31 juillet 1451 : Arrestation de Jacques CoeurLe 31 juillet 1451, le financier Jacques Coeur est arrêté sur ordre du roi de France Charles VII. Il est accusé d'avoir empoisonné la maîtresse du roi, Agnès Sorel, et plus sérieusement, d'avoir usé de sa position au gouvernement pour s'enrichir indûment.
Jacques Coeur ( 1395 - 25 novembre 1456)
Fils d'un riche marchand de peaux, Jacques Coeur manque de mal tourner en appliquant son génie de la finance à une affaire de faux-monnayage. Cette erreur de jeunesse pardonnée, il rend des services au roi Charles VII, réfugié à Bourges pendant la terrible guerre qui l'affronte à son rival anglais. À l'image des grands hommes d'affaires italiens de son époque, Jacques Coeur commerce avec le Levant et se rend lui-même en Syrie.
Sa fortune et son talent lui valent d'être nommé par Charles VII maître des monnaies puis argentier, enfin d'entrer au Conseil du roi. Il contribue au redressement du pays et de la monarchie après l'éviction des Anglais. Mais sa puissance, sa richesse et son orgueil suscitent des jalousies à la cour. Il se tire d'affaire tant qu'il bénéficie de la protection de la maîtresse du roi, la douce Agnès Sorel.
Lorsque meurt celle-ci, voilà que le marchand est accusé de l'avoir empoisonnée ! Il passe en jugement et ses malversations sont étalées au grand jour (comme tout grand ministre de la monarchie, il use en effet de son pouvoir pour accroître sa richesse personnelle). Après trois ans de forteresse, il trouve refuge auprès du pape. Il meurt à Chio le 25 novembre 1456 à la tête d'une croisade contre les Turcs lancée par le pape Calixte III. Il a été réhabilité par le fils de l'ingrat Charles VII, le roi Louis XI.
Jacques Coeur a repris à son compte la devise de la seigneurie de Saint-Fargeau : «A vaillans [cuers], riens impossible» («À coeur vaillant, rien d'impossible») lorsqu'il a été anobli en 1440.
Agnès Sorel (1422 - 1450) La Dame de BeautéEnclin à la tristesse, le roi
Charles VII, justement surnommé le Bien Servi, a bénéficié dans sa jeunesse de l'aide de
Jeanne d'Arc. Quinze ans plus tard, dans sa maturité, il a trouvé le réconfort dans les bras d'une autre jeune fille, de vingt ans plus jeune que lui, Agnès Sorel.
Née près de Tours, à Fromenteau, vers 1422,
Agnès devient à 17 ans fille d'honneur d'Isabelle de Lorraine, épouse de
René d'Anjou. Belle et au demeurant peu farouche, comme l'attestent ses portraits par le célèbre peintre Jean Fouquet, elle passe au service de la reine Marie d'Anjou et cède aux avances de Charles VII (40 ans) en 1444.
Touchante Vierge à l'enfantLe portrait ci-dessous représente Agnès Sorel le sein découvert, en Vierge à l'enfant.Agnès Sorel en Vierge à l'enfant (huile sur bois de Jean Fouquet, vers 1450, diptyque de Melun, musée des Beaux-Arts d'Anvers)La première maîtresse royaleAgnès Sorel prend très vite rang de première dame du royaume devant la reine et tient pour la première fois en France le rôle officiel de maîtresse royale. Sûre de ses charmes, elle se maquille avec art, se couvre de bijoux et se pare de vêtements plus beaux que n'en a la reine elle-même. Elle n'hésite pas à choquer la Cour en mettant en avant ses avantages dans des robes « aux ouvertures de par-devant par lesquelles on voit les tétons » (d'après le chancelier Jean Jouvenel).
Soucieuse de son rang, Agnès Sorel s'entoure d'amis influents comme le marchand et financier Jacques Coeur et le sénéchal de Normandie Pierre de Brézé. Agnès se montre au demeurant de bon conseil auprès du roi et l'encourage en particulier dans la lutte contre les Anglais.
Charles VII l'honore en lui accordant de somptueux cadeaux. Outre des bijoux, elle reçoit le domaine de Loches, sur les bords de l'Indre, puis le château de Beauté-sur-Marne (sur la commune actuelle de Nogent-sur-Marne), ce qui, dit-on, lui permit de la complimenter en lui disant : « Vous êtes deux fois ma Dame de Beauté ».
Si le château de Beauté est aujourd'hui disparu, il n'en va pas de même de la cité de Loches, qui conserve avec fierté le souvenir d'Agnès dans le logis royal. Le donjon voisin, massif et sombre, a été transformé en prison d'Etat par Louis XI, fils de Charles VII et l'est demeuré jusqu'en 1926.
Le Dauphin, qui est du même âge que la favorite, figure parmi ses opposants les plus déterminés. Impatient de monter sur le trône, il la jalouse tout autant qu'il appréhende la naissance d'un frère cadet, Charles, susceptible de lui voler la place.
Un jour de 1446, n'y tenant plus, il sort son épée du fourreau et poursuit Agnès Sorel jusque dans la chambre royale. Cela lui vaut d'être exilé par Charles VII dans son apanage du Dauphiné. C'est le début d'un affrontement haineux entre le père et le fils qui ne cessera qu'avec la mort du premier.
Fatale grossesseEn sept ans, Agnès Sorel donne trois filles à Charles VII. Elles sont légitimées sous le nom de Valois et les deux survivantes seront plus tard mariées à de grands seigneurs dont le fils de Pierre de Brézé (leur fils épousera lui-même Diane de Poitiers, qui deviendra la maîtresse d'Henri II).
Une quatrième grossesse est fatale à la jeune femme. Elle meurt le 9 février 1450 sur la route de l'abbaye de Jumièges (Normandie), en allant rejoindre le roi à la guerre, alors qu'elle est sur le point d'accoucher, soit qu'elle veuille prévenir le souverain d'un complot contre sa vie, soit qu'elle veuille éloigner de son amant une rivale, sa propre cousine et dame de compagnie Antoinette de Maignelais.
Le bruit court qu'elle aurait été empoisonnée mais rien n'est jamais venu le confirmer. Les analyses pratiquées en 2005 sur sa dépouille ont révélé des traces de substances toxiques (mercure) sans qu'il soit possible d'affirmer si elles étaient d'origine criminelle ou dues aux remèdes qui lui ont été administrés... Elle souffrait en effet d'une infection parasitaire que l'on traitait alors couramment au mercure. Ce produit, mortel à haute dose, était également utilisé pour soulager les femmes enceintes.
Charles VII, désespéré par la mort de sa maîtresse, fait inhumer son coeur dans un mausolée au coeur de l'abbaye de Jumièges, aujourd'hui disparu, et son corps dans la collégiale Saint-Ours, à Loches. Profané à la Révolution, son tombeau a retrouvé en 2005 sa place dans une nef latérale de cette belle église romane.
Charles VII de Valois (1403 - 1461) Le Bien Servi ou le VictorieuxAucun roi de France n'est plus surprenant que celui-ci. Né d'un roi fou et d'une reine à la réputation légère, Isabeau de Bavière, il est dans sa jeunesse déshérité par ses parents au profit d'un prétendant anglais.
C'est qu'on est au coeur d'un conflit entre la dynastie des Valois qui règne sur la France et la dynastie de Lancastre qui règne sur l'Angleterre et revendique la couronne de France.
*Charles VII vers 1450, par Jean Fouquet (musée du Louvre)Dépressif et prêt à renoncer, Charles VII est prêt à renoncer à ses droits quand survient une bergère, Jeanne d'Arc. Celle-ci lui rend confiance par quelques actions d'éclat.
Exit Jeanne d'Arc.Charles VII reprend foi en lui-même et vole dès lors de succès en succès, servi par des conseillers efficaces et... une autre femme dont il fait la première maîtresse officielle d'un roi de France,
Agnès Sorel, d'où son surnom : le Bien Servi.
Ses conseillers ont nom Richemont, Jouvenel des Ursins, les frères Bureau,
Jacques Coeur...
Souvent mal récompensés par leur souverain, ils vont rendre à la France sa place au coeur de l'Europe occidentale, engager sa modernisation administrative et chasser les Anglais pour de bon, mettant fin pour de bon à la guerre de Cent Ans.
La France de Charles VII et Jeanne d'ArcLa France de Charles VII et Jeanne d'Arc (1429)À la mort de Charles VI le Fou, en 1422, la France est une mosaïque de territoires, les uns soumis aux Anglais, les autres aux Bourguignons, les derniers enfin au Dauphin, futur Charles VII. Sans compter les provinces périphériques, aujourd'hui françaises, qui sont encore terres d'Empire (Lorraine, Provence...).
Noter à l'est de la Lorraine l'enclave de Vaucouleurs et Domrémy, dont le seigneur fait allégeance au Dauphin. De cette terre lointaine va surgir Jeanne d'Arc...
* couronne qui aurait dû revenir à Edouard III dernier héritier direct de la couronne de France (Fils d'Isabelle de France , fille de Philippe IV le Bel , mariée à Edouard II roi d'Angleterre ) à la mort de son oncle Charles IV en 1328 , dernier fils de Philippe IV le Bel lequel était le grand-père de Edouard III . La couronne , par un tour de passe-passe et en remettant en vigueur la vieille Loi Salique , fût remise à Philippe VI premier de la lignée des Valois , et neveu de Philippe IV le Bel . Son père était Charles de Valois , frère de Philippe IV..