de Marie Varasson
40 000 touristes arpentent chaque annee le sommet du monde, laissant derriere eux 100 tonnes de dechets en offrande a l'Everest.
Que la montagne est belle, lorsqu'on ne la prend pas pour une poubelle. Eparpilles sous le blanc manteau, cordes, pieux, tentes, mais aussi boites de conserve, piles ou bouteilles d'oxygene s'amoncellent depuis plusieurs annees. A la frontiere entre le Nepal et le Tibet, sur la chaine de l'Himalaya, l'Everest serait-il devenu victime de son succes ?
"C'est une pollution enorme dans un milieu sauvage aussi fragile et rare que l'Everest" explique Aurelien Dautrey, charge de mission pour Mountain Wilderness, association d'alpinistes qui sensibilisent aux degats causes par l'homme dans les montagnes. Car chaque expedition promet son lot de dechets. Charges de plus de 100 kilos de vivres, les alpinistes entament quotidiennement des marches d'acclimatation pour eviter le mal aigu des montagnes. Ils gagnent quelques centaines de metres puis redescendent epuises au camp. "Ces allers et venus impliquent le deplacement de materiel. Lorsque les gens redescendent, ils sont epuises et tentent de se delester du maximum", analyse Aurelien Dautrey. Et sur leur chemin, ils ne rencontrent pas de poubelles !
Un systeme d'amendes a ete envisage
Mountain Wilderness a organise en 1990, la premiere expedition de nettoyage baptisee Free K2, revelant l'ampleur des degats et l'urgence de sensibiliser les grimpeurs et les sherpas qui les accompagnent. "L'Everest ne doit pas etre atteint pour faire le malin en societe. C'est avant tout une decouverte de la nature et le moyen de depasser ses limites", explique Aurelien Dautrey. "Les effets de mode nuisent beaucoup a certains passages qui sont satures de touristes".
En 2008, l'Expedition Eco Everest - organise par l'International Centre for integrated Mountain Development - a permis de redescendre 75 kilos de dechets hygieniques, des morceaux d'helicopteres ecrases et le corps d'un disparu. Un guide du grimpeur ecologique a ete teste et distribue aux sherpas qui participent aux cordees.
"Les sherpas sont de bons interlocuteurs pour sensibiliser les grimpeurs. Ils sont plus propres que les grimpeurs et souvent a l'origine de la recuperation des dechets", commente Aurelien Dautrey. Un systeme d'amendes a ete envisage pour limiter l'abandon des dechets. Les sacs seraient ainsi peses au depart puis au retour et le poids des dechets estime avant le depart. "Ceux qui ne reviendraient pas avec une certaine masse de dechets paieraient une amende", explique Aurelien Dautrey.
En charge de la protection de la zone, le gouvernement chinois etudie la mise en oeuvre de l'amende. Dissuasive, elle financerait le nettoyage des zones les plus touchees de l'Everest.