation est très faible (30% des inscrits). Le manque d'enthousiasme de l'électorat vient de ce que la réforme a été mise en oeuvre pour des raisons de convenance partisane par le président Jacques Chirac et son Premier ministre Lionel Jospin, le premier de droite, le second de gauche.
Un an plus tard, la réforme est complétée par l’inversion du calendrier électoral qui place désormais le scrutin législatif au mois de juin dans la foulée de la présidentielle, avec pour objectif de garantir au chef de l’État une majorité parlementaire durant tout son mandat et d’éviter toute nouvelle cohabitation au sein de l'exécutif entre un Président et un Premier ministre de bords opposés. Ces modifications d'apparence anodine auront pour effet de transformer le Parlement en une chambre d'enregistrement, tout juste bonne à entériner les décisions du Président.
NB: Encore une idée de technocrates qui a amené la situation inextricable dans laquelle nous nous trouvons en ce moment !
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Sujet: Re: Evènements du jour Mer 25 Sep 2024 - 6:33
25 septembre 1493 : 2e expédition de Christophe Colomb
Le 25 septembre 1493, Christophe Colomb part pour une deuxième expédition. Il emmène cette fois 17 navires et 1500 hommes. C'est le début de la conquête et de la colonisation du Nouveau Monde.
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Sujet: Re: Evènements du jour Mer 25 Sep 2024 - 6:44
25 septembre 1609 - « Journée du guichet » à Port-Royal
Le 25 septembre 1609, émotion à l'abbaye de Port-Royal. L'abbesse Jacqueline Arnauld (Mère Angélique pour les religieuses), 18 ans, refuse de recevoir son père et son frère au guichet du couvent.
Cette journée dite « Journée du Guichet » marque le début d'une querelle religieuse et intellectuelle qui va parcourir tout le XVIIe siècle français, que l'on qualifie parfois de « Siècle des Saints » (François de Sales, Vincent de Paul etc) tant il est en rupture avec la vague de déchristianisation et de doute du siècle précédent.
Mère Agnès et Mère Angélique Arnauld, abbesses de Port-Royal (peinture à l'huile, Philippe de Champaigne, collection particulière, France)
Une famille passionnée
Jacqueline Arnauld est l'un des vingt enfants d'Antoine Arnauld, célèbre avocat du Parlement de Paris. Elle a été désignée par son père « coadjutrice » de l'abbesse de Port-Royal, alors qu'elle était tout juste âgée de... 8 ans.
Touchée par la foi à la fin de son adolescence, elle restaure une sévère discipline dans ce vieil établissement de l'ordre de Cîteaux qui était devenu au fil des siècles un lieu de mondanités aux moeurs relâchées. C'est ainsi qu'elle interdit aux religieuses le droit de recevoir leur famille (c'est la « clôture ») ; elle rétablit surtout la règle monastique de saint Benoît de Nursie dans toute sa rigueur, en partageant les journées entre travail, prière et repos.
Son initiative ne manque pas de surprendre dans les milieux bourgeois et aristocratiques de la capitale où, au sortir des guerres de religion, on s'était habitué à considérer les affaires religieuses avec un certain détachement.
Triomphe du jansénisme
Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, par Philippe de Champaigne
Mère Angélique contribue au renouveau de la religion catholique en France en s'appuyant sur l'enseignement de François de Sales.
Le monastère reçoit un afflux important de vocations, y compris de nombreux parents de Mère Angélique et en particulier sa soeur Agnès, qui lui succèdera comme abbesse (Port-Royal comptera jusqu'à 22 Arnauld !).
Trop à l'étroit dans la vallée de Chevreuse, Mère Angélique et les Filles du Saint Sacrement (ainsi appelle-t-on les religieuses de Port-Royal) s'établissent en 1625 à Paris, dans un nouvel établissement du faubourg Saint-Jacques qui prend le nom de Port-Royal de Paris...
En 1633, la famille Arnauld entre en relation avec l'abbé de Saint-Cyran, qui devient confesseur puis directeur de conscience de Port-Royal de Paris.
C'est un disciple de Jansenius (Cornelis Otto Jansen de son vrai nom). Ce théologien flamand lie le salut de chacun à la grâce, c'est-à-dire au bon vouloir de Dieu, en interprétant de façon stricte la doctrine de saint Augustin.
L'abbé rallie sans trop de mal les religieuses de Port-Royal de Paris à la doctrine exigeante de Jansenius.
Le jansénisme pénètre aussi à Port-Royal des Champs, dans la vallée de Chevreuse, où se sont établis des disciples de Mère Angélique : les Solitaires. Ce ne sont pas des moines mais des hommes qui ont renoncé au monde pour vivre près du monastère dans l'austérité, le travail et la prière... et l'enseignement.
Pédagogie d'avant-garde
Dès 1638 et pendant plusieurs décennies, les« Messieurs » de Port-Royal, parmi lesquels Blaise Pascal, mettent leurs talents pédagogiques au service de leurs jeunes élèves dans ce qu'ils appellent les « Petites Écoles ».
L'abbaye fascine aussi les « amis du dehors », aussi bien Boileau, que La Fontaine ou encore Madame de Sévigné. Le peintre Philippe de Champaigne, fidèle disciple de Mère Angélique, laissera de saisissants portraits d'elle et des principaux protagonistes de Port-Royal.
La querelle du jansénisme
À travers de nombreuses publications, les « Messieurs » de Port-Royal entrent en conflit avec les jésuites, très influents à la Cour et dans l'enseignement. Ils leur reprochent une complaisance excessive pour leurs ouailles, surtout si elles sont riches et puissantes.
Il va s'ensuivre une querelle inexpiable arbitrée par le roi en faveur des seconds.
À la fin du XVIIe siècle, l'établissement de Port-Royal de Paris tombe entre les mains des jésuites. Après bien des vicissitudes, ses bâtiments hébergeront en 1814 une maternité connue aujourd'hui sous le nom de Baudelocque !
À la fin de son règne, le 29 octobre 1709, le roi Louis XIV chasse les dernières religieuses de Port-Royal des Champs. Il fait raser l'abbaye, dont seules subsistent aujourd'hui les ruines romantiques.
André Larané
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Sujet: Re: Evènements du jour Jeu 26 Sep 2024 - 9:27
26 septembre 2008 : Décès à 83 ans de Paul Newman.
Blessé lors de la guerre du Pacifique, il se tourne vers le théâtre. Il débute sa carrière au cinéma en 1954 et rencontre assez vite le succès. Il remporte l'Oscar du meilleur acteur en 1987 pour le film de Martin Scorsese "La Couleur de l'argent"
26 septembre 2002 : Naufrage du ferry Joola au large de la Gambie.
Le bateau, qui relie Dakar à la province de la Casamance sombre en quelques minutes provoquant la mort de près de 2000 personnes. Le naufrage a été provoqué par la surcharge du ferry. [:copyright: Marine Nationale /AFP / Archives]
26 septembre -46 : Décès de Vercingétorix.
Le chef gaulois est exécuté à Rome, six ans après avoir été capturé à la suite de la défaite à Alesia. [CC / Wikicommons]
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Sujet: Re: Evènements du jour Ven 27 Sep 2024 - 8:24
27 septembre 1748 - Abolition des galères
Le 27 septembre 1748, une ordonnance du roi Louis XV abolit l'institution des galères et incorpore ces dernières dans la marine royale. Les forçats sont désormais internés dans des prisons côtières ou dans des navires hors service, notamment à Toulon, dans ce qui sera le bagne.
Résurgence du travail forcé sur les navires
C'est à Jacques Coeur, marchand et Grand Argentier du roi, que revint l'idée de recruter de force des rameurs à l'image de ce qui se faisait déjà sous l'Antiquité romaine. Comme il faisait face à une pénurie d’embauche de marins qui menaçait son négoce, il proposa à Charles VII de procéder à des enrôlements de force et lui demanda d’autoriser l’utilisation des « méchantes gens » responsables de l’insécurité dans les villes, en tant que mariniers-avironneurs.
Le 22 janvier 1443, Charles VII, convaincu, se décida à suivre les conseils de son Argentier et lui accorda le « privilège » d’enrôler par tous les moyens, y compris la force, et à condition de leur fournir une convenable rémunération, les « personnes oyseuses, vagabondes et autres caïmans » qui troublaient l’ordre et la paix des cités du littoral. Ainsi Cœur venait-il de fonder les bases de ce vieux bagne, de cette institution qui plus tard, et durant des siècles, porterait le nom infamant de « galères ».
Depuis 1560, où une ordonnance de Charles IX avait institué une peine de réclusion d'un minimum de dix ans, les condamnés étaient enchaînés à leur banc. À leurs côtés, les engagés volontaires n'étaient pas enchaînés. Quand la galère coulait, ceux-ci pouvaient tenter de survivre si, du moins, ils savaient nager... Les condamnés quant à eux coulaient avec l'épave. Les uns et les autres formaient... la chiourme.
Naissance de la Royale
Les galères s'étaient multipliées au siècle suivant, sous le règne de Louis XIV. Le Roi-Soleil avait manifesté sa volonté de dominer les mers comme le continent et il avait confié à son ministre Colbert le soin de créer une marine digne de ce nom, rivale des marines anglaise et hollandaise.
Colbert avait d'abord acheté des navires à l'étranger avant de lancer une industrie navale en France même. Dès 1677, la France comptait 116 vaisseaux dont douze de premier rang, avec 74 à 120 canons. Au total plus de 6000 canons.
Les galères royales basées à Toulon étaient au nombre d'une quarantaine. Ces bateaux longs et bas, à un pont et deux mâts, étaient armés de canons à l'avant. À l'arrière, ils étaient surmontés du carrosse ou tabernacle, où se tenaient les officiers.
Chaque galère était placée sous le commandement de quatre officiers d'épée (des gentilshommes). Ils avaient sous leurs ordres une centaine de soldats, appelés bas-officiers, qui faisaient office de geôliers. Parmi eux les argousins, qui ferraient les galériens, et les pertuisaniers, qui surveillaient ceux-ci lors des corvées.
Les rameurs étaient des... esclaves turcs achetés sur les marchés de Livourne, de Gênes ou de Malte, ainsi que des condamnés de droit commun. À ceux-là s'ajoutaient de malheureux vagabonds, des huguenots ou encore des faux-saulniers, coupables de contrebande sur le sel. Ils dormaient ordinairement sur leur banc et vivaient dans une puanteur à peine supportable.
Saint Vincent de Paul s'était indigné mais en vain du sort de ces hommes. Leur malheur était le prix à payer pour la gloire de la « Royale », surnom encore actuel de la marine française.